| Posté le Mer 12 Aoû - 23:43 | I'll relinquish one bullet. Where do you want it? Profession : Ancien Spectre, désormais chasseur de primes et d'artefacts Habitation : Kadara, mais aussi beaucoup sur ton propre vaisseau, le LWSS Leviathan | | Hey, i'm back, i'm back home Nexus | « Nexus en approche, Sylhas. Je lance la procédure de validation pour amarrage. » La voix de Jayleen, bienveillante, curieusement calme et douce comparée à son habituel timbre plus amusé et cinglant lorsque vous arrivez pour amarrer, qu’importe le lieu. Elle te réveille soudainement de la micro-sieste dans laquelle tu t’étais laissé fondre depuis votre départ d’Havarl. Tu lèves les yeux, portant tes iris émeraudes sur la forme de la station spatiale, illuminée par la planète nuageuse derrière elle. Vous n’êtes qu’à quelques minutes des boucliers qui protègent la station contre les intrusions volontaires et involontaires, ce voile bleuté couvert d’alvéoles, à peine perceptible à l’œil nu lorsqu’on se trouve sur la station et pourtant si visible désormais, avec la luminescence de l’espace. Jayleen te jette un coup d’œil alors que le transmetteur s’allume doucement, et tu te lèves de ton siège, le cœur en branle et l’estomac noué, pour quitter la passerelle, le cockpit, peu importe, ce lieu qui soudainement t’étouffe et manque d’oxygène pour tes poumons. Elle sait, tout le monde sait pourquoi tu ne restes jamais. « Ici Jayleen Pinnix, Pilote et Second de Bord du Leviathan, demande d’amarrage. Nous avons tous les papiers nécessaires et ... » La porte se referma derrière toi avant même que les paroles de la pilote ne soient parfaitement finies. Tu ne restes jamais au moment de savoir si votre stationnement sera véritablement validé. Normalement, c’est toujours oui, mais la peur que le non tombe est si grande que tu préfères ne pas être dans les parages. Alors tu marches, tu quittes la passerelle, tu rejoins l’espace de ta cabine avec cette vue sur l’infinité de l’espace, et ce dans un silence presque religieux, presque glacial. Tu poses tes mains, à plat, sur ton bureau, soupirant, et observant ton terminal qui clignotes avec quelques notifications que tu n’as pas encore pris le temps de vérifier, mais que tu ne vérifieras pas maintenant, ton esprit est ailleurs, et ton anxiété t’empêche très clairement de penser correctement. C’est le moment ou jamais, si tu souhaites envoyer un message à Sulin pour le prévenir de ta visite. Après ce moment, ce sera trop tard et tu devras te fixer à ce que tu as prévu, au plan que tu as décidé – si on peut appeler ça un plan, tu as toujours été plus à l’aise avec l’improvisation. La peur qu’il t’évite encore comme la peste comme la dernière fois est encore bien trop ancrée au fond de tes entrailles, et tu sais que ce n’est pas bon de venir le voir comme ça, de le prendre par surprise, mais… C’est si lourd. Ça t’avait anéanti de le voir t’éviter comme ça, comme si tu portais le poison originel sur toi, comme si, du jour au lendemain, il était devenu comme tous les autres, avec le même regard, la même animosité que les autres. Ce n’était probablement pas ça, tu t’en doutes, mais tu l’as pris comme tel.
Tu soupires, les mandibules lourdes et les yeux soudainement fatigués. Tu fermes le terminal, te fiant à ton instinct plutôt qu’à la logique et la raison, et tu range quelques affaires, mettant sous verrou tes armes dans le casier d’armurerie que tu as dans ta cabine. Tu n’as pas le droit aux armes sur le Nexus, ça fait partie du contrat que tu as réussi à négocier avec ton avocat. Certes, ils t’ont exilé du Nexus et avec, tous les privilèges qu’un résident peut avoir, mais ils t’ont privé d’un procès équitable, alors tu as fait la seule chose que tu pensais raisonnable à ce moment-là : tu as convaincu un avocat du Nexus de plaider pour ta cause, en amont, pour regagner un minimum de privilèges, pour toi et pour ton équipage. Pour que tout ton travail ces huit dernières années à leur service ne partent pas dans le trou noir de cette galaxie. Tu n’as pas gagné grand-chose, au fond. Mais au moins un droit de visite et un droit de séjour, avec une procédure de validations en amont par le Nexus. Tu ne peux porter d’armes sur le Nexus, mais tu peux apporter des provisions scientifiques tels que des échantillons prélevés sur des zones intéressantes ou des artefacts. Tu n’as pas le droit d’entrer dans les zones dites militarisées du Nexus, à part pour la fouille obligatoire que tu dois subir à ton arrivée, et au moindre pas de travers, tu finis au trou. Tu as l’interdiction formelle de te rendre dans les locaux où travaillent les membres du Conseil ainsi que le bureau des Spectres et des Pionniers, et l’accès à tous tes anciens fichiers – ceux que tu n’avais pas sur toi – te sont interdits, de même que l’accès aux Archives du Nexus. La zone résidentielle t’est également interdite à moins d’être accompagné par un résident du Nexus ainsi qu’une batterie d’autres interdictions toutes plus stupides les unes que les autres. Mais tu avais réussi à négocier le reste, après des mois de bataille avec ton avocat – le seul du Nexus qui voulait bien de toi, un Angara, en plus. Une liste bien trop longue d’interdiction qui te donne l’impression que tu n’es finalement qu’un bête pantin que l’on dirige à leur bon vouloir. C’est désagréable. « ETA dans 5 minutes, Commandant. » Tu échappas un souffle que tu ne pensais pas retenir à l’entente de la voix de Jayleen avant d’entendre son message dirigé à la totalité de l’équipage. Tes épaules perdirent un peu de leur tension alors que tu relevais ton visage, tes yeux croisant ton reflet dans un miroir que tu avais accroché à un mur de ta cabine. Tu ne faisais pas peur à voir, mais tu avais certainement changé, tu avais soudainement vieilli, tu avais perdu de ta superbe. Une cicatrice qui court sur l’une de tes mandibules, à peine visible, mais que l’on pouvait aisément sentir au toucher, qui scinde