Feel so much better than usual. I feel indisputable, oh but now I'm feeling so beautiful. Don’t wake me up from this spell I’m under if I'm still breathing. I know that I will be ugly when I feel like myself again, oh but now I'm feeling so beautiful. drunk - the living tombstone
hella drunk« Qu’est-ce que je fous là? » Tu soupires, un soupir presque à fendre l’âme, un soupir d’une femme alcoolisée, t’en es bien consciente alors que tu laisses ton bras retombé contre tes yeux et que tu essayes de faire sens de ta position, que tu essayes de te souvenir comment tu en es arrivée là. Parce que tu es sûre, tu es persuadée qu’il y a un chemin logique à la position dans laquelle tu es à l’heure actuelle. Tu ne t’es pas téléportée par magie ici, ce n’est pas possible. Les lois de la technologie sont de plus en plus étendues et de plus en plus grandes, mais pas au point de te permettre de te téléporter de la sorte sans que tu perdes un maximum de ton corps. Alors, tu sais, intimement qu’il y a une raison à ta posture. Qu’il y a une raison valable à ce que tu sois là, au bord d’une des grandes veines du Nexus semblable à de grands fleuves, allongée sur un banc, portant une robe fluide noire avec un dos nu et un voile tout aussi fluide le long de tes jambes, pieds nus, talons laissés au sol, ta veste de costume par terre sur ton sac à bandoulière, à côté d’une bouteille de whisky que tu as probablement dû entamer et une autre pleine, pas encore ouverte. Il doit y avoir une raison à tout ça parce que tu sais, intimement, que tu n’as pas pu arriver là sans qu’il y ait un élément déclencheur, quel qu’il soit. Tu sais que tu es portée sur la bouteille, que tu aimes en abuser, mais pas au point de te retrouver là sans aucune conscience, sans aucun état d’âme. Tu aurais très bien pu rentrer chez toi, demander à Sable de te faire livrer une cargaison de bouteilles et te perdre dans l’ivresse au bord de ta piscine. Mais non. Tu étais là, à fixer les flycars qui volaient au-dessus de toi comme si c’était un panorama fascinant. Au fond, ça l’était, mais là n’était pas la question.
Tu fermas les yeux, grognant légèrement, essayant de te concentrer pour que tes souvenirs reviennent peu à peu dans ta mémoire. Tu te souvenais d’être allée au bureau, d’avoir bossé une bonne partie de la journée et d’avoir rencontré de nouveaux investisseurs et de nouveaux fournisseurs. Tu avais eu une conf call avec tes équipes sur Kadara et sur Neo-Palaven pour pouvoir entamer une nouvelle direction de marketing pour la nouvelle série de viseurs que vous alliez mettre en vente d’ici peu, avec un modèle pour le grand public et un modèle pour les acheteurs privés que vous aviez, notamment dans le domaine militaire. Tu avais eu un conf call avec un diplomate du gouvernement Turien, par ailleurs, pour lancer une entreprise de production de modèles spécialement designer pour la race turienne. Un excellent conf call si tu t’en souvenais bien, avec un contrat qui pourrait très bien s’éterniser sur le long terme et des fonds débloqués plus qu’intéressants, pour toi comme pour ta boîte, et pour eux au vu du matériel que vous alliez fournir. Enfin, peu importe, là n’était certainement pas la question. On rembobine, à nouveau. Tu avais déjeuner dans ton bureau avant ces dits conf call, et tu avais dîner avec … Avec qui ? « Souviens-toi, Phoebs, souviens-toi. » Tu soufflais en massant tes tempes de ta main, avec la douceur propre à celle qui sait que ses os sont aussi fragile que du verre, littéralement. Illumination soudaine. Tu avais dîné avec Massyas, ton chef de la cybersécurité de ta boîte, vous aviez de nouveaux programmes de sécurité à discuter pour les salons virtuels et d’autres sujets que tu savais plus personnels. Et là. Là, tu te souvins comment tu en étais arrivé là. Il t’avait parlé de Nirvana et tu avais commencé à ouvrir les bouteilles, dans ton bureau. Quand il est parti, tu n’étais pas ivre, mais tu n’étais pas particulièrement fraîche pour autant, tu t’en souvenais. Tu soupires, à nouveau, en constatant que c’est encore la même personne et les nouvelles de cette dernière qui t’ont mises dans cet état. C’est pathétique. Mais passons, tu continues à rembobiner, parce qu’il est quand même 3h du matin, et qu’il s’est passé quand même près de six heures depuis le dîner avec Massyas. Tu te souviens d’avoir quitté ton bureau à 21h30, à bord d’une flycar, pour retrouver une ancienne collaboratrice dans un bar. Tu te souviens d’avoir bu, tu te souviens d’avoir quitté le bar pour rejoindre le Nine Lives, et c’est peut-être là que ça a commencé à dégénérer. Tu te souviens plus de grand-chose si ce n’est l’alcool ingurgité, et… Un message que tu as envoyé, ivre, désespérée, triste, encore une fois. Comme toujours quand tes souvenirs te ramènent à elle, puis à cet enfant que tu n’as pas eu, et ta main qui se pose naturellement sur ton ventre comme pour te le rappeler. Tu ravales tes larmes. Non, tu vas pas être cette nana qui chiale dehors sur un banc à trois heures du matin. Tu lui as laissé un message vocal, que tu n’oses même pas réécouter, parce que tu sais que ça doit avoir l’air pathétique. Tu soupires, à nouveau, avant de reprendre le rembobinage. Tu as donc laissé ce message avant de quitter le Nine Lives, il y a… 2h. Ouais, c’était il y a deux heures. Tu rembobines à