Un incapable et un fardeau. C’est ainsi que Seth se décrit depuis qu’un nouvel obstacle s’est présenté sur son chemin vers le statut de Spectre. Le rude entraînement de Sylhas a mis ses nerfs et son corps à vif. Chaque matin, il a l’impression de mourir tant ses muscles le tiraillent, lui hurle de mettre fin à la folie qu’il a entrepris. Le gamin l’a désiré, cet entraînement, si fort et si ardemment qu’il n’arrivait à penser à rien d’autre qu’à ce futur mentor qui ne cessait de le repousser. Son héros, son modèle depuis toujours ne voulait pas s’encombrer d’un mort en sursis. Après tout, c’est ce qu’il était sur Kadara, un moins que rien avec un pistolet, tout juste bon à chasser les monstres qui pullulent dans les badlands. Pourtant, Seth n’avait pas regretté un seul instant d’être parti du Nexus. Sam lui manquait, c’était certain, mais pas autant que fouler de ses pieds la terre meuble, de respirer un air qui n’a pas été filtré des centaines de fois, de simplement sentir qu’il existe. Quand son esprit sombre, il s’inquiète d’être déjà mort. La Camarde n’a épargné que sa pauvre âme, probablement sans saveur, pas assez battue, pas assez vivante.
Port-Kadara est un sacré taudis, mais Seth se sent comme un roi ici. Dans son petit studio crasseux qui ne porte d’appartement que le nom et le prix du loyer, le gamin rêve enfin d’un avenir. Alors, quand lui est tombée dessus cette nouvelle affliction, cadeau d’un corps en détresse, l’ancien mercenaire ne s’est pas laissé abattre. Bien au contraire, pour la première fois, il prenait les choses en main, et ça lui plaisait d’être enfin maître de sa personne. Toutefois, un problème s’imposait à lui. Un problème de taille. Il était impératif que Sylhas n’en apprenne rien ou il aurait une excellente raison de mettre fin à son entraînement. Seth ne supporterait pas de voir son rêve voler en éclats, surtout depuis qu’il a retrouvé espoir et qu’il sait être en bonne voie pour atteindre son objectif. Cette maladie lui complique énormément la tâche, bien plus qu’il ne l’imaginait, et au fur et à mesure qu’il attend, il la sent progresser et prendre de l’ampleur au point où il ne pourra bientôt plus la taire au turien. Il arrivera bien un jour où Sylhas comprendra que Seth n’a pas réellement besoin d’autant de pauses pipi.
Lors d’un rapide passage de l’équipage à bord du Nexus, Seth profita d’un moment d’inattention pour s’éclipser. Il savait exactement ce qu’il devait chercher : un médecin, et qui de mieux que celui qui le suivait déjà pour une pathologie toute autre. En y réfléchissant, le gamin n’avait jamais vu le véritable cabinet médical du Docteur Albacus - ou Leo, comme il aime tant l’appeler -, leurs rendez-vous avaient toujours eu lieu sur Eos. C’était une véritable aubaine qu’un spécialiste en maladies rares accepte de rejoindre la planète désertique pour aider quelques malheureux. Malgré son travail, il n’y avait rien à faire pour sa mère et il n’y aura plus rien à faire pour Seth dans quelques années. C’est une course contre la montre qui a débuté à sa naissance et d’aussi loin qu’il se souvienne, Leo a toujours été en charge de son dossier médical. Par conséquent, il connaît bien le turien au caractère plus doux que la peau d’une asari et au tempérament coincé typique de son espèce. Un vrai bonheur pour Seth qui a toujours aimé le charrier, le pousser juste un peu trop loin pour apercevoir le vrai Leonis derrière le balai qu’il a dans le cul.