légèrement une de tes marques ; ton armure naturelle avait perdu un peu de son éclat, de même que tes marques, laissées peu à peu à l’abandon par négligence et par perte de conviction. Le blanc se détériorait légèrement par endroit, surtout là où tes piercings dorés brillaient doucement. Tes yeux avaient perdu de leur éclat aussi. L’émeraude pourtant si vif de tes iris brillant habituellement comme des joyaux n’était désormais qu’un vert légèrement passé, plus fatigué, plus marqué, plus vieux. Comme si on y avait appliqué de l’eau de javel pour en détériorer l’éclat, tout comme l’éclat de tes plaques que tu as longtemps détestées pour leur couleur, pour tout ce qu’elle représentait, pour toutes les moqueries que tu engrangeais. Tu passes un doigt, distrait, sur la marque blanche qui court sous ton œil, inspirant doucement et essayant de faire une note mentale pour racheter de quoi rendre ceci plus… propre, et plus éclatant. Comme elles devraient l’être si tu n’avais pas décidé de te négliger depuis ton départ du Nexus, depuis ta séparation. Tu ne pensais pas que quelque chose comme une séparation comme celle avec Sulin pouvait te faire plus de mal qu’un deuil. Et pourtant, quand tu te regardais dans ce mémoire, tu voyais tout ce qui détonnait par rapport à la dernière fois. Tu voyais la fatigue dans tes traits, à peine perceptibles mais présents dans la façon dont tes mandibules étaient collées à ton visage avec la volonté de ne pas y bouger pour l’instant, dans l’affaissement de tes plaques frontales, dans la perte d’éclat de tes yeux pourtant si lumineux – des joyaux, que soufflait si régulièrement ta mère, mais des joyaux dont l’éclat avait été volé par une détresse que tu ne connaissais pas mais qui te brisait chaque jour un peu plus. Tu n’étais pas beau à voir, selon tes standards et ceux de ton espèce, et tu avais presque honte de te présenter ainsi, finalement.
Tu sentis le mouvement du vaisseau qui commençait sa légère descente vers la baie d’amarrage et tu sentis ton estomac se serrer encore plus, te poussant à quitter ton reflet, t’obligeant à ne plus observer ce reflet de toi-même, cette version passée de date de ce que tu étais avant ton départ, avant ton exil et la réquisition de tout ce que tu aimais. Tu étais terrifié à l’idée de mettre un pied ici. Déjà la dernière fois, tu avais eu le cœur serré et l’estomac parfaitement noué, mais là… Là, tu savais que tu te rajoutais une autre dose d’anxiété, celle que tu ne pouvais pas contrôler avec une tête fière et haute, avec une fausse posture de fierté et de courage. Tu ne pouvais tout simplement pas affronter Sulin en gardant la même posture que tu offrais aux autres. Tu ne pouvais pas lui incomber la posture de celui qui s’en fiche, de celui qui demeure fier malgré les ordures qu’on t’avait jeté à la gueule – et à lui, indirectement, aussi. Parce que tu ne t’en fichais pas. Pour les autres, il valait mieux qu’il garde cette belle image, polie et éclatante, mais Sulin… Sulin il avait droit à bien plus, il avait droit à tout ce que les autres n’avaient aucun droit de regard, parce que ça ne regardait que vous, pas le reste du Nexus. Même si visiblement, les autorités prenaient un malin plaisir de s’en mêler. Il méritait bien plus que l’indifférence que tu offrais aux autres. Il méritait peut-être bien plus que toi, finalement. Comme tu l’avais soufflé à Ezra, il avait terriblement le droit de se reconstruire, et de te laisser derrière lui ; ce ne serait que légitime. Tu lui avais apporté bien plus de problèmes que tu n’avais su lui offrir de bonheur, rétrospectivement. Tu ne savais pas si tout ça était vraiment nécessaire pour lui, pas quand il pouvait probablement trouver mieux que toi, bien mieux. Tu ne voulais tout simplement pas le faire souffrir, mais tout semblait te ramener à la conclusion que ton cœur lui-même était un traître, refusant de lâcher prise. Tu posas ton front contre le haut de ton terminal, inspirant et expirant en essayant de trouver une once de courage dans tout ce merdier. Il était bien loin, le fier commandant. Quand tu rouvris les yeux, tu constatas le silence de ton vaisseau, et tu te redressas un peu, ton regard se posant sur l’horizon qui se défilait devant toi : des vaisseaux, des navettes qui voltigeaient, les parois blanchies, le Nexus. Ton cœur se serrait, ton rythme cardiaque s’accélérait légèrement, et tu avais soudainement envie de prendre tes jambes à ton cou et courir le plus loin possible. Toutefois, c’était trop tard. Tu étais prêt à parier que les journalistes du Nexus News s’étaient déjà emparés de l’arrivée du Leviathan – il fallait avouer aussi qu’il n’était pas passe-partout non plus, sans les capacités d’infiltration activées – et que bientôt, tout le Nexus pourrait avoir le loisir de t’observer comme une bête sauvage ou un monstre. Ou les deux, après tout. Et tu devais te jeter dans la fosse aux lions avant qu’on vienne te chercher directement ici, de peur que tu ne caches une bombe ou quelque chose de ce type. Alors, tu soupiras à nouveau, attrapas ta veste blanche en cuir synthétique – après tout, tu n’avais pas non plus le droit de te balader en armure – pour recouvrir le t-shirt noir que tu portais avant de quitter ta cabine, laissant tes avant-bras à l’air libre, l’esprit bien trop sombre. Tu croisas Rux sur le chemin, ainsi que Seth qui s’évertuait à nettoyer les armes entreposées dans le cargo. Après quelques rapides signes à certains de tes ingénieurs, tu attrapas l’une des caisses qui contenait les échantillons que vous aviez récupéré sur Havarl avant de descendre le long de la rampe pour rejoindre la zone d’atterrissage. Tu déposas la caisse dans un coin avant de t’atteler à remonter pour aider les autres à décharger quand Rux te poussa plus loin, te signifiant avec ses propres moyens qu’il était temps que tu arrêtes de gagner du temps sur ce que tu devais faire, sur la personne que tu craignais tant de voir.
