Profession : Barmaid et negociante en informations - Ex inspectrice au sein de la milice Habitation : Nexus, quasiment sur son lieu de travail
Tabula rasaEzra Monroe & Sam Barton « J’vais l’faire ! J’te promets Sam ! J’vais avoir une promotion et j’vais te l’acheter cette bague ! Com’ça… Com’ça, on va s’marier ! J’te promets ! » L’homme titubait en s’appuyant de tout son poids sur ton épaule alors que tu le raccompagnais vers la sortie de ton bar. « Mais oui, j’en doute pas ! Mais pour ça, il faut que tu sois frais pour reprendre le boulot pas vrai ? Alors tu vas rentrer et t’accorder une bonne nuit de sommeil et après tu me la donneras cette foutue bague, hein. » À supposer qu’il se souvienne de sa promesse et tu espérais sincèrement que ce ne soit pas le cas mais il n’y avait de toute manière pas grande chance vu son état. Il tenait difficilement debout, articulait avec toute autant d’approximation et semblait ne plus pouvoir coordonner sa vue et ses mouvements correctement. Tu mettais pourtant d’ordinaire un point d’honneur à ne pas laisser tes clients dépasser des bornes qu’ils pouvaient regretter, mais tu ne pouvais pas non plus tous les surveiller et jouer les chaperons, ce n’était pas ton rôle. Alors immanquablement, tu te retrouvais avec ce genre de déclaration sur les bras, pour ce qui était des moins farfelus du moins…
Tu avais fini par avoir l’habitude de ce genre de scène prenant place à la fermeture de ce qui était maintenant ton bar. Une semaine s’écoulait rarement sans que tu sois obligé de raccompagner un client jusqu’au taxi que tu avais préalablement commandé. Ce soir, ledit client avait bien des camarades de beuverie mais bien qu’ils soient moins amochés, tu étais toujours plus à même qu’eux de l’aider à marcher. D'un côté, tu te disais que c’était toujours plus simple, moins usant et tout de même moins démoralisant dans une certaine mesure que d’accompagner des petits délinquants assommés de sable rouge jusqu’à une cellule de dégrisement. Ça, pour sûr, ça ne te manquait pas.
Tu arrivas enfin près du taxi et avec l’aide de ses camarades tu installas le bougre sur un siège avant de donner l’adresse au conducteur. Les autres clients montèrent à leur tour et tu regardas le véhicule s’éloigner entre les bâtiments de l’Argentium. Le calme était enfin revenue, le bar était désert et la rue était étonnamment tranquille. Ce calme, tu le savourais avec contentement après cette longue soirée, ces longues semaines, ces longs mois… Tes muscles étaient tendus, douloureux mêmes, d’une manière bien différente à ceux à quoi tu avais été habitué jusqu’à présent. Ce n’était pas tant une douleur physique qu’un accablement et tu laissas un soupir s’échapper vers le ciel nocturne du Nexus. Il était parfois simple d’oublier qu’il était parfaitement artificiel, ce ciel, de jour du moins, et si différent de celui que tu avais connu sur Eos. Ce n’était pas les mêmes étoiles que tu t’amusais à compter, ni les mêmes constellations que tu inventais et l'astre solaire et les nuages n'étaient qu'un ramassis d’illusions... Tu te surprenais à vouloir de plus en plus revoir le ciel, le vrai et sentir à nouveau le souffle nocturne sur ton visage. C’était d’autant plus vrai depuis ces derniers mois. Tu aimais le Nexus bien évidemment et ce n’était pas cela le problème même si ton attrait avait immanquablement faibli avec le temps, finissant loin de la fascination que tu avais à ton arrivée sur la station géante. Tu n’avais plus la tête remplie à outrance de rêves et d’illusion, tu avais changé alors ta vision aussi et même si tu continuais à trouver une certaine grandeur, une certaine splendeur à cet agglomérat de building flottant dans le vide intersidéral, il avait tout de même perdu de sa superbe et si on se donnait la peine de plisser les yeux pour y voir plus clair et ne pas se laisser aveugler par les néons et la luminescence des bâtiments immaculés, on pouvait deviner les défauts, voir les aspérités et tu avais malheureusement fini par ne voir que cela. Un nouveau soupir s’éleva vers les hauteurs à ses pensées. Tu avais besoin de vacances sans doute, de t’éloigner un peu du tumulte du Nexus maintenant que tu t’étais éloigner de celui du poste de la milice. Tu aurais bien envie de retourner sur Eos, histoire de voir tes parents, le ciel, de toucher terre…
Ouai, tu avais besoin de vacances… Mais c’était malheureusement impossible dans l’immédiat.