Le Nexus, c’est cette immense ruche où Seth ne s’est jamais senti à sa place. Aseptisé au possible, sans un défaut ou charme particulier, c’est un cocon pour le moins étouffant. La plateforme grouille de vie, et pourtant, aucune aventure ne se vit entre ces portes automatiques et ces parois immaculées. Le seul endroit qui trouve grâce aux yeux, c’est la ferme hydroponique. Toutes ces plantes, sans lesquelles personne ne pourrait respirer est un phénomène fascinant pour celui qui n’a pas été suffisamment en cours pour comprendre qu’il s’agit simplement d’un processus de photosynthèse. Pour le disciple, ça s’apparenterait presque à de la magie. Puis, les fleurs sentent bons, ça rend son passage un peu plus agréable.
Avec l’aide d’Avina, ses pas le mènent finalement devant le cabinet de Docteur Leo. À sa surprise, la porte est fermée, mais pas verrouillée. Le médecin est probablement libre, en déduit Seth après un temps de réflexion un peu plus long qu’il ne voudrait bien l’admettre. Le futur Spectre remet de l’ordre dans ses cheveux et esquisse son sourire le plus ravageur avant d’entrer dans le cabinet. Regard de braise, démarche sensuelle ; c’est la malice incarnée qui interromps le médecin dans ses activités pour captiver son attention. « Leo, tu n’as pas oublié notre rendez-vous ? C’est l’heure de checker ce corps d’athlète. » Articule-t-il d’un ton plein de sous-entendus, particulièrement doué pour garder son sérieux malgré le ridicule de la situation. Le but, bien sûr, est de provoquer Leonis. Rien n’est plus amusant pour l’humain qu’un soupir exaspéré ou un regard outré. Peut-être est-ce enfin le jour où Seth va parvenir à épuiser toute la patience de Docteur Albacus ? Ce serait bien la première fois que ce stade serait atteint.
Fiche codée par Koschtiel
Dernière édition par Seth Harless le Lun 9 Nov - 12:01, édité 1 fois
Posté le Dim 13 Sep - 22:47
Leonis Albacus
I am the very model of a scientist salarian!
Profession : scientifique médico-légal pour les équipes du Nexus, médecin spécialisé dans les maladies orphelines et rares autant sur la station du Nexus qu'ailleurs, indépendant que tu es à cette échelle. Habitation : Sur le Nexus, la majorité du temps, même si on peut aisément te trouver ailleurs.
Au souvenir des maux que l’on pourrait oublier
Seth Harless & Leonis Albacus
⋆ Yeah call the doc, I must be sick. Better get me my medicine. Now it’s five o’clock, on the phone again, think I might need another prescription.
Les journées calmes, les journées sans cris, sans hurlements, sans turbulences, tu savais jamais trop comment les prendre. Ce n’était pas comme si elles étaient rares voir même inexistantes, bien au contraire. Mais tu étais si souvent habitué à ce que l’on te traîne d’un bureau à l’autre ou que l’on te colle une énième affaire entre les mains que lorsque tu avais du temps, du réel calme – en dehors des heures nocturnes que tu privilégiais pour tes dossiers les plus complexes – tu ne savais pas vraiment quoi en faire. Tu restais presque sur le qui-vive, les yeux rivés vers une porte que tu savais finirait par s’ouvrir sur quelqu’un qui aurait besoin de toi et tu prendrais cette personne comme un salut à l’immense ennui que tu pouvais éprouver. Si, dans les bureaux de la division scientifique, tu trouvais quelque chose à faire en tout temps, ce n’était pas toujours le cas quand tu étais de garde à l’Hôpital. Ton statut d’indépendant de l’Initiative dans ce domaine te donnait des restrictions que tu n’appréciais certes pas mais dont tu comprenais l’urgence et l’importance dans ce méli-mélo d’affres administratives. C’était pour ça que tu te retrouvais souvent à ne pas savoir quoi faire d’autres que de zieuter tes dossiers et attendre que des patients veuillent bien franchir le pas de ta porte pour pouvoir trouver tes mains et ton expertise. Mais tu n’étais pas non plus de ce genre à te plaindre du calme, tu appréciais ça, bien au contraire. C’était tranquille, c’était aisé de pouvoir te concentrer avec le silence environnant, mais tu n’aimais pas ne rien faire. Tu avais besoin d’être occupé pour ne pas penser à tout ce qui pouvait parasiter dans ton petit crâne, toutes ces petites choses qui te donnaient bien trop souvent envie de quitter la station pour trouver autre chose ailleurs. C’était d’ailleurs ce que tu finissais par faire quand ta tête était trop pleine. Tu prenais une navette et tu parcourais les divers systèmes pour pouvoir faire le bénévolat que tu t’appliquais à vouloir continuer malgré tes heures indécentes de travail. Tu étais comme ça. Il fallait que tu sois occupé pour ne pas avoir l’impression d’être un animal en cage, à tourner en rond en espérant que quelqu’un daigne te donner quelque chose à faire ou t’autoriser un regard. Quelque chose de curieux pour quelqu’un qui aimait aussi peu l’attention que toi, qui était particulièrement gêné quand on t’accordait ne serait-ce qu’un peu d’attention.