nouveau, tu creuses dans ta mémoire, tu zieutes ton omnitool pour trouver ton traçage GPS. Tu étais chez quelqu’un, visiblement, dans le quartier ouest de la zone résidentielle. Ah oui ! Tu te souviens, c’est bon, les points se connectent, les ponts se font. Tu avais fini par draguer quelqu’un, après ce message, une jeune demoiselle, une turienne, avec qui tu as couché chez elle après avoir quitté le Nine Lives. Et tu as quitté son appartement juste après. Tu continues de zieuter ton GPS. Tu es passé par un magasin pour acheter de l’alcool, potentiellement des cigarettes, et après… Tu as vagabondé, et tu t’es retrouvé ici il y a une heure. Et à constater par le mal de crâne qui ne tape pas encore sur tes tempes, tu as dû dormir un peu, d’où ta position couchée sur le banc. C’est ridicule. Et puis tu repenses un peu à ce message. Non, finalement, non, tu ne veux pas penser à ô combien tu es ridicule. Mais tu observes ton omnitool, espérant que tu n’as pas fait d’autres boulettes. Et… Si, si, bien sûr que si que tu en as fait une autre. Tu lui as dit où tu étais. Quelle idiote. Tu grognes, espérant qu’elle ne vienne pas t’y chercher pour te remettre dans le nez à quel point tu es ridicule à l’heure actuelle. « Je suis l’une des femmes les plus riches de cette foutue station, j’ai une compagnie qui marche comme jamais, et je me morfonds sur une putain d’ex à la con. Qui me manque toujours. Et je suis bourrée. » Tu soupires, la voix chancelante parce que tu es toujours ivre, et que tes pensées ne sont pas au bon endroit, comme toujours. Tu lui en veux tellement, mais en même temps, tu l’as aimé si fort. Et ton ivresse fait que tout ça se mélange, et que tu te retrouves comme au second jour de la rupture, à vouloir pleurer toutes les larmes de ton corps et la détruire en même temps. Alors tu choppes la bouteille, tu prends une rasade supplémentaire pour taire tes pensées, et tu t’allumes une cigarette après avoir reposée la bouteille à côté de toi, au sol tandis que tu restes couchée sur le dos, sur le banc, les jambes repliées, à observer les flycars qui passent, et à prier pour que dans une heure ou deux, tu sois prête à rentrer. De toute façon, tu n’auras pas le choix. Quand tu n’auras plus d’alcool ici, il faudra que tu rentres.
code par orion
Dernière édition par Phoebe Sandbridge le Lun 23 Nov - 4:04, édité 1 fois
Posté le Mar 10 Nov - 2:51
Nirvana Jones
Here's to simply being happily drunk.
Profession : PDG de Vibrations, une firme naissante de sex toys. Habitation : Méridiane.
Doing my best at loving hating you
Leaving to find my soul, told her I had to go. And I know it ain't pretty when our hearts get broke
◊ ◊ ◊
Quarante-huit, quarante-neuf, cinquante, une petite pause. Elle n'a jamais été du genre à faire du bruit Nirvana, pas du genre à faire du zèle. Elle serre les dents, souffre en silence. C'est comme ça qu'on l'a formée, comme ça qu'elle a fini par être respectée. On ne montre pas de faille, jamais. Elle souffle, reprend. Son Omnitool lui signale l'arrivée d'un nouveau message vocal, elle attend de terminer sa série avant de le lire. Merde, qui ça peut être ? Elle a appelé ses parents il y a quelques heures à peine et personne d'autre ne l'aime, à part peut-être un peu Safia mais comme elle vit en face ce serait un peu con de lui envoyer un message vocal. Ça lui fait froncer les sourcils, elle se demande sérieusement qui cherche à la joindre aussi tard. Ça la torture tellement qu'elle pense même à arrêter ses tractions pour l'écouter. Elle ne le fait pas, elle ne demande pas non plus à l'IA de le lire. Tant pis, cette personne attendra. Si ça se trouve, c'est pour le boulot. Ana jure en y pensant, elle a parfois l'impression d'être l'actrice principale d'une comédie qui ne fait rire personne. Ce n'est pas elle tout ça, c'est pour ça qu'elle s'acharne si tard à meurtrir son corps. Parce que ça, ça la rend vivante. Ça, ça lui donne l'impression de ne pas avoir tout gâché. Ça, ça lui permet aussi de passer ses nerfs sur autre chose que les habitants de Kadara.
- Et cent.
Elle se laisse tomber, les muscles sont terriblement douloureux, les phalanges craquent. Nirvana s'étire, fait les cent pas. À croire qu'elle sait que quelque chose ne lui plaira pas dans ce message pour trainer autant. Finalement, après s'être essuyée le front, elle pianote une seconde ou deux sur l'appareil et tend l'oreille. Il y a un moment de silence, elle entend ce qui ressemble à une bouteille qu'on ouvre, elle sait qu'il s'agit d'un message de Phoebe. Elle a reconnu sa respiration, elle l'écoutait avant pour s'endormir. Elle attend, elle se prépare à recevoir la vague de haine, rien ne vient. Quelques "tu me manques" sont murmurés, des "je te déteste, mais tu me manques" plus particulièrement. Ana sourit tristement. Elle lui a fait du mal, tant de mal. Le message se poursuit sur une invitation à la rejoindre sur le Nexus et à oublier toute cette sombre histoire, au moins pour un moment. En tout cas c'est ce qu'elle comprend dans les mots avinés de la jeune femme. L'ancienne Spectre marche jusqu'à sa salle de bains en écoutant la suite, tout est assez brouillon, l'attention de la femme d'affaires volatile. Elle ne va pas bien et c'est de sa faute. Ana jure. Bien sûr qu'elle pourrait la laisser là-bas, bien sûr qu'elle en serait capable.
- Fais chier.