Tu finis enfin par rentrée, replaçant certaines chaises sous les tables sur ton passage, baissant la musique depuis ton omnitool pour retrouver un peu de calme et rassemblant les verres vides sur un plateau que tu emmènerai plus tard à la plonge.
Dans un nouveau soupir, tu t’assis sur une chaise aléatoire, devant une table aléatoire, le corps lourd et l’esprit fatigué. Tu entendais d’ici Mara te dire : Des soirs comme ça, faut en profiter, ça rattrape les périodes creuses. Sans doute… Sauf qu’elle n’avait pas été là pour t’aider ce soir et elle ne le serait plus jamais. C’était survenu si vite. Un jour elle allait bien et le lendemain tu étais seule avec ce bar et la lourde charge de le faire tourner sans y être totalement prête. Elle t’avait appris ce qu’il y avait à savoir, tu connaissais les alcools et cocktails sur le bout des doigts ainsi que les rouages du métier, les commandes et autres bordels administratifs mais il y avait une différence fondamentale entre travailler avec un filet et être plongé la tête la première sans garde-fou. Tu n’étais pas prête à tout gérer toute seule. Tu avais peur de faire une erreur, de détruire tout ce qu’elle avait bâti avec tant de passion et d’application et surtout… Surtout, elle te manquait. Ce n’était pas pareil sans elle derrière le bar à te raconter les anecdotes à savoir sur tel ou tel client, sans entendre son rire au énième compliment similaire de la journée, sans la voir te tendre un café lorsque tu arrivais au travail avec des cernes que tu ne remarquais même plus par habitude. Elle avait été ta bouée de sauvetage et tu recommençais à peine à retrouver pied qu’elle te laissait déjà nager par toi-même.
Alors oui, tu étais fatiguée. Non pas parce que ton nouveau travail ne te plaisait pas, bien au contraire, mais parce que tu avais peur de ne pas être à la hauteur de la confiance qu’elle avait mise en toi. Tu avais toujours été comme ça après tout. Si désireuse de faire du mieux possible que tu t’en rendais malade. Et tu t’imaginais d’ici ce qu’elle dirait, à grands coups de métaphore. Elle essaierait de te rassurer, de te dire que gérer des soiffards était toujours plus simple que de gérer des criminels. Mais c’était oublié que tu avais été inspectrice sept ans durant et militaire avant cela… Tu n’agitais un shaker que depuis quelques mois, presque un an à peine… Alors ce n’était pas plus simple, seulement différent…
Tu observas la pièce dépouillée de ses clients, désespérément plus calme. Le vortex était triste dans cet état-là et malgré toute ta fatigue tu le préférais bien plus rempli d’un brouhaha désorganisé mais infiniment vivant. Tu pensais à des vacances mais pour être tout à fait honnête avec toi-même, tu ne savais même pas si tu serais en mesure d’en prendre. Un bourreau de travail, voilà ce que tu avais toujours été à la milice ou derrière un comptoir et il était devenu bien difficile pour toi de décrocher. Alors des vacances. Tu y songeais mais était-ce seulement sérieux ? Dans tous les cas, la réponse à cette question attendrait car tout comme ton prétendant d'un soir, tu avais besoin de repos.