C’était peut-être parce que tu avais besoin d’être constamment occupé que tu t’étais spécialisé dans les maladies rares, orphelines et autres. Après tout, ce genre de cas demandait toujours un constant travail fait sur les patients, sur les données, les statistiques et tout ce qui entourait le cas en question. Tu ne pouvais juste pas lambiner sur un dossier en espérant voir des progrès suite à un traitement. Non, il fallait que tu travailles, que tu pousses des simulations pour voir des progrès. Il fallait que tu travailles constamment, que tu sois toujours sur le qui-vive quant aux équipes qui travaillaient sur les traitements, sur les données, sur les hypothèses et autres essais cliniques. Tu étais donc constamment occupé sur ce point-là, mais même les dossiers les plus épineux s’avéraient parfois sources d’une frustration que tu ne pouvais matérialiser que par l’oubli du dossier dans un coin, par faute de moyen et d’idées pour améliorer la chose. La frustration était véritablement intense et terriblement agaçante, tu devais bien l’avouer. Et le cas que tu avais sous les yeux, aujourd’hui, était un de ceux où tu aurais aimé avoir plus à apporter qu’une nouvelle batterie de tests et un éventuel ajustement de son traitement. Seth Harless. Humain. La vingtaine toute fraîche. Atteint du virus de l’immunodéficience humaine, et donc du syndrome d’immunodéficience acquise. Atteint également de la maladie dite du Gélineau, plus communément connue sous le nom de narcolepsie, avec un aspect prononcé pour la cataplexie. Constitution faible, même si amélioration depuis quelques temps au niveau de la force physique et de la respiration. Antécédents loin d’être au beau fixe avec une mère malade, avec constitution fragile également. Le jeune humain accumulait les problèmes et même si son état ne se détériorait pas, il demeurait stagnant sans véritable promesse d’amélioration. Et ça, ça te chiffonnait tout particulièrement. Parce que tu étais certes content de voir que son état ne s’aggravait pas, mais tu aurais aimé être capable de donner de bonnes nouvelles, de pouvoir apporter quelque chose de plus à son quotidien loin d’être aisé. Seth Harless était le genre de cas, de patient, qui t’apportait plus de frustration que de fierté, même si tu étais ravi d’avoir son dossier.