Mais elle ne le fera pas. Phoebe ne le mérite pas. Elle mérite mieux, tellement mieux qu'elle. C'était déjà le cas avant, souvent elle se dit qu'elle lui a rendu service en la plantant à leur mariage. C'était brutal c'est vrai, pas très classe non plus, mais c'était net. Une coupure nette, plus de place aux sentiments amoureux à travers la haine. Qui c'est ce qui serait arrivé si elles s'étaient mariées ? Rien de bon, à coup sûr. Nirvana a l'habitude de détruire tout ce qu'elle touche et Phoebe... Phoebe est une ravissante poupée de verre.
- Mordicus ? Tu me reçois ? - Hein quoi non je ne dormais pas pardon, oui ? - Bien, on décolle dans vingt minutes.
Elle coupe le contact à ce moment là et se dirige vers son dressing. Une veste en cuir, ses boots et un jean, ça fera parfaitement l'affaire. Elle sent encore la sueur et la peine, Phoebe a l'habitude.
***
- Ça oui, t'es sacrément bourrée.
Ses talons claquent sur le sol immaculé du Nexus, elle est là. Elle est éblouissante, complètement saoule et en très mauvaise posture. Non finalement, elle ne lui a pas rendu service en la plaquant comme ça. Bien sûr, elle ne saurait s'attribuer tout le mérite de son état, mais elle sait. Elle sait qu'elle a frappé fort et là où ça fait mal, comme à chaque fois.
- Très jolie robe et très bonne bouteille, tes goûts n'ont pas changés.
Nirvana s'arrête à quelques mètres d'elle, suffisamment près pour être capable de la retenir si jamais elle s'aventurait à se lever et suffisamment loin pour ne pas se prendre la vague de haine de plein fouet. Cette fois, elle est presque certaine qu'elle ne manquera pas d'arriver. Son flegme est presque une insulte à lui tout seul mais son regard n'est pas moqueur. Il n'est pas plein de pitié non plus, elle sait que ça lui ferait trop mal.
- Si tu le permets, je serais ravie de raccompagner chez elle l'une des femmes les plus riches de cette station. Qui a d'ailleurs une compagnie qui marche comme jamais. Tu vas prendre froid et tu risques de tomber, biturée comme t'es.
C'est un peu brutal, c'est Ana. Pas de répit pour les braves, même après tout ce temps sans une confrontation aussi sincère.
(c) oxymort
Posté le Mar 10 Nov - 9:36
Phoebe Sandbridge
Here's to simply being happily drunk.
Profession : CEO de SandVision, femme d'affaire aux griffes d'argent et aux os de verre Habitation : Sur le Nexus.
Feel so much better than usual. I feel indisputable, oh but now I'm feeling so beautiful. Don’t wake me up from this spell I’m under if I'm still breathing. I know that I will be ugly when I feel like myself again, oh but now I'm feeling so beautiful. drunk - the living tombstone
hella drunk Il y a des jours, comme tout autre, où tu te demandes simplement comment tu as pu en arriver là, comment tu as réussie l’exploit de devenir une alcoolique quand bien même tu refuses de l’admettre publiquement. Tu refuses de l’accepter pour ne pas donner raison à tous ses magazines qui publient des photos de toi parfois chancelante au bras d’une énième personne au visage que personne ne retiendra, bouteille à la main, sourire aux lèvres. Tu ne l’admets pas pour ne pas donner raison à ton avocate qui démarque chez toi et que tu es déjà à ton troisième ou quatrième verre alors que tu travailles. En réalité, tu aimes à penser que l’alcool est devenu l’espèce d’huile que tu mets dans ton moteur pour que toutes tes idées fourmillent et deviennent concrètes, ce qui permet à ta boîte de toujours marcher. Seulement, tu peux jouer à la bécasse et l’idiote comme tu veux, tu sais que ce n’est pas vrai, tu sais que c’est un profond mensonge, tu sais que c’est simplement un déni parce que ta vie est juste pourrie. Enfin, non, pas totalement. Après tout, tu ne manques de rien, ta boîte fonctionne à merveille, comme ton agenda pourrait le notifier, et pourtant… Pourtant, ton karma pour tout le reste est pourri. Tes amies ont finies par disparaître peu à peu, épuisées de devoir supporter tes sauts d’humeur ou ton comportement passif-agressif, ta franchise sans bornes qui finit par leur péter les rotules, et au fond, tu peux même pas les blâmer. Il te reste des amies, tu aimes à y penser, et parfois tu te demandes juste pourquoi ces personnes là restent, pourquoi elles s’accrochent à la loque humaine que tu es soudainement en train de devenir sans t’en rendre compte. Tu sais qu’elles ont raisons de te sermonner, de te dire de lever le pied sur la bouteille. Mais l’alcool est simplement devenu ton meilleur ami depuis ce mariage foireux qui eu tôt fait de flinguer ce qu’il te restait d’avenir amoureux. Le mariage, la fausse couche, toutes ses choses que tu pensais être faites pour tout le monde mais qui, pour toi là encore, ne le sont pas pour toi, qui sont simplement devenues des choses inaccessibles, et tu as presque fini par l’accepter, en te plongeant tête la première dans la bouteille. C’est tellement con, tu es tellement conne que ça pourrait presque devenir hilarant finalement, à quel point ta vie privée s’est métamorphosée en un mélange affable et méphitique d’enchaînements de situations toutes aussi pourries les unes que les autres. T’aimerais bien t’en sortir, mais après tant d’années, tu ne sais même pas si ce serait possible sans que tu flingues ta carrière. Et au fond, t’as plus que ça. Tu n’as plus que ta carrière pour tenir, et c’est peut-être ça le plus triste.