Tu saisis ton plateau rempli de verres vides et te redressas pour te diriger vers le comptoir. À peine debout, tu entendis le son feutré de la porte coulissante en train de s’ouvrir. Tu avais dû oublier de la verrouiller par inadvertance, par fatigue et des retardataires avaient dû croire le bar encore ouvert. C’est donc sans te retourner que tu continuas ta route vers le comptoir. « Désolée, nous sommes ferm... » Ce n’est qu’en passant derrière le bar et en posant ton plateau que tu te donnas enfin la peine de relever le regard et tu mis un terme à ta phrase avant de la finir. « Ezra… ? » Le vortex n’était clairement pas le seul bar du quartier et bien d’autres restaient ouvert bien plus tard. Pourtant, parmi tous les choix disponibles, elle avait choisi le tien… « Qu’est-ce que tu fais là ? » Le métier voulait que tu sois un minimum poli avec les clients, même ceux qui te sortaient par les yeux, mais ce minimum de politesse s’appliquait difficilement à la femme qui avait sali ton nom, diffamé ton enquête et pourri ta réputation. Entre autres choses. Tu n’y pouvais rien, c’était plus fort que toi, difficile d’être un minimum avenante avec elle, toi qui n’avais pourtant aucun mal à l’être avec quiconque. Elle avait toujours eu un foutu don pour te pousser à bout et elle tombait encore au meilleur moment alors que ta patience arrivait à son terme. Et puis après tout, ta question était légitime ! Pourquoi choisir ce bar, ton bar, quand il y en avait bien d’autres sur le Nexus où elle ne risquait pas de croiser une personne pour qui elle avait si peu de respect ? Au moment de la fermeture qui plus est ! Venait-elle pour t’arracher des aveux ? Un discours de remords pour raviver son gros titre ou simplement pour contempler ce qu’était devenu ta vie en t’imaginant que tu allais t’en plaindre ? Au fond, tu ne savais pas bien si tu voulais connaitre la réponse, mais tu étais curieuse malgré tout de savoir pourquoi elle était entrée dans ce qui était maintenant ton domaine. :copyright: Justayne
Posté le Lun 3 Aoû - 2:06
Ezra Monroe
Begin your journey, join the Andromeda Initiative today.
Profession : Journaliste de l'Initiative Habitation : Sur le Nexus
Tabula rasa
My past has tasted bitter for years now so I wield an iron fist. Grace is just weakness.
◊ ◊ ◊
Ce soir là était l'un des soirs où elle finirait tard. La mère de Sylhas lui avait donné à étudier un cas particulièrement intéressant pour les actualités mais également particulièrement chronophage. Ça arrive rarement les dossiers intéressants, qu'elle se dit en continuant de remuer le dossier numérique dans tous les sens. Ça arrive tellement rarement qu'elle ne regarde plus le temps qui passe, qu'elle en oublie ses obligations envers ceux qu'elle aime, au moins un peu. Son terminal de messagerie ne cesse de clignoter alors qu'elle a le nez collé contre un rapport, alors qu'elle oublie le rendez-vous qu'une amie lui a donné, encore. Quand elle s'en rend compte, c'est trop tard. Trop tard pour beaucoup de choses, elle s'en rend bien compte. La journaliste se fend d'un soupir alors qu'elle se force à boucler les accès à son bureau une bonne fois pour toute, et à rentrer chez elle. Sauf qu'elle a la tête ailleurs, elle sait que ça l'empêchera de dormir. Une partie du cerveau sur son dossier, l'autre sur les terribles promesses qu'elle a pu faire et briser, Ezra prend la décision d'aller s'assommer quelque part. Peu importe où. C'est le Nine Lives qui accueille sa débauche au début. Elle se laisse charmer par les courbes délicates des danseurs, par les paillettes et laisse l'alcool l'abrutir. Elle sait qu'il ferme tard le Nine Lives, trop tard et qu'elle a besoin de sommeil. Alors elle laisse quelques baisers fades se perdre ici et là et elle quitte l'enceinte du bâtiment. Et puis peut-être qu'il s'agit des lumières plus tamisées du Nexus, ou peut-être que c'est la peur de rentrer seule qui lui donne la drôle envie d'un dernier verre. Un dernier verre au Vortex, dont elle sait qu'il a changé de propriétaire. Elle a oublié le nom de l'heureux élu cependant, c'est peut-être pour ça qu'elle entre sans y penser, la mine grise et un sourire pré-conçu sur le visage.
- Oh...
Oh, tiens. C'est qu'elle se dit en entendant la voix de Sam, Samantha comme elle aime l'appeler. Sa vieille rivale, celle dont elle n'a pas hésité à plonger la tête sous l'eau pour faire lumière sur sa propre carrière. Dire qu'elle regrette, ce serait mentir. D'autant plus qu'elle n'a pas l'air malheureuse ici, bien moins que lorsqu'elle servait dans la milice. Elle sait que c'est elle qui a l'air en piteux état. C'est pour ça qu'elle ne se dégonfle pas, pour ça et parce que la culpabilité ne lui sied pas.
- Samantha.
Ignorant le fait que la brune allait visiblement fermer, la jeune femme s'installe au bar et s’affaisse dessus, mêlant ses doigts dans ses cheveux, tirant un peu dessus. C'est censé la réveiller et ôter ce terrible sentiment d'inachevé de son corps. Ça ne marche pas très bien.
- Prendre un verre, c'est interdit ?