Alors tu te plias à la volonté du krogan tandis que ton estomac se nouait un peu plus, ton esprit essayant tant bien que mal de te faire garder une respiration équilibrée malgré tout. Et c’est avec un dernier mouvement de la part de ton collègue que tu te mouvas pour rejoindre la zone de contrôle, ton visage se métamorphosant pour retrouver la froideur de l’indifférence, tes épaules se stabilisant pour ne pas te laisser tomber et garder ta tête droite. « LWSS Leviathan amarré baie F65. » Tu refrénas un soupir et un grognement à l’entente de la voix de l’IV attribuée aux quais ; si tu voulais essayer d’être discret, c’était encore plus râpé maintenant que l’annonce parcourait la totalité de l’espace. Tu remarquas les yeux inquisiteurs de certains mécanos de la baie d’amarrage, ainsi que d’autres, dédaigneux, des équipes de sécurité. Ça allait être sympa, tu en étais persuadé. En quelques foulées, tu te retrouvas dans le poste de sécurité, à checker que tous tes papiers étaient bons, notamment pour les caisses mais aussi et surtout simplement pour ta venue qui était une épine dans le pied de toutes les instances du Nexus. Et la fouille. Un véritable plaisir, surtout sous les yeux dédaigneux et presque haineux de tes confrères turiens qui devaient l’effectuer, mais tu les laissais faire, gardant les yeux clos et un calme presque olympien à ce stade. Tu ne te savais même pas capable d’être aussi calme, pour être honnête, surtout pas quand tu allais te retrouver, d’ici quelques dizaines de minutes, devant la personne qui réussissait si bien à te mettre le cœur en branle et l’estomac en l’air rien qu’avec un regard. Quand ses sourires étaient de véritables trésors que tu chérissais avec le plus grand soin, son indifférence et l’air glacial qui pouvait parfois l’entourer étaient des choses qui te terrorisaient bien plus que de raisons. Tu préférais mille fois te retrouver face à des mercenaires en colère que subir celle froide et intransigeante de Sulin. Il en demeurait que tu te laissas malmener par les agents de la sécurité, laissant parfois tes subharmoniques vibrer avec une once d’énervement quand les mouvements étaient trop brusques – même pour toi – ou quand ils essayaient par tous les moyens de te trouver un problème, quelque chose pour t’empêcher de passer. Tu avais véritablement l’impression d’être un monstre, d’être un terroriste, d’être l’ennemi numéro un du Nexus quand tu étais très loin de l’être malgré tout. Après près de dix minutes, ils te lâchèrent enfin pour te laisser seul au milieu de la foule amassée pour diverses raisons au cœur des quais. Tu repéras les journalistes, un peu plus loin, cherchant peut-être à croiser ton regard sur la zone d’atterrissage où tu aurais dû encore être pour décharger les cargaisons. Toutefois, tu ne t’y attardas pas, tu n’avais vraiment pas envie de te retrouver nez à nez avec une reporter un peu trop fouineuse qui ne tarderait pas à t’obliger à parler. Parce qu’ils y arrivaient toujours, avec des menaces silencieuses, tacites, mais suffisantes à te faire ployer parce que tu ne voulais pas voir tes maigres privilèges piétinés.