« Qu’est-ce que tu me veux toi ? Ah, dégage de là ! » Tu lances à un passant qui s’est malheureusement arrêté près de toi, probablement de ses insomniaques qui déambulent dans la station parce qu’ils n’ont rien d’autres à faire. Tu t’en fiches, tu veux qu’il parte. Et c’est ce qu’il fait, tu le vois, après avoir pris une petite photo de toi. Super. Tu n’auras plus qu’à expliquer à Azuka pourquoi tu étais au Nuagium à cette heure-ci, complètement ivre et criant sur des passants qui n’avaient rien demandés. Elle va adorer cette nouvelle alternative de ta personne que tu lui proposes. Et quand elle saura les raisons de tout ce merdier, elle sera d’autant plus contente. Décidément… Tu te dis qu’elle aussi elle devrait être fatiguée de la merde que tu trimballes depuis ce temps-là, qu’elle devrait pas perdre son temps avec la pauvre femme que tu es devenue. La pauvre femme que le père n’ose même plus regarder dans les yeux. Tu l’as vu, la dernière fois que vous vous êtes vu, t’étais sobre pourtant, mais il était incapable de te regarder dans les yeux, préférant observer un point derrière ton épaule, ou ailleurs. C’était blessant. Mais après tout, c’est ton père. Il est con. Tu te dis que c’est peut-être de famille finalement, que c’est quelque chose de génétique. Puis y’a ton frère. Oh non, tu vas pas penser à ton frère, tu vas avoir envie de pleurer et détruire cette bouteille à tes côtés et tu te dis que c’est vraiment pas la meilleure idée ce soir, non pas que tu aies eu des idées brillantes depuis que tu as quitté ton bureau. Non, à part cette sauterie avec la turienne, tu doutes d’avoir été particulièrement brillante sur le reste de ton parcours nocturne. Tu fermes encore les yeux, tu ravales les larmes, encore, et tu tires une longue taffe sur ta cigarette après avoir repris une rasade d’alcool. Tu veux faire taire tes pensées, ton cerveau qui tourne trop vite et qui te donne l’impression que tu as l’alcool triste, et que dans l’instant, tu pourrais tout aussi bien fondre en larmes pour une boîte de chocolat, ça aurait la même saveur. La saveur de l’ennui, de la tristesse, de tout ce que tu camoufles depuis des années parce que les spotlights étaient sur toi et que même à ton mariage, t’avait pas le droit à l’échec. On t’a affublé d’un rôle le jour où tu as donné naissance à ta compagnie, et depuis, tu n’as de cesse que de continuer de marcher dedans, de lire des lignes de script comme s’il n’y avait rien d’autre. Plus de place à la chance, tout n’est que calcul et ordre, géométrie et symétrie des axes de ta vie, sur du papier dument millimétré. Foutu vie de merde, que tu as envie de dire, mais tu n’en fais rien. Non, tu soupires juste, encore, alors que tes doigts se resserrent très légèrement sur le cône de ta cigarette.
Puis, tu sursautes, en entendant cette voix que tu as l’impression de ne pas avoir entendu depuis des lustres, des millénaires même, et tu fermes les yeux, priant pour que ce soit une putain d’hallucination de drogues que tu n’aurais pas pris ce soir. Tu te dis que ton karma ne peut pas être si pourri, qu’elle ne peut pas s’être pointée pour retourner le couteau dans une plaie que tu pensais soignée. Mais non, Phoebe, quand tu soignes pas une plaie, elle ne se cicatrise pas par magie, que tu t’entends dire dans ta tête avant que tu ne lèves ta main pour que tes yeux trouvent les siens. « Putain de merde, j’ai vraiment envoyé ce message. » Tu soupires. Dans un coin de ton crâne, tu pensais encore à l’hypothèse d’avoir rêvé, de ne pas avoir envoyé ce stupide message vocal, mais non, non non non, tu l’as bien envoyé. Et te voilà, ridicule en diable, en robe de soirée et talons aiguillées, bourrée comme si ta vie en dépendait, et le regard dans le vide. « Et il a fallu que tu viennes. » Ta voix se brise légèrement et tu détournes le regard parce que tu sais que les larmes ne sont rarement bien loin quand tu mentionnes Nirvana, ou quand elle se pointe, aussi, visiblement. Enième preuve que ta plaie n’est pas complètement refermée, mais tu sais que l’alcool joue beaucoup à tout ce que tu ressens. Ce manque, cette tristesse, cette peur, toute cette merde qui se cumule comme un château de cartes dans ta tête et que tu aimerais bien pouvoir démolir d’un coup de poing sans réussir à le faire. Bah non, tu peux pas, parce que t’es pas foutu de regarder la vérité en face et d’admettre que tu as un problème et que tu devrais faire une foutue thérapie. Une putain de thérapie, c’est ça dont tu as besoin, tu le sais mais ô dieux que tu refuses de l’admettre et de te plonger à corps et à cri dans quelque chose qui ferait trop mal sur le moment. T’as pas la clairvoyance qui faut pour voir l’après tout ce merdier, tout ce qui te ferait dire « okay, je vais mieux, j’ai bien fait ». Non, finalement, peut-être que tu te complais dans toute la merde que tu as vécu, sur ces pertes dont tu es incapable de faire véritablement le deuil et qui se réveille quand l’ivresse t’adresse ses plus sincères compliments. Compliment que tu entends sortir de la bouche de ton ex, et tu fronces légèrement les sourcils. Tu as envie de te redresser pour lui adresser le fond de ta pensée, mais ta tête est lourde et tu n’as pas le courage de te battre avec la lourdeur de ton corps. Chose amusante considérant tes os de verre, le verre n’est pourtant pas si lourd et pourtant, tout te semble peser une tonne, c’est… Un enfer. En guise de début de réponse, tu attrapes à nouveau la bouteille pour en prendre une rasade, la gardant au dessus de ta tête pour constater que son contenu se vide déjà bien trop vite à ton goût. Quel dommage. Mais quel plaisir, tu en as une deuxième. « Ouais alors on sait ce qu’ils ont donnés mes goûts, alors je suis pas sûre que ce soit bon de les relever là maintenant. » Ton goût pour les femmes incapable