Elle se redresse à ce moment là et penche la tête vers le côté, regardant Sam de ses yeux fatigués. Oui, elle a l'air mieux. C'est une bonne chose. Elle le lui souhaite, au fond.
- Allez, me dis pas que tu m'en veux encore.
Si, sûrement. Et elle a toutes les raisons du monde de lui en vouloir, en vérité. Mais Ezra, elle aime bien faire semblant. Elle aime bien jouer les pestes et faire comme si rien ne lui importait vraiment. Comme si la souffrance des autres et surtout celle qu'elle a pu causer, elle s'en lave parfaitement les mains.
- Et pour ce qui est de l'heure...
Elle lui aurait volontiers fait un discours très détaillé sur le peu d'importance d'une telle chose mais la fatigue et l'alcool la rendait maladroite et particulièrement nonchalante, ce qui ne correspondait pas tout à fait avec l'aspect général de la démarche.
- Tu peux bien faire une exception pour une vieille connaissance, non ?
Elle lui fit un regard de chiot battu particulièrement loupé, renonça très vite. A la place, elle tenta un peu d'honnêteté dans un accès de désespoir.
- Ecoute, j'avais oublié que tu étais la nouvelle propriétaire du Vortex. Je viens pas chercher les ennuis, simplement un truc suffisamment fort pour me permettre de dormir jusqu'à demain.
Et à vrai dire, elle en venait à douter qu'une telle chose existe.
(c) oxymort
Posté le Lun 10 Aoû - 14:17
Sam Barton
Here's to simply being happily drunk.
Profession : Barmaid et negociante en informations - Ex inspectrice au sein de la milice Habitation : Nexus, quasiment sur son lieu de travail
Tabula rasaEzra Monroe & Sam Barton Généralement, lorsque les gens savent que l'on préfère un diminutif au prénom d'origine, mieux vaut faire l'effort de l'employer. Généralement, les gens ont la présence d'esprit de ne pas froisser inutilement quelqu'un surtout quand on vient chercher un service ou que la personne offensée est celle qui sert les verres. Malheureusement ces simples considérations demandent un minimum d'empathie à croire qu'Ezra en était dépourvu. Elle le savait pourtant, que tu n'affectionnais pas particulièrement ton prénom, que tu trouvais trop long, trop féminin aussi d'une certaine manière, que tu trouvais qu'il ne t’allait pas du tout. Mais est-ce que cela allait la dissuader pour autant de t’appeler ainsi ? Non, pas elle, elle était au-dessus de cela.
Tu tachas tout de même de ne pas relever, sachant pertinemment que ce serait te fatiguer pour rien et que ça lui donnerait la satisfaction de t'avoir fait réagir, de t'avoir irrité plus que sa présence ne le faisait déjà. Tu te contentas donc de croiser les bras alors qu'elle s'installait face à toi sans te donner la peine de lui rendre le sourire parfaitement factice qu'elle avait arboré en rentrant. Tu ne répondis pas à sa première question, te disant que la réponse était suffisamment évidente. Bien évidemment que prendre un verre n'était pas interdit, et tu n'avais même rien contre le faire après la fermeture, du moins avec des personnes qui ne te faisaient pas regretter ton permis de tuer. Mais pour Ezra, c'était autre chose. Rares étaient les personnes que tu détestais profondément et au fond, tu n'avais pas une telle aversion à son égard à l'origine. Tu ne l'appréciais pas plus que cela et elle ne faisait foncièrement rien pour que cela change mais de là à la détester... Il avait suffi d'un article pour que l’innocente rivalité se mue en aversion. Alors est-ce que tu lui en voulais encore ? D'un côté l’eau avait coulé sous les ponts et tu avais su rebondir alors tu n'avais pas à te plaindre et ce foutu article n'avait plus d'influence néfaste sur ta vie. Mais d'un autre côté... Cet article était venu pisser sur la tombe d'une carrière à laquelle tu avais consacré une bonne partie de ta vie et qui t'avait toujours tenu à cœur. Encore maintenant d'une certaine manière. Alors oui, tu lui en voulais encore, peut-être plus avec la même virulence du fait de ta vie actuelle qui aurait pu être bien pire, mais tu lui en voulais tout de même. « T'en vouloir ? Ben voyons ? Mais pourquoi donc ? Diffamation ? Quelle idée ! » Tu étais peut-être ironique mais ton intonation n'avait pas grand-chose de la blague. De plus tu étais trop fatiguée pour faire semblant et tu n'avais de toute manière jamais été douée pour le faire.