Alors tu te décidas à tracer, laissant tes jambes te guider sans réfléchir, te mêlant soudainement à la foule – même si tu savais la difficulté que tu pouvais avoir à le faire, rien que par ta couleur, et parce que ton visage était malheureusement connu de biens des gens. Mais tu fis de ton mieux pour passer inaperçu, glissant entre les corps pour pouvoir rejoindre la station de métro, celle qui t’emmènerait tout droit là où tu voulais aller, et chaque pas qui t’y emmenait t’offrait l’occasion du paradoxe de tes propres sentiments. Confus entre la peur et l’angoisse d’une réaction qui pourrait tout aussi bien te renvoyer dans l’espace le soir-même, et l’excitation liée au manque, aux retrouvailles, l’anticipation de pouvoir enfin revoir celui qui avait capturé ton cœur de façon si inattendue et qui le gardait maintenu ici. Le métro fut compliqué, non pas parce que tu ne savais plus comment le prendre, mais parce que certains regards étaient rivés sur toi et que tu sentais, déjà, à quel point tu ne faisais plus parti du lieu, à quel point tu étais devenu un étranger, une anomalie dans le blanc glacial du Nexus. Tu te sentais presque comme un imposteur, comme si tu n’avais rien à faire là, et tu essayais, tant bien que mal, de maîtriser les grognements qui manquaient de s’échapper, de maîtriser ta mâchoire qui voulait absolument montrer les crocs. Non, tu devais être exemplaire, tu n’avais pas le choix. Mais ce n’était pas l’envie qui manquait. L’envie de leur rabattre le caquet, de faire taire les chuchotements, sur toi comme sur Sulin – comme ton ouïe avait pu le percevoir – et surtout sur Sulin. Il n’avait pas à pâtir de la réputation que tu t’étais malheureusement collé toi-même sur la carapace, et qu’il subissait parce qu’il t’aimait. Parce que tu l’aimais. Alors, tu faisais bonne figure, comme toujours. La tête droite, les yeux fixes, les mains distraites sans être pour autant significatives du stress qui coulait sous ta peau. Lorsque la sonnerie du métro sonna pour ta station, tu ne tardais pas pour t’en échapper, t’extirper des regards inquisiteurs et dédaigneux, des chuchotements et des remarques acides. Tu n’esquissas qu’à peine un mouvement quand on essaya de te faire un croche-pied à ta sortie, et c’est sans un regard que tu continuas à tracer, espérant arriver le plus vite possible là où tu voulais aller. Si la colère froide de Sulin te faisait peur, il demeurait un sanctuaire, une présence solide et implacable qui ne chuchoterait pas dans ton dos, qui ne te déverserait pas un regard empli de venin et d’acide. Et tu avais besoin de le voir, terriblement, un besoin que tu ne pouvais décemment pas contrôler, qui te poussait à avancer plus vite avant que tes subharmoniques ne deviennent incontrôlable par ton agitation. Une agitation grandissante à mesure que les regards – pourtant autrement habitués à ta présence – des scientifiques des labos se posaient sur toi avec une curiosité malsaine, et que les chuchotements, les murmures acerbes reprirent de plus belle pour parasiter ton ouïe. C’était infernal. Ça ne s’arrêtait jamais. Jamais. Et entre ta crainte, ton excitation de voir Sulin et ça, tu commençais sérieusement à devenir malade, à sentir tes jambes ployées sous cette chappe de plomb qui voulait absolument t’enterrer d’une honte qui n’était pourtant pas la tienne, pour tes torts que tu n’avais pas sciemment commis, pour une erreur qui était justifiée mais dont la justification tombait dans l’oreille d’un sourd, à chaque fois. Tu commenças à ralentir la cadence lorsque la vue du labo et bureau de Sulin fut en vue, et que ton cœur commença de nouveau à s’emballer, comme si la simple vue de ces murs suffisait à faire grimper tes émotions comme à les stabiliser. Tu pris quelques maigres secondes – que tu ne pensais pas un jour avoir besoin, vraiment – pour inspirer, expirer, avant de reprendre une marche normale, plus posée, plus calme, plus sereine, plus proche de ce que tu étais vraiment, en surface. Les insécurités, la peur, l’angoisse, c’était des choses que tu ne réservais qu’au privé, qu’aux espaces où seuls les yeux choisis pouvaient voir que sous la couche épaisse de confiance en soi il y avait bien plus de craintes que de certitudes, bien plus de peur que d’espoirs. Tu étais les deux pendants d’une même pièce, autant plein de confiance en toi qu’autant d’insécurité et de désillusion. Ton pas était plus léger, toutefois, plus calme, et tu savais que tout ça, tout ça ce n’était que parce que tu allais le voir lui. Quand Aranea, de son temps, mettait le feu aux poudres de ton caractère, enflammait chaque cellule pour qu’elles deviennent de véritables bombes à retardement, Sulin t’offrait le calme et la sérénité même dans la peur, même dans la crainte, il t’offrait bien plus de paix d’âme, il t’offrait ce dont tu avais besoin intimement, et pas seulement en surface. Il était bon, pour toi. Bien plus que quiconque l’avait été auparavant. Mais toi ? Toi, tu ne savais pas si tu étais aussi bon pour lui qu’il l’était pour toi, et ça… ça faisait aussi parti de ta pile à incertitudes. Tu étais toujours impulsif, sanguin, terriblement accro à l’adrénaline et au danger, mais en sa présence, tu n’avais nullement l’envie d’avoir une arme entre tes mains, seulement sa main, aussi niais que cela puisse paraître. Tu soufflais doucement, une dernière fois, avant de te présenter dans l’encadrement de son bureau, ne dépassant pas le seuil, sachant qu’il s’agissait là du sanctuaire de ton amant et que tu n’allais nullement en fouler le sol sans son autorisation. Tu t’adossas, à moitié, contre l’encadrement de la porte, les yeux fixés sur cette figure que tu aimais tant, plongée dans un énième travail qui creusait ses rides et ses traits d’une si belle manière. Tu profitas de quelques maigres secondes pour simplement l’observer, et tu savais que tout l’amour que tu avais pour lui devait filtrer de tes yeux en leur donnant un nouvel éclat que tu ne pouvais pas contrôler. Tu esquissas un léger, très mince, sourire avant de te racler très légèrement la gorge, attirant son attention. Hey, Sulin. C’était terriblement maladroit, tu le savais, et ce encore plus avec la légère teinte de flirt dans ta voix, soutenue par le léger ronronnement qui s’échappait déjà de tes subharmoniques. Tu étais en territoire dangereux, et tu savais qu’au moindre faux pas de ta part, tu pouvais bien finir dehors. Je t’ai manqué ? Tu soufflas, espérant t’attirer un sourire de son propre cru à ton flirt incessant et pourtant si naturellement honnête avec lui, ta voix autant tremblante d’anxiété que d’affection. Mais tu te doutais aussi que tu pouvais très bien te prendre le datapad non loin en pleine tronche pour une telle insolence. Mais il l’aimait ton humour insolent, il aimait tes maladresses dans ce genre de situations. Alors, tu jouais là-dessus. Et tu priais, très fort, pour qu’il ne te jette pas. Pour qu’il ne te fasse pas sentir comme un étranger, un imposteur, un monstre, un assassin, une vermine, et ce malgré les piercings qui étaient là pour confirmer ton affiliation à ce monde lointain et terriblement dangereux malgré tout. Tu avais juste terriblement envie de le prendre dans tes bras et de le garder là jusqu’à ce qu’on t’y arrache, à nouveau.