Tu avais d’ailleurs décidé de laisser son dossier de côté pour la journée, surtout au vu du calme plat qui régnait dans l’hôpital – pour une fois. Tu t’étais concentré sur un autre cas, un drell atteint du syndrome de Kepral. Une maladie de la Voie Lactée, là encore, dont le traitement n’avait toujours pas été trouvé et qui touchait presque un cinquième de la population drell. Tu étais au courant que de nombreuses équipes travaillaient sur ce cas-là, sur cette maladie en particulier, mais tu savais aussi qu’il n’y avait rien de concluant pour un vaccin ou un traitement à long-terme pouvant éviter la mort du patient. De ton côté, tes recherches avaient permis à ce que le traitement que tu donnais ralentisses un tant soit peu les effets de l’infection pulmonaire, ralentir leur dysfonctionnement. Mais comme toujours, ce n’était pas assez. Et tu étais frustré. Pourquoi tu n’avais tout simplement pas pu choisir une spécialité généralisante ? Traiter les rhumes des foins, des gastroentérites ou encore des petites grippes saisonnières ? Non. Il avait fallu que tu te spécialises dans le domaine le plus à même de te frustrer. C’était aussi passionnant que frustrant, et parfois, le regard azuré plongé sur tes papiers, tu venais à regretter d’avoir choisi cette spécialité. Toutefois, tu n’avais guère le temps de t’épancher mentalement sur ce sujet, pas quand la porte de ton bureau dans les locaux de l’hôpital venait de s’ouvrir et que tu te retrouvais à légèrement sursauté, le bruit ayant eu l’occasion de te tirer de ta rêverie passagère. Tu expias un léger soupire de soulagement en remarquant qu’il ne s’agissait là que d’un de tes patients et non pas une des fantaisies morbides qui pouvait se trouver dans ton crâne à force de trop lire d’histoires policières, et tu pris quelques minces secondes pour que ton organe vital reprenne des battements réguliers. Toutefois, tu soulevas une plaque frontale à sa remarque avant d’esquisser un mince sourire par le biais de tes mandibules. « Comment pourrais-je oublier nos rendez-vous, Seth ? » Tu demandas, la question bien plus rhétorique qu’elle n’en paraissait de prime abord, tandis que ton regard se permettait d’enfin analyser la posture du jeune homme, et une énième tentative de la part du jeune humain de peut-être toucher à tes nerfs si peu sensibles. « Après tout, ce corps d’athlète, comme tu dis, a clairement attiré mon attention par sa déficience. » Si Seth essayait toujours de te pousser dans tes derniers retranchements avec ce flirt presque incessant que tu savais être une partie de sa personnalité, tu savais très bien où toucher pour rétorquer. Ce n’était pas parce que tu étais d’un naturel timide que ton franc-parler perdait de sa verve. Tu rangas rapidement les autres dossiers que tu avais laissés ouvert sur ton bureau dans l’espoir de pouvoir travailler un peu plus dessus, mais fortune et frustration se faisant, tu n’avais réussi à rien. Tu te penchas légèrement pour les ranger dans un des casiers sous ton bureau avant d’attraper le datapad où se trouvait toutes les informations sur le cas de Seth. « Assis-toi. » Tu commandas, avec une voix qui, d’un côté, ne laissait nullement place à une éventuelle négation, mais qui, de l’autre côté, restait particulièrement douce pour ne pas être un ordre acerbe lancé comme si tu n’étais qu’un officier de plus à maltraiter un jeune humain. Seth était l’une des rares personnes, parmi tes patients, dont tu n’avais plus la patience à user le vouvoiement. Pour une raison comme une autre, à force de passer les sous-entendus du jeune et futur spectre – à ses dires – et de naviguer entre ces coquetteries, tu avais décidé que là, ta patience dans ta politesse et cette dernière pouvaient bien aller au diable. Tu passas en revue, rapidement, les informations qui se trouvaient sur le datapad, juste histoire de pouvoir avoir toutes les informations en tête avant de basculer les pages correspondantes sur ton terminal. « Comment tu te sens depuis notre dernier rendez-vous ? » Une demande et une question assez banale, mais que tu te poussais à continuer, simplement parce que cette simple question pouvait amener des réponses bien plus utiles qu’on ne l’imaginait. Un petit rien pouvait donner une piste, une hypothèse à creuser, et bon sang, tu avais besoin de quelque chose comme ça pour pouvoir trouver quelque chose dans son cas. Un petit rien, pour un grand tout. « De nouvelles crises ? Symptômes ? Quelque chose à signaler ? » Nouvelle question, d’une banalité presque affligeante si, elle aussi, n’était pas tout simplement purement nécessaire à ce que le rendez-vous puisse continuer et que ton travail puisse être fait correctement.