Mais fatiguée, Ezra avait l'air de l'être tout autant, si ce n’est plus et l'espace d'un instant tu sentis presque un élan de compassion s'étendre vers elle. C'était plus fort que toi il faut croire. Elle s'en cachait, elle faisait peut-être semblant mais elle avait l'air quelque peu misérable, dans le sens ou elle semblait accablée par quelque chose dont elle n'arrivait pas se défaire du poids. Or, déjà dans la milice, puis plus tard en tant qu'inspectrice, tu avais toujours eu du mal à te détourner de la détresse dont tu étais témoin. C'est cela aussi qui te pourrissait la vie à l'époque, sachant que dans la plupart des cas, tu n'y pouvais rien. Ici c'était différent, peut-être plus simple et il était plus évident d'apporter du soutien à des clients plutôt qu'à des victimes... Alors ton empathie quelque peu anesthésiée par des années à la criminelle était revenu en force depuis que tu étais passé derrière un bar. Une empathie qui arrivait à se tourner même vers celle qui ne le méritait pas visiblement.
Tu parvins à la refréner, gardant les bras croisés jusqu'à ce qu'elle ait fini son discours. Et puis tu finis par les laisser retomber sur le bar dans un soupir, déclarant forfait devant sa requête tinté de désespoir et ta propre faiblesse. « Eh bien... Je suppose que tu peux faire ça. » C'était presque de la pitié à ce stade mais tu te gardas bien de le dire et puis tu voulais presque la récompenser pour ce plaidoyer foireux qui lui avait peut-être coûté.
Tu te tournas vers tes bouteilles et saisis la première que tu savais ne pas être toxique pour les humains. Tu regardas rapidement l'étiquette en sortant deux verres souriant intérieurement devant l'ironie du hasard. C'était une bouteille d'Elasa, surnommé le compagnon du désespoir, un alcool fort de circonstance visiblement... Tu servis deux verres avant d'en glisser un vers la jeune journaliste et d'en boire une gorgée comme pour te donner le courage de supporter cette entrevue que tu n'avais en aucun cas demandée.
C'était étrange, d'une certaine manière, de la croiser maintenant, après tout ce temps et de la voir dans cet état. Tu aurais tant de chose à lui balancer en plein visage, tant de reproche à lui faire mais elle te faisait presque de la peine et tu n'étais pas du genre à enfoncé quelqu'un qui semblait déjà peiner à garder la tête hors de l'eau. Tu n'étais pas comme elle après tout...
Tu sortis le paquet de cigarettes que tu gardais toujours dans ta poche pour en sortir une avant de la glisser entre tes lèvres. Ton bar était un endroit non-fumeur habituellement, mais c'était surtout ton bar alors tu faisais bien ce que tu voulais après la fermeture. Tu donnas un petit coup sous le paquet pour faire remonter une autre cigarette et tendre le tout à Ezra. Elle pouvait la prendre ou non, tu t'en fichais pas mal, c'était un peu comme un geste maladroit pour lui montrer que tu étais disposé à enterrer la hache de guerre l'espace d'une soirée. Et puis tu te décidas enfin à rompre le silence qui s'était lourdement installé. « Serait-ce les remords qui t’empêchent de dormir et te pousse à venir t’assommer ici en désespoir de cause ? Te serais-tu rendu compte du mal que tu pouvais faire avec tes articles ? Ou bien tu es en manque de vie à briser et cela t’empêche de trouver le repos ? » Ouai, tu avais beau être navrée de la voir réduite à venir ici et à oublier que c'était ton bar, tu n'allais pas pour autant lui faire de cadeau. :copyright: Justayne+
Dernière édition par Sam Barton le Mer 26 Aoû - 15:42, édité 2 fois
Posté le Ven 21 Aoû - 4:03
Ezra Monroe
Begin your journey, join the Andromeda Initiative today.
Profession : Journaliste de l'Initiative Habitation : Sur le Nexus
Tabula rasa
My past has tasted bitter for years now so I wield an iron fist. Grace is just weakness.
◊ ◊ ◊
Bien, elle lui en voulait toujours.