de s’engager, ton goût pour les hommes qui finissent par te plaquer parce que six mois à l’hôpital c’est long, ton goût pour la bouteille qui ne cesse d’être bue, ton goût pour les cigarettes amères, ton goût pour.. Tout, en fait. Y’a pas grand-chose qui va finalement. Quelle merde. En parlant de cigarettes, tu finis par écraser celle que tu viens de finir sur le cendrier intégré au banc – une bonne invention, ça, tu décides – avant d’attraper ton paquet et d’en rallumer une sans aucun ménagement. Tu as déjà flingué ton foie, autant flingué tes poumons au passage, t’en finiras plus vite à ce rythme. Peut-être qu’on te donnera une sépulture décente avec une épitaphe originale. Pwah, penses-tu, comme si tu en avais quelque chose à foutre, au fond, non. Non, tu essayes juste de dériver ton esprit de Nirvana qui est plantée là, qui te regarde te foutre en l’air de la plus belle des manières sur le long terme – parce que oui, c’est devenu un plan de vie, plan de carrière, un business plan sur le long terme et qui jusqu’ici fonctionne bien. Tu veux pas penser à elle, au trou béant qu’elle a laissé, qui s’est creusé avec la mort de ton enfant, avec cette vie privée de merde que tu t’es construite et que tu peines à stabiliser parce que le goût du risque est toujours là. T’as plus envie de prendre de risques mais en même temps, tu y es irrémédiablement attiré. T’es juste dans la merde finalement. Tu esquisses un petit rire aux paroles de la blonde, c’est ridicule, et tu prends une bouffée de ta cigarette, comme si elle était ton sanctuaire et que tu pouvais en aspirer l’énergie. « Désolée, t’es venue pour rien, j’ai pas envie de rentrer. » Tu sais que l’excuses n’a rien d’une excuse si ce n’est la forme, accompagné de ton cynisme habituel. Pathétique, que tu l’entendrais presque dire. Parce que c’est ce à quoi tu ressembles là. Rien de plus. Tu fermes les yeux, pour quelques secondes, repliant un peu plus tes jambes et croisant tes chevilles, lui laissant inconsciemment de la place sur le banc, avant de rouvrir tes paupières pour observer l’autre rive. Tu n’as pas envie de rentrer dans ta tour d’ivoire et de constater une énième fois le silence et la solitude de tes locaux. Sauf que si tu as eu la chance de ne croiser presque personne cette nuit, tu sais qu’au petit matin, ce ne sera pas la même et les répercussions ne seront pas les mêmes. Toutefois, tu te redresses, très légèrement, tes yeux se portant sur Nirvana, les sourcils froncés. « Pourquoi t’es venue, Nirvana ? » Tu demandes avant de reprendre une gorgée d’alcool. Encore une, une de plus, encore une. Et une bouffée de ta cigarette, une de plus, et encore une. Tu veux vraiment savoir. Tu sais que sa réponse pourrait te faire mal et te laisser à vouloir pleurer, encore une fois, mais tu veux savoir. Tu as toujours été comme ça, gamine curieuse. Tu le paieras cher un jour, très cher.
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Posté le Sam 21 Nov - 18:01
Nirvana Jones
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Profession : PDG de Vibrations, une firme naissante de sex toys. Habitation : Méridiane.
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Elle ne peut pas s'empêcher de sourire en la voyant réaliser sa connerie, amusée, attendrie, un peu des deux, Nirvana fait de son mieux pour ne pas la regarder comme un objet de curiosité. Ça fait longtemps qu'elle ne l'a pas vu aussi honnête, aussi vulnérable quand elle préfère s'envelopper de toutes sortes d'artifices, de couches de protection. Ça lui fait plaisir de la retrouver un peu, même si c'est égoïste. Même si elle sait qu'elle ne mérite pas ces moments avec elle.
- Bien sûr. Toujours là pour secourir les demoiselles en détresse.
Elle se dit qu'elle va vraiment finir par se prendre un truc dans la gueule à force de jouer avec le feu, mais la blonde semble découragée, parfaitement épuisée. Elle n'a plus envie de se battre et à vrai dire, Nirvana ne vient pas pour ça non plus. Phoebe n'a rien d'une demoiselle en détresse, elle le sait bien. Phoebe est simplement parfois un peu dépassée par tout ce qu'elle a dû encaisser, peut-être qu'elle veut oublier. Ana peut le comprendre, elle peut sincèrement le comprendre. Elle ne vient pas pour la sauver, elle ne sait pas faire ce genre de choses. Elle ne sait pas se montrer réconfortante, tapoter le dos des gens avec empathie, sourire gentiment. Ce n'est pas elle et ça ne changera jamais. Mais ça lui plaisait, avant. Et c'est elle que la PDG a décidé d'appeler. Ce n'est pas un hasard, ce n'est pas non plus innocent. Ça veut dire quelque chose, ça veut dire que la jeune femme espère toujours un peu au fond d'elle pouvoir compter sur sa personne détraquée. Et c'est suffisamment important pour qu'elle traverse la galaxie au beau milieu de la nuit.
- Je les trouve pas si terribles tes goûts.
Sauf en ce qui concerne cette lente mise à mort qu'elle s'inflige peu à peu. Elle ne boit pas Ana, elle se détruit autrement. Ce n'est pas très différent pourtant, mais si elle accepte le fait qu'elle ne puisse pas vivre sans se réduire à néant de temps en temps, elle le refuse en bloc pour ses proches. Elle ne sait pas vraiment si Phoebe est toujours une de ses proches, mais la voir se faire du mal comme ça ne lui plait pas. Pas du tout. Son visage prend un air plus sévère alors qu'elle l'observe entamer une deuxième bouteille, fumer une cigarette. Elle ignore si la blonde fait ça en toute connaissance de cause ou si son geste reste teinté d'une certaine insouciante, inconscience. Elle ignore si Phoebe souhaite réellement mourir ou si ce n'est qu'une manière de se faire souffrir. Elle finit par lui laisser de la place sur le banc avant d'avoir acté qu'elle ne souhaitait pas rentrer. Bien. S'il fallait la trainer par les cheveux, elle le ferait.