Sulin Morlan & Sylhas Astros I have wondered about you Where will you be when this is through? | |
| Posté le Mar 25 Aoû - 13:23 | I am the very model of a scientist salarian! Profession : Scientifique référent du Nexus Habitation : Sur le Nexus, encore et toujours | | Hey, I'm back, I'm back home I think I've seen this film before and I didn't like the ending. You're not my homeland anymore, so what am I defending now? You were my town, now I'm in exile, seein' you out ◊ ◊ ◊ C'était un de ces jours où il se surprenait à aimer le silence.
Un de ces jours où ses pensées ne cessaient d'être parasitées par la même personne, le même visage encore et toujours, ces mêmes yeux verts. C'était un de ces jours où l'envie n'était plus la même, celle d'apprendre, d'enseigner, celle de partager, d'avancer dans ses recherches, d'avancer dans sa vie. Il avait dîné avec Ashton Ryder la veille, il lui devait bien ça pour tous les services qu'il lui avait rendus, après tout. Peut-être qu'il s'est dit qu'il y parviendrait, égoïstement. Qu'il parviendrait à oublier. Qu'il se noierait dans le bleu comme il le faisait dans le vert avant, qu'il avait passé l'âge d'être éternellement fidèle à un souvenir, une idée de l'amour qui lui avait définitivement échappée. Il s'est dit qu'il essaierait d'apprécier ce moment comme Tamia le lui avait conseillé. Il n'avait pas pu. Tout ce qu'il ressentait, c'est cette pointe de culpabilité qui lui taraudait les côtes. Tout ce qu'il a ressenti, c'est les restes de cette brûlure cuisante d'injustice. Une injustice que le Pionnier n'avait pu réparer malgré son apparente bonne volonté. Une injustice qui lui maintenait la tête tournée vers le passé.
- Sortez.
Les quelques étudiants sur le projet qu'il accompagnait tournèrent la tête vers lui en même temps. Ils savaient ce que ça signifiait, certains osèrent même en soupirer. Ils en avaient un peu marre, des états-d'âme du Morlan, mais la plupart comprenaient. Ils se disaient qu'ils ressembleraient peut-être à ça un peu plus vieux, alors ils ne préféraient pas juger. D'autant plus que Sulin parvenait souvent à trouver la solution à ce qui les préoccupait scientifiquement une fois seul, quand bien même ce n'était pas très pédagogue. Les doigts courant le long de la représentation holographique du corps d'un galarien et de sa maladie orpheline, Sulin fronçait les sourcils, passait les doigts dans une barbe naissante, prenait appui sur une table quelques instants, tournait encore une fois. C'était un travail de longue haleine, ô combien passionnant. Depuis que les conversations de ses élèves n'étaient plus là pour le perturber, c'était plus facile. Plus facile de se concentrer et plus facile d'éviter de penser à ces temps heureux où il n'était pas surpris de voir Sylhas apparaître sur le pas de la porte de son laboratoire. Au début, il s'est dit que ce n'était pas possible. Que c'était une blague, un piège qu'on lui tendait pour voir où allait sa loyauté. Qu'il rêvait peut-être, que son cerveau avait fini par perdre pied, qu'il empruntait le même chemin tumultueux que sa mère et qu'il finirait seul, fou et désespéré. Mais non. Il savait que ce n'était pas le cas. Même son cerveau n'était pas suffisamment cabossé pour imaginer pareille torture. Tout ce qu'il avait fait lui revint comme une vague trop froide en pleine figure. L'éviter, lui tourner le dos, leurs derniers mots. Auparavant figé comme du marbre, Sulin se remit en mouvement et s'intéressa à un gadget mis au point dernièrement pour détecter les fameuses excroissances galariennes qu'il étudiait. Passionnant, ce petit instrument. Il n'en avait pourtant aucune utilité, se contenta de le démonter et le remonter nerveusement. Il avait changé, tellement changé. Il avait sûrement pris des coups et Sulin ne comprenait pas d'où venaient les éclats dorés qu'il remarquait de là où il était. Peut-être les imaginait-ils ? Quoi qu'il en soit, il était toujours lui et sa vision remuait le cœur du scientifique d'une manière bien douloureuse. Il songea sérieusement à l'ignorer de nouveau, pour se préserver. Il y songea sérieusement. C'était plus facile que de répondre à son interjection comme si de rien n'était, comme si tout ce qu'ils avaient vécu ne s'était pas passé. Il aurait pu lui jeter ce foutu gadget pour ça, mais il y tenait trop et il savait très bien qu'il n'y avait pas d'autre manière d'agir. Que ce « hey, Sulin » était finalement tout ce qu'il leur restait. Mais c'était maladroit, terriblement maladroit, tellement maladroit que ça le faisait sourire. Sourire en souvenir du passé où cette maladresse presque palpable le faisait oublier tout ce qu'il le préoccupait, sourire tristement.