Ezra n'était pas surprise et à vrai dire, elle la comprenait. Les journalistes n'étaient pas particulièrement bien perçus de toute manière, que ce soit sur le Nexus ou ailleurs. Les gens n'aimaient pas qu'on fouille dans leurs affaires, encore moins qu'elles paraissent en première page d'un journal. Ou alors, elle ne voulait simplement pas admettre qu'elle avait grandement merdé en incriminant la milice lors de cette affaire qui avait visiblement beaucoup compté pour Sam. Ce dont elle ne se préoccupait à l'époque pas le moins du monde puisqu'elle n'avait en tête que sa propre ascension professionnelle.
- Diffamation, tout de suite les grands mots.
Et Ezra, elle n'était pas d'humeur à en utiliser, de grands mots. En fait, sa voix traînante et alourdie par l'alcool laissait même suggérer qu'elle n'était plus vraiment apte à en utiliser tout court.
- Disons que j'ai simplement, légèrement, un tout petit peu aggravé les faits pour rendre ça plus dramatique. Ça fait vendre le morbide, qu'est-ce que j'y peux moi.
Elle haussa les épaules en faisant de son mieux pour paraître relativement droite, au moins un peu moins pathétique à défaut de conserver sa superbe d'antan. Plutôt crever que d'admettre avoir eu tort, n'est-ce pas ? Mais au fond, elle disait simplement la vérité. Ezra n'était cruelle seulement parce que le monde autour d'elle l'exigeait. Ou du moins, ça aussi elle s'en persuadait. Mais plus le temps passait, plus elle détestait la personne qu'elle devenait. Peu importe, pour le moment Sam acceptait de lui servir un verre et c'est tout ce qui comptait. Que ce soit par pitié ou par excès de gentillesse ne changeait pas grand chose, les deux lui donnaient envie de maintenir sa tête dans l'eau ou le sable d'Eos jusqu'à ce que ses poumons en soient littéralement emplis. Sam lui fit glisser un verre, elle n'avait pas regardé de quoi et Ezra s'y perdit la tête la première, y trempa les lèvres sans attendre. C'était fort, c'était parfait.
- Merci.
La blonde dodelina un peu de la tête, la musique du Nine Lives résonnant toujours dans sa caboche. Elle aussi elle se désespérait. Elle aussi elle se demandait comment elle pouvait bien finir dans le même état, chaque soir. Pour quelle raison. Et puis ensuite tous les mensonges, les coups bas, les promesses oubliées et le regard déçu de ses proches la ramenaient sur terre : elle faisait n'importe quoi. Elle se perdait dans son envie d'être aimée, son envie d'être acceptée par ces gens qui l'ont toujours rejetée elle et ce foutu nom de famille. En résumé, mieux valait boire pour oublier. Et fumer aussi, c'était pas trop demandé. Elle accepta la cigarette que lui tendait gentiment Sam et farfouilla dans son sac cinq bonnes minutes pour trouver son briquet quatre points d'allumage. Après ça, elle fit cramer sa clope et le tendit à Sam pour qu'elle puisse en faire de même. Ezra n'était pas une grande fumeuse, elle toussa le plus discrètement possible avant de se prendre dans les dents les remarques ô combien justifiées de la jeune femme.
- Oh, hé, c'est bon hein. Tu vas pas m'en vouloir éternellement, je t'ai déjà dit que j'étais désolée. Je t'ai même fait une lettre d'excuses.
Une lettre d'excuses. La blonde réfléchit quelques instants en tirant sur le bâton de nicotine. Non. Non, elle n'avait jamais fait ça. Ou peut-être que si, mais c'était pour le boulot et certainement pas pour Sam.
- Ouais, non, je t'ai pas écrit de lettre d'excuses, mais je suis désolée, voilà. Contente ?
Ezra toussota encore un peu, cette fois à cause du mot qui semblait lui avoir écorché les cordes vocales. Elle était sincère, maladroitement sincère, mais sincère tout de même. Elle n'avait pas voulu lui faire du mal à ce moment là, on lui avait simplement envoyé le dossier et elle y avait vu une occasion de briller. Après tout, les drames n'arrivent pas tous les jours sur le Nexus.
- Et puis je te rappelle que t'étais pas tendre non plus avec moi quand on... on... merde c'est quoi le mot déjà... oui voilà, quand on étudiait.
Elle n'avait pas d'exemples en tête pour le moment, mais ça viendrait si elle parvenait à chasser toute la fumée et l'alcool qui ralentissaient ses pensées. Elle trouverait la motivation de le faire si ça pouvait lui éviter de parler de ce qui la poussait à picoler à cette heure là.