- Tu dois rentrer.
Elle soupire, ah si on lui avait dit qu'elle jouerait les moralisatrices pour Phoebe, elle se serait sûrement bien marrée. Ana se laisse tomber sur le banc et observe un instant le profil de la blonde pendant qu'elle se shoote à la nicotine. Elle pose une question, une question dangereuse. Le genre de question qui appelle à la douceur, à l'affection, à la chaleur. Elle aimerait être en capacité de lui dire qu'elle est là pour elle, parce qu'elle compte, parce qu'elle ne peut pas supporter de la voir se détruire comme ça. Mais elle ne l'est pas. Il y a un fond de vérité dans tout ça, mais il ne vaut mieux pas. Ce serait comme désinfecter une plaie par balle et cracher dedans une fois terminé. Ana cueille délicatement la clope qui pend aux lèvres de Phoebe, en prend une bouffée lentement, l'écrase sur le cendrier.
- Si t'en rallumes une, je te la fais bouffer.
Voilà qui est dit. Elle ne plaisante pas, il n'est pas question qu'elle la laisse boire encore une goutte de plus, inhaler la moindre substance supplémentaire.
- Et lâche cette putain de bouteille.
Son regard clair la fixe sans fléchir, elle sait très bien qu'elle risque de se confronter à un mur mais elle sait aussi qu'elle ne laisse que rarement les gens qu'elle a aimé se foutre en l'air.
- Je suis venue parce que tu as appelé, Phoebs.
Et parce qu'elle viendra toujours, si elle appelle.
(c) oxymort
Posté le Sam 21 Nov - 22:01
Phoebe Sandbridge
Here's to simply being happily drunk.
Profession : CEO de SandVision, femme d'affaire aux griffes d'argent et aux os de verre Habitation : Sur le Nexus.
Pour nos lèvres qui brûlent tu tends la joue, à souiller nos rétines sans faire la moue. Cent fois la mesure avant que tu danses, Plus aucun espoir, cette fois je rentre. blasphème - therapie taxi
hella drunk ça fait mal, ça tape, fort, encore et encore, comme si la douleur n’était finalement jamais partie, comme si la déception était encore là, pas loin. Ça fait mal, en vérité, et tu ne le dis pas, tu ne le souffles pas, tu ne peux te le permettre. Tu ne peux pas dire que tu as encore mal, tu n’as pas le droit à l’échec, tu n’y as jamais eu droit. Tu n’as pas le droit d’avouer que ta faiblesse se trouve encore devant toi, que c’est ce reflet que tu vois dans le miroir, que ton propre ennemi, c’est toi, c’est tes pensées, c’est tes regrets, tout ce que tu as mal fait et que tu camoufles derrière une grande gueule parée d’une verve affinée au fil des années comme le bon et vieux vin que tu bois avec excès. Ils attendent le moment où ton escarpin se brisera et où tu tomberas et que tu ne pourras pas te relever parce que le poids de ta mauvaise vie te tombera sur le dos. Toi-même, quand tu te regardes dans le miroir, tu attends le moment où tu tomberas pour pouvoir donner le coup de pied qui finira par t’achever, par arrêter ton souffle et à rendre l’âme. Peut-être que c’est tout ce qu’il te reste finalement. Et tu as mal. Encore, et encore. Et tu ne peux pas te confesser, tu ne peux pas prêcher ce mal qui continue de tirailler tes tripes parce que tu as un jour affirmé, haut et fort, à quel point tu étais passée à autre chose, à quel point tu étais fière d’avoir surpassé ce mariage flingué à la racine, à quel point tu étais fière de ne plus l’aimer. La vérité, c’est que c’est faux. La réalité, c’est que c’est faux. Tu as jamais fait le deuil, tu as jamais accepté d’être crachée à la tronche comme ça, tu as jamais accepté qu’on puisse te faire aussi mal, qu’on puisse t’affaiblir à la racine de cette manière et que ça fasse aussi mal. Tu as jamais accepté d’avoir mal. Tu as jamais accepté d’être blessée. Tu n’as jamais réussi à accepter qu’elle t’eût fait mal à un niveau que personne d’autre n’avait réussi à atteindre, qu’elle t’avait brisé tellement plus fort que tous les autres parce que tu y avais cru. Tu avais eu de l’espoir, juste une petite bulle d’espoir, juste un rien pour te permettre de respirer, pour ne pas te perdre dans ce travail qui te noyait d’ores et déjà. La réalité, c’est que même aujourd’hui, il y a encore une part de toi-même qui l’aime, qui chéris les souvenirs que vous avez partagés, qui cherche à la retrouver, même pour une nuit, même pour instant. Cette partie-là, tu essayes de la taire, de la museler pour qu’elle n’emplisse pas ton crâne, mais c’est de plus en plus dur alors que tu te tues à petit feu.