Sa question manqua de l'achever, le poussa même à enfin lever les yeux vers lui. Il ne pouvait plus l'ignorer. Il ne pouvait qu'imaginer le mal que cela lui avait fait la première fois. Mais cette question, cette question lui donnait des envies de meurtres. S'il lui a manqué ? S'il a souffert de son absence ? Il ne vit plus. Il a l'impression d'être un foutu satellite en orbite autour d'une planète qui ne fait que s'éloigner de lui encore et encore. Un satellite tout paumé, qui ne sait pas où aller, qui ne sait plus quoi faire sa pauvre existence. S'il lui a manqué ? Il crève lentement depuis qu'il est parti.
- Entre, puisque tu es là.
Alors il rend coup pour coup, la mâchoire crispée. Ça lui détruit le cœur, il reste le regard baissé. Puisque tu es là. C'est bas, c'est mesquin. Il le regrette immédiatement. Le gadget reconstitué pour la troisième fois, il l'abandonne un peu sur le côté pour le regarder. Pour qu'il voit la vérité dans ses yeux, dans ses yeux qui ont trop pleuré. Pour qu'il ne s'imagine pas qu'il l'a oublié, malgré ses mots et son attitude. Pour qu'il comprenne qu'il essaie simplement de se protéger, qu'il ne sait pas comment agir autrement.
- C'est original, les piercings.
Puisqu'il peu enfin les voir et puisqu'ils ont décidé de faire comme si tout allait bien. Il se maudit immédiatement pour ça, pour cette remarque aussi froide que la distance qu'il lui impose. Celle de ce bureau, celle qu'il n'hésitera pas à augmenter si le turien essaie de se rapprocher. Il ne veut pas de contact avec lui. Il ne veut pas le laisser s'approcher, il sait que ça le blesse. Il sait que ça ne fait qu'amplifier l'idée qu'il doit se faire depuis sa dernière visite au Nexus. Il sait tout ça et ne bouge pas. Ne pas bouger, c'est se préserver et il est trop endommagé pour risquer quoi que ce soit. Pourtant, la cicatrice qu'il remarque sur le visage de son amant, celle qui n'était pas là avant, celle qu'il a dû se faire là-bas. Sur cette planète cruelle qu'est Kadara. Celle là le pousserait presque à venir prendre de ses nouvelles, sérieusement. A essayer de savoir si sa carapace est toujours aussi solide qu'auparavant, s'il tient le coup. Presque.
- J'aime bien.
Et là encore, il a envie de boire le premier truc qui lui vient sous la main pour se punir. C'est ridicule, ridicule de faire tout ça. De continuer à faire semblant. Ca ne lui ressemble pas. Alors il met toujours plus de distance entre eux, se réfugie derrière la silhouette qu'il étudiait avant son arrivée. Cela ne sert à rien, il ne la voit même pas.
- Qu'est-ce que tu fais là, Sylhas ?
N'as-tu pas reconstruis ta vie, finalement ? Le motif de sa visite sur le Nexus l'indiffère, à vrai dire. Ce qu'il veut savoir c'est pourquoi. Pourquoi est-ce qu'il est là, devant lui. Qu'espère-t-il, que veut-il encore de cette relation brisée, de cette histoire morte et presque enterrée.