(c) oxymort
Posté le Mer 26 Aoû - 15:29
Sam Barton
Here's to simply being happily drunk.
Profession : Barmaid et negociante en informations - Ex inspectrice au sein de la milice Habitation : Nexus, quasiment sur son lieu de travail
Tabula rasaEzra Monroe & Sam Barton Le morbide faisait vendre… Une putain de triste vérité que tu ne connaissais que trop bien, tu devais bien l’admettre et ça ne te plaisait pas. Pourtant le monde tourné ainsi et tout s’obtenait à coup de pathos et autres lamentations. Il était plus simple de rattacher la ménagère lambda à sa cause en faisant appel à son affecte plutôt qu’à sa réflexion et quel meilleur moyen que les images choquantes et les boucs-émissaires ? Dans cette histoire, c’est toi qui avais été le dindon de la farce pour que les gens s’insurgent et acclament la bienveillance de la personne qui avait dénoncé cette atrocité. On ne t’avait pas laissé le droit à la parole à l’époque, ni celui de te justifier et cela aurait été bien inutile de toute manière. Tu avais merdé toi aussi, d’une certaine manière et tu en portais encore le poids de la culpabilité et les séquelles tremblantes lorsque tu essayais de tenir une arme et de dormir la nuit. Le fait que tout le Nexus soit au courant, que ton nom soit associé à cette bavure et que ta carrière en soit irrémédiablement détruite n’avait fait qu’enfoncer un clou déjà bien ancré malgré tout. Est-ce que tu pouvais pour autant en tenir rigueur à la jeune femme face à toi pour la crédulité de lecteur et ta propre erreur qui t’avais conduit à cela ? Tu estimais que oui, il en était de la responsabilité de chacun d’assumer ses actes et si tu l’avais compris, tu ne pouvais qu’espérer qu’elle fasse le même travail. Ne serait-ce qu’en se renseignant mieux à l’avenir pour savoir quelles informations elle mettait dans le crâne de tout à chacun. « Tu préfères peut-être calomnie ou médisance ? Mensonge peut-être ? Ou encore malveillance et inconscience ? Ils collent tous à l’idée de toute manière alors choisis celui que tu veux. » Le résultat était le même et le mal était déjà fait. « Ouai, le morbide fait vendre mais il en va de la responsabilité de ceux qui informent de le faire correctement non ? Tu n’es peut-être pas responsable de l’interprétation qu’on aura de tes articles, mais tu peux au moins avoir ta conscience pour toi en disant la vérité non ? Enfin, il est trop tard de toute manière alors… » Alors à quoi bon épiloguer ? Tu n’en avais de toute manière plus la patience au-delà de cela, et tu étais bien trop fatiguée pour continuer un discours que tu aurais voulu tenir il y a un an si on t’en avait donné l’opportunité. Tu devais tourner la page sans doute, faire table rase, même si c’était difficile lorsque tu jetais des regards en arrière et que tes échecs et tes regrets te revenaient en plein visage comme des boomerangs. Tu devais te satisfaire de ta situation actuelle et au fond, c’était sincèrement le cas. Tu n’avais jamais été aussi épanouis que depuis que tu travaillais ici et que tu aider tes clients autrement alors au fond, tu étais peut-être prête à laisser l’eau couler sous les ponts. Alors tu acceptas sa requête, tu lui servis un verre en remplissant un pour toi aussi au passage, te disant que c’était peut-être une chance d’aplanir des angles trop aiguisé.