Tu entends la voix d’Azuka, celle d’Airi, celle de tous ses gens qui sont autour de toi, qui sont tes amis, des proches, des personnes à qui tu tiens. Tu entends leurs voix qui te soufflent encore et encore à quel point tu fais une erreur, à quel point tu ne devrais pas encore chercher à récupérer ce corps qui n’a, finalement, jamais été tiens et qui ne le sera jamais. Alors, tu tais encore et encore les pensées, le manque. Tu te noies dans la solitude de ton appartement, dans l’alcool trop cher que tu consommes avec excès avec tes médicaments, dans les cigarettes que tu fumes jusqu’à ce que tes poumons brûlent, dans la nourriture que tu dénies par manque d’envie et de temps, dans les draps de satin froid dans lesquels tu t’enveloppes en espérant trouver une chaleur longtemps disparue. Parce qu’il n’y a plus que ça, pour toi : la solitude d’un amour perdu, le froid de l’absence sentimentale, et la fièvre d’orgasmes inexistants. Et tu es là, ivre, encore une fois, une soirée de plus, sur un banc dans une station que tu n’apprécies que parce que tu y trouves ton compte, vulnérable à tel point que tu ne serais pas étonnée que l’on vienne te poignarder à l’instant. Et quand tu y penses, peut-être que ça réglerait pas mal de problèmes. Ton testament est déjà écrit, tu sais déjà à qui revient tout ce que tu as formulé. Mais non, tu es trop fière pour te laisser abattre, tu es trop fière pour laisser quiconque gagner. Et finalement, il n’y a plus que ça : ta fierté, ton ego, et ton besoin de survivre pour prouver aux autres que tu n’es pas cette merde qui s’est fait larguée sur le banc de l’autel. Entendre ce songe dire que tu es une demoiselle en détresse, ça t’inspire un rire, jaune, froid, à peine amusé. « Va te faire foutre. Le jour où je serai une demoiselle en détresse est pas arrivé. » Tu soupires, rageuse que tu es, incapable d’accepter que tu l’es. Incapable d’accepter que tu l’es devenue à cet instant, que tu es vulnérable et que tu l’as appelé parce que tu avais besoin d’elle, que tu avais besoin de quelqu’un, que tu ne voulais pas être toute seule, parce que la solitude te terrifie bien plus que tu n’oses l’admettre et que tu l’admettras un jour. Tu ne pourras jamais l’admettre, probablement. Ton égo te l’empêchera toujours, parce qu’il sait très bien que c’est te mettre une balle dans le pied, et que tu n’as pas besoin de ça. Tu n’as jamais eu besoin de ça. Non, tu as besoin d’elle, mais ça aussi, tu vas te garder de l’ouvrir, même si ça te brûle les lèvres, même si ça commence à faire brûler tes paupières que tu fermes de peur que les larmes coulent. Tu peux pas, t’as pas le droit à ça, t’as pas le droit, tu ne dois pas. Alors, comme toujours, tu ravales tes larmes, tu inspires une rasade d’alcool, tu expies la douleur par une autre, par ton foie qui te supplie d’arrêter, par ton corps qui te demande du repos, qui t’implore quelques secondes de répit. Mais tu t’en fiches, tu n’as jamais été obéissante, ce n’était pas aujourd’hui que ça allait commencer. Certainement pas. Alors, tu mues ton corps au silence, encore et encore, et tu n’écoutes que ce que ton cœur te demande, lui, ce que tu as besoin pour effacer la douleur, la peine, le chagrin que tu n’arrives pas à taire, pas quand tu es ivre comme ça. Parce que l’alcool, il fait tout remonté à la surface, il rend tout suffisamment clair pour que ça ne soit pas aussi éthéré et délétère que lorsque la sobriété te frappe. Même les endorphines du seul orgasme gagné cette nuit ne suffisent pas à taire la douleur de ton cœur qui se crispe, qui se tort avec tant de violence. Alors, l’alcool. L’alcool ça fonctionne, ça fonctionne toujours.
L’alcool, c’est devenu un peu ton meilleur ami, ton plus beau compagnon, ton éternel ami dans cette vie que tu enchaînes en essayant de ne pas perdre pied. C’est un style de vie nul, tu le sais. T’es au courant qu’il va finir par te bouffer, qu’il va finir par te mettre à genoux, et pas seulement pour vomir tout ce que tu n’auras certainement pas manger. Et tu esquisses un sourire, à peine perceptible, à la remarque d’Ana, un peu amer, un peu triste, un peu toi, un peu plus toi. « Tu dis seulement ça parce que tu fais partie de mes goûts. » Tu finis par souffler, avant de prendre cette bouteille, cette cigarette, et de les enchaîner parce qu’il n’y a plus que ça qui compte, parce que c’est tout ce qu’il te reste. Tu vois le jugement sur le regard de Nirvana, et tu as soudainement envie de l’envoyer se faire foutre, de lui balancer cette bouteille à la tronche, parce qu’elle a absolument aucun droit de te juger. Elle en a pas le droit. Tu sais très bien ce qu’elle fait de son temps, de comment elle flingue sa propre santé, comment elle se flingue aussi, à la conquête d’une reconnaissance et d’un plaisir sauvage et malsain dans des combats qui martyrisent son corps jusqu’à la corne. Tu lèves les yeux à sa remarque. Non, tu veux pas rentrer, non. Tu n’en as pas envie, tu n’as pas envie de retrouver le froid de ton appartement. Tu préfères encore avoir froid dehors, à pouvoir observer le monde depuis l’état dans lequel tu es. Tu préfères être là, au milieu d’une station que tu connais par cœur, tu préfères être là parce que pendant quelques minutes, quelques heures, tu n’es rien, tu es juste misérable et pathétique comme n’importe qui d’autre. Parce qu’ici, ta douleur n’est pas décuplée par la misère qui décore les murs de ton appartement, par la solitude dans l’écho qui te réponds quand tu passes le seuil de l’ascenseur. Non, tu veux pas rentrer, tu n’en as pas envie. Mais tu ne réponds pas, tu ne dis rien, tu reprends une rasade d’alcool. Tu en reprends une deuxième. Annihiler les pensées qui pullulent dans ton esprit, qui rendent ta concentration aussi factice que si tu étais face à une cible. Tuer tout ce qui n’est pas nécessaire, que tu demandes. Tuer tout ce qui n’est pas indispensable, même si ça veut dire être incapable de marcher, même si ça signifie être incapable de rentrer, finalement, même si ça veut dire finir en couverture du prochain magazine, du prochain article scandaleux qui sortira en page 4. T’es habituée, tu as l’habitude d’avoir des yeux sur toi quand tu es ridicule en diable, quand tu es pathétique comme une tragédie d’un auteur terrien. Et là, ce soir, tu t’en fiches. Parce qu’elle est là, et tu ne devrais pas apprécier qu’elle soit là, mais tu le fais. Tu ne peux pas empêcher de sentir ton cœur qui bat doucement, là, sous ta poitrine, et que tu détestes pour ça. Tu la détestes pour ce qu’elle réussit à faire remonter, comme si elle appuyait sur un bouton pour que tout revienne à la vitesse lumière. Tu aimerais tellement tout taire, tout détruire, tout aspirer dans un trou sans fond, dans un trou noir pour que tout s’arrête, pour que tu puisses la détester, simplement la détester, et pas ressentir ce mélange de sentiments contraires qui te rendent malade. Tu devrais être capable de la détester, et tu as envie de la détester quand elle retire la cigarette de tes lèvres, quand elle te donne des directives alors qu’elle n’en a aucunement le droit. Elle n’en a tellement pas le droit, et ça te rend folle.