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Dernière édition par Sulin Morlan le Mar 25 Aoû - 18:53, édité 1 fois |
| Posté le Mar 25 Aoû - 13:31 | I'll relinquish one bullet. Where do you want it? Profession : Ancien Spectre, désormais chasseur de primes et d'artefacts Habitation : Kadara, mais aussi beaucoup sur ton propre vaisseau, le LWSS Leviathan | | Hey, i'm back, i'm back home Nexus | Cela faisait mal de revenir là, de revenir ici, au milieu d’un lieu que tu connaissais sur le bout des doigts mais qui te paraissait si étranger, si hors de ta portée aujourd’hui. Les murs blancs étaient devenus agressifs quand tu avais toujours trouvé un certain confort dans la douceur de leur couleur, la lumière artificielle agressait tes yeux pourtant habitués à telle luminosité sur ton propre vaisseau. Mais tu étais désormais habitué à la lumière tamisée, à cet éternel crépuscule de Kadara qui choyait avec fougue les couleurs que tu arborais toi-même. Tu n’étais plus habitué à lever les yeux au ciel pour voir les navettes passées comme de minuscules fourmis voltigeant dans les cieux, maintenant… Tu regardais vers le bas, tu observais le monde différemment, comme si tu étais attaché, comme un pendu, à l’envers, tu voyais tout ce que tu connaissais comme une pestilence qui t’écorchait sans te toucher. Tu avais beau tendre la main, tout t’échappait, comme de l’eau glissant entre tes trois doigts, entre tes ergots, sur les parcelles de ta peau de suède entre les plaques de métal, brûlait cette peau déjà écorchée par le temps. Tu te sentais comme un étranger dans ce qui fut pourtant ta maison d’enfance, et le regard des autres suffisait à te rendre encore plus minuscule, suffisait à t’enfoncer encore six pieds sous terre. Tu n’étais même pas encore arrivé à ta destination qu’une part de toi regrettait d’avoir mis les pieds ici, regrettait que tu t’infliges la souffrance imposée par tes pairs. Mais tu avais besoin d’être là. Tu en avais terriblement besoin. Parce qu’il n’y avait peut-être plus qu’un seul endroit dans cette foutue galaxie où tu n’avais pas l’impression de mourir, où tu n’avais pas l’impression constante d’étouffer. Sur le terrain, c’était différent. Tu étais concentré à une seule tâche : celle de ne pas mourir même si la tentation était follement attirante, et tu n’étouffais pas. Mais dès que tu retirais l’armure, que tu faisais tomber les armes et qu’il ne restait plus que toi, brûlé, écorché vif par les déceptions, par l’injustice, par le deuil, par un chagrin qui ne cessait de grandir en même temps qu’un manque qui essayait toujours plus de t’avaler dans une dépression sans précédent. Sur le Nexus, tu étouffais parce que tu n’étais plus à ta place, tu te sentais observé comme une bête sauvage, comme une nouvelle proie que l’on tentait d’apprivoiser à coup de regards acides et de remarques stériles de personnes à la pensée asinine. Sur Kadara, tu n’étais pas à ta place non plus, tu étais traqué, observé comme une potentielle bombe à retardement qui pourrait à tout moment explosée et rendre compte d’un génocide des exilés sans comprendre que tu faisais malgré toi parti d’eux aussi, et que t’imposer tel exercice, c’était également te condamner. Peut-être était-ce finalement la solution ? Te condamner pour de bon. Sulin trouverait une raison de passer à autre chose, de tourner la page si tu n’étais physiquement plus de ce monde, il s’en remettrait. C’était terriblement cruel, comme façon de penser, terriblement égoïste, mais qu’est-ce qu’il te restait ? Même sur ton vaisseau, tu n’étais plus toi-même. Tu n’étais plus le fier commandant qui dirigeait d’une main de fer et pourtant souple un équipage que tu considérais comme une famille que tu repoussais pourtant constamment parce que tu avais peur de la pitié, tu avais peur que l’on te juge inapte à ton exercice. Tu n’étais même plus le fier soldat qui jouait à ce que chaque balle qui quittait ton barillet ait de l’honneur, de la dignité. Tu étais devenu un renégat, ceux-là même que tu traquais quelques années en arrière, frappant un gamin de toutes tes forces pour lui apprendre la difficulté de ce qu’il voulait devenir, aboyant au grès de tes humeurs contre des ingénieurs qui avaient le malheur de ne pas faire quelque chose exactement comme tu le voulais, celui qui laissait ses subharmoniques pleurer contre l’oreille d’un krogan qui ne savait que ô combien tu souffrais et à quel point chaque minute était devenue ton propre cercle infernal.
Tu pensais, sincèrement, que voir Sulin était une bonne idée, que ça pourrait te donner de quoi te lever le matin, de quoi prendre ton arme et retrouver les valeurs que tu chérissais avec autant d’ardeur par le passé, de quoi redresser la tête, repeindre tes marques avec une certaine clarté, avec une certaine fierté. Tu pensais, naïvement, que tu pourrais revenir comme ça, pour pouvoir retrouver un peu de la vie qu’il t’insufflait si facilement, pour retrouver un peu d’oxygène, mais tu étais naïf. Pourtant, tu n’étais pas quelqu’un à l’espoir forgé par le temps, bien au contraire. Tes espoirs s’étaient faits abattre comme tu effondrais tes cibles à l’aide d’une seule et unique balle. Et tu avais été le porteur de cette balle, si ce n’est même la balle elle-même. Tu avais eu tellement peur, pendant toutes ses années de vie, de finir comme ton paternel, à disparaître pour une raison obscure, que tu ne t’étais pas vu le devenir. Tu n’avais pas disparu miraculeusement, mais tu avais disparu pour une raison, pour une quête éphémère qui avait tout détruit sur son passage. Tu avais été le seul acteur de ta propre défaillance, et du malheur de celui que tu aimais plus que l’univers lui-même. Tu t’étais tant évertué à ne pas devenir celui que tu détestais que tu avais