Tu n’avais jamais réellement voulu l’affrontement ni la rivalité, que ce soit avec elle où avec quiconque, alors il était peut-être temps de le montrer et de faire profil bas en mettant ta fierté de côté, pour cette fois. Elle accepta la cigarette que tu lui offrais et tu acceptas à ton tour le feu qu’elle te tendait avant d’ouvrir des hostilités que tu voulais tout de même moins virulente qu’elle l’aurait été à l’époque. Et elle se défendit, tu n’en attendais pas moins. Elle avait toujours su être acerbe depuis que tu la connaissais et à ne pas se laisser subir des accusations et des reproches venant de toi. Tu haussas un sourcil à sa réponse, essayant de te souvenir si ce qu’elle disait été vrai. Une lettre d’excuses, ça ne te disait rien mais peut-être que tu t’étais contenté de la supprimer en voyant l’entête sans même la lire, après tout. Mais la vérité éclata et ce n’était pas ta mémoire qui te jouait des tours. Tu croisas les bras en tenant toujours ton verre et en posant un regard réprobateur sur elle jusqu’à ce que tu entendes les quelques mots fatidiques que tu n’aurais jamais espéré obtenir. Tu finis par soupirer en décroisant les bras et en tirant une bouffée sur ta cigarette. « Hm, c’est déjà ça. Excuses acceptées, je suppose. » Tes mots s’estompèrent alors que la fumée s’échappait de tes lèvres. Tu supposais bien, tu n’en espérais pas plus après tout et c’était déjà ça. « Merci... Enfin... Ouai, merci. » ça n’excusait pas tout, pas le préjudice commis ni les répercutions. Mais ta plus grande souffrance venait de ton erreur plus que de son opportunisme. Alors oui, c'était déjà ça, c'était presque suffisant et tu la remerciais sincèrement. Si ta situation actuelle avait été différente, tu n’aurais sans doute pas été aussi disposé à lui pardonner mais tu devais reconnaitre que tu aurais pu finir plus mal, bien plus mal. Et puis sa phrase suivante n’était pas fondamentalement fausse bien que balbutiante. Un nouveau soupir t’échappa avant de reprendre une gorgée le temps que tes souvenirs se remettent dans le bon ordre. Ouai, elle avait raison, tu n’avais pas été des plus tendre ni des plus amical, c’était le cas de le dire. Tu étais jeune à l’époque et même si cela n’excusait pas tout, ça expliquait certaines choses. Tu avais été élevé dans l’idée que l’exil condamné les fautes les plus graves, que cela ne faisait que mettre en lumière le fait que c’était de mauvaises personnes, de mauvais citoyens, des individus qui menaçaient le bon fonctionnement de la chère société dans laquelle tu voulais vivre. Alors oui, tu avais été prompt au jugement, tu avais laissé les préjugés des autres obscurcir ton opinion en t’empêchant de voir au-delà des œillères. Oui, tu n’avais pas été tendre, oui tu avais jugé sans connaitre, oui tu ne lui avais pas toujours laissé le bénéfice du doute et oui tu l’avais peut-être exclut d’un environnement qui lui aurait fait du bien en lui fermant l’accès à ton amitié. Maintenant que tu y pensais, que tu réalisais tout ça, tu devais bien reconnaitre que tu le regrettais, que tu étais peut-être en partie responsable du retour de bâton que tu avais eu de sa part à elle qui avait été catégorisé sans plus ample forme de procès. Tu pouvais te défendre en te disant que si elle avait elle-même était plus avenante avec toi, si elle avait elle-même fait plus de pas dans ta direction, les choses n’auraient pas tourné ainsi. Mais c’était bien trop tard pour les suppositions, encore une fois, le mal était fait et résultait encore et toujours d’une communication foireuse et de préjugés stupides. Quoi qu’il en soit, les choses avaient changé, tu avais changé et tu avais bien compris avec le temps que l’exil n’était pas réservé aux pires engeances des espèces galactiques, que certains ont simplement joué de mal chance ou étaient là au mauvais endroit, au mauvais moment en déblatérant les mauvaises paroles. Ça aurait même peut-être pu t’arriver à toi après tout ce chaos si tu avais poursuivi sur cette pente glissante. Alors oui, tu avais été bien stupide d’attribuer la réputation de parent à une enfant innocente.
Une nouvelle fois, la fumée s’échappa de ta gorge et tu baissas quelque peu le regard sur ton verre face à ses accusations légitimes. « Ok… Un point pour toi. Je n’aurais pas dû être aussi vache à l’époque et j’aurais peut-être dû être moins borné… On a toutes les deux des torts on dirait… » Des excuses peut-être ? Tu avais encore du mal à te dire que ta faute était à la hauteur de la tienne. Mais ce n’était pas une compétition après tout et les excuses doivent être dites quand la situation l’exige, quelle qu’elle soit, alors un peu de courage ? « Mais toi aussi tu étais une peste à l’école je te rappelle ! » Ah bon non, visiblement ce n’était pas pour tout de suite… « Tu avais un talent pour me mettre sur les nerfs comme si tu avais des prédispositions pour me pourrir la vie ! » Il te fallait peut-être un peu plus d’alcool dans le sang pour réussir à les dire ces foutus mots qui arrangeraient sans doute pas mal de chose. Alors tu bus une nouvelle gorgée en espérant que cela serait suffisant pour respecter ses bons sentiments et cette envie de nouveau départ.:copyright: Justayne+