Seulement, il te faut quelques secondes pour prendre la mesure de ses actes, de ses paroles, il te faut quelques secondes, mais seulement quelques-unes avant que tu te redresses complètement, que tes pieds touchent le sol froid et que tu sois parfaitement – non – droite et debout sur tes jambes fébriles, tes cheveux blonds en bataille devant tes yeux. Tu as l’air incroyable comme ça, incroyablement pathétique, une bouteille à la main et ta robe à moitié débraillées, les cheveux comme si tu ne les avais pas coiffés ce matin. Tu lui lances un regard, à Ana, ce genre de regard qui n’est rien d’autre qu’une provocation alors que tu prends une gigantesque rasade d’alcool qui fait descendre un bon quart de l’alcool dans la bouteille. « Pour qui tu te prends, Nirvana ? » Tu demandes tandis que ta main retombe le long de ton corps, tes phalanges fermement enroulés autour du col de la bouteille. « Pour qui tu te prends, bordel de merde ? Depuis quand tu penses pouvoir me donner des ordres sur ce que je dois faire ou non ? Tu as cru que t’étais ma mère peut-être ? Ma meuf ? Non, désolée, t’es rien de tout ça, t’as perdu le droit de dire quoi que ce soit sur ce que je fais. » Tu rétorques à nouveau, passablement éméchée et passablement énervée à un niveau presque stratosphérique, même ivre. Tu te penches légèrement, de quoi attraper le paquet de cigarettes qui traîne et tu ne tardes pas plus à t’en rallumer une, gardant tes yeux bleus fixés sur Ana, la défiance dans les iris, la provocation dans ton attitude alors que tu recules légèrement en direction de la balustrade qui donne elle, sur l'eau cristalline qui compose l’espèce de rivière synthétique du quartier. « Alors, qu’est-ce que tu vas faire, Ana ? Me forcer à rentrer chez moi pour que je me bourre la gueule seule du haut de ma tour ? Que je choppe les premiers cachets du dealer que j’ai rencontré et que ça passe avec le vin ? Qu’est-ce que tu vas faire ? » Tu demandes alors que tu t’adosses à la rambarde, le regard défiant, l’attitude qui recèle de cette provocation que tu maîtrises mais qui soudain paraît particulièrement factice alors que tes mouvements se saccadent par l’ivresse, alors que tu tires une nouvelle taffe de cigarette. Ton cerveau rembobine, toujours, et tu exultes un léger rire, encore plus amer que les autres, encore plus triste que les autres alors que tu tires une nouvelle bouffée que tu expies par tes narines, le regard retrouvant celui de celle qui est ton ex, malgré tout le mal que tu as à le dire, à l’avouer, à le confesser. « T’es venu parce que je t’ai appelé ? » Tu répètes, la voix amère, sarcastique, froide, brisée. Parce que c’est ça, finalement. T’es juste brisée, t’as envie de pleurer. Alors tu lâches ton regard, tu lèves les yeux au ciel, tu tires une nouvelle bouffée, tu laisses la fumée remplir tes poumons, brûler les cellules encore vives et saines pour qu’il ne reste rien de plus qu’un cadavre de cellules. « C’est la meilleure ça. » T’as pas envie de te battre, t’es tellement fatiguée, mais tu as l’impression d’être dans un combat constant. Tu as envie de baisser les bras, mais tu peux pas. Tu as mal, ça tape, ça frappe, ça pique, ça brûle tes yeux, ta rétine, ça rend ta gorge soudainement plus conscrite et tu retiens tes larmes, tu les retiens si fort que tu as mal, tes traits te tirent et tu souhaites juste qu’elle parte. « Depuis quand tu viens quand je t’appelle ? T’avais pas eu ta dose de pathétique donc tu t’es dit « oh chouette, Phoebs est ivre et probablement misérable, c’est l’occasion de jubiler un peu » ? Super, Ana, tu peux rentrer chez toi maintenant. » Tu prends une nouvelle bouffée de ta cigarette, fermant les yeux avant d’appuyer ta paume contre tes yeux, essayant de ne pas t’effondrer, priant pour qu’elle parte pour que tu restes seule dans ta misère. T’es juste tellement fatiguée. Tellement épuisée, vidée et tu n’as tellement plus envie de te battre. Pas aujourd’hui. Demain, tu seras prête aux armes, mais pas aujourd’hui, juste, pas aujourd’hui.
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Doing my best at loving hating you ↳ ft. Nirvana Jones (+18)