finir par complètement occulter l’idée que tu étais en train de le devenir toi-même, que tu étais en train de marcher sur ses pas. Et maintenant, face à ce sanctuaire qui était celui de ton amant, tu te demandais vraiment si tu méritais ne serait-ce que de le voir. Il s’était battu pour toi, pour ton cas, il en avait perdu des plumes dans ce combat à sens unique, stérile, et avait perdu, parce que tu t’étais toi-même condamné le jour où tu avais fait cette requête de mission. Au lieu de simplement tourner le dos à ton passé, à ce qui était un boulet à ta jambe, parce que tu le pouvais, tu en avais eu la possibilité, avec lui, tu avais décidé de foncer dans le tas en pensant faire quelque chose de juste, d’honorable. Quelque chose qui t’aurait véritablement permis de tourner la page, une bonne fois pour toute, quand pourtant, tu n’en avais déjà plus véritablement le besoin, pas fondamentalement. Tu t’étais aperçu trop tard que ce dont tu avais besoin, ce pourquoi tu vivais si librement, tu l’avais déjà devant toi. Stupide, naïf, que tu avais été. Et maintenant, tu payais pour tes erreurs, tu payais pour ta frivolité, tu payais pour cette vengeance aseptisée qui ne t’avait rapporté rien si ce n’est plus de souffrance, plus de peine, plus de chagrin et plus de mal. Et pas seulement à toi. Et c’était ça aussi, qui te tuais si aisément. Que tu souffres, c’était une chose, tu pouvais vivre avec ça. Tu le faisais depuis que tu étais gamin, entre les remarques désobligeantes sur toi et ton ascendance, entre la perte d’un père qui ne t’aimait pas suffisamment pour refuser de partir. Mais tu ne pouvais tout simplement plus tolérer le fait que tu brisais quelqu’un qui t’était terriblement cher dans ce processus. Tu mourrais avec son absence, mais tu savais que la réciproque était aussi vraie, et ça finissait par t’empoisonner l’esprit, ça t’incombait d’une culpabilité qui rendait chaque mouvement compliqué quand tu n’étais pas sur le terrain. Tu t’étais perdu en chemin, tu étais peut-être en train de te noyer, et peut-être, oui, valait-il mieux que tu finisses par te condamner. Ils se remettraient, il se remettrait de ta mort. C’était un chemin facile, mais pourtant, tu savais que ce n’était pas si simple. Après tout, c’était la promesse de son sourire qui réussissait à te garder en dehors de l’eau.
Mais ce n’était peut-être là que du sursis. Tu n’étais peut-être qu’en sursis. Et si ton reflet n’était pas une preuve suffisante, ton attitude suffisait à démontrer qu’il y avait eu du changement, et que les coups que tu avais pris avaient été suffisants pour te mettre à genoux et extirper tout le souffle qui existait au cœur de tes poumons. Tu évitais, à mesure que tes pas fonctionnaient encore, ton reflet dans les vitres qui composaient les laboratoires, préférant glisser comme un fantôme jusqu’à ce que toute apparition de ta personne soit invisible à ta périphérie. Tu ne supportais presque plus l’image que tu étais devenue, pas aujourd’hui du moins. Tu avais du mal à concevoir à quel point tu t’étais négligé, quelle honte il s’agissait là pour ton ascendance, pour la totalité de cette culture que tu bafouais en refusant de prendre soin de ces marques pourtant si porteuses de fierté. Et ce sanctuaire… Ah, peut-être avait-il finit par être empoisonné aussi. Le voir te faisait autant de mal que de bien, rendait ton cœur autant plus léger que plus lourd, rendait ton esprit aussi confus que plus clair. Mais le voir t’ignorer à moitié acheva un dernier coup à toute ton anxiété, la laissant en roue libre, laissant ta maladresse se caractérisée en quelques remarques déplorant ton intelligence. Elles étaient symboliques de ton angoisse, de ton anxiété, et de tout ce que tu étais, avant de partir, mais légèrement passé parce que le ton n’y était pas complètement. Même là, tu étais passé, tu étais vieilli. Tu sentais tes ergots, destitués de gants, s’enfoncer dans ta peau de cuir, par anxiété, sans pour autant en échapper du sang même si l’envie était pressante. L’envie d’achever un peu de douleur physique pour camoufler la détresse psychologique était quelque chose que tu connaissais, que tu avais vécu quand tu t’étais perdu sous les lumières néons d’un bar sans prétention, quand tu t’étais laissé battre par tes pairs à l’arène dans l’espoir que cette douleur te réveillerait d’un cauchemar dans lequel tu étais bien trop souvent plongé. Peut-être que tu avais fais une erreur en venant. Peut-être que tu aurais dû rester loin, que tu n’aurais pas dû venir, que… Que tu aurais dû accepter cette idée conne de te faire passer pour mort. Son regard était glacial, le bleu de ses yeux transperçant sans mal cette carapace qui menaçait déjà de s’effondrer dès que tu te retrouvais à cette place. Ta position, ton attitude, tout était désormais fragile, tremblant, à deux doigts de s’effondrer. Tu étais à deux doigts de t’effondrer, de laisser tout là et de t’en aller, de prendre tes jambes à ton cou pour lui éviter plus de douleur parce que tu savais que tu en avais déjà trop fait, et tu le voyais. Tu voyais les coups que ta disparition, que ton départ avait fait sur lui. Ses traits plus durs, son attitude plus renfermée, et tu sentais tout ce que tu craignais : le rejet, le besoin que tu ne sois pas là, que tu sois au loin. Il ne te voulait pas ici. Tu le sentais, et ce n’était pas difficile de comprendre pourquoi. Tu lui avais fait énormément de mal, qu’est-ce que tu attendais ? Tu t’attendais à ce qu’il t’ouvre les bras, te couvre de sourires comme si rien ne s’était passé, comme si tu n’avais pas brisé son cœur ? Idiot que tu étais. Il n’y avait rien de tout ça pour toi, ici, et tu t’en rendais compte, maintenant, avec cette remarque, froide, glaciale qui agita tes subharmoniques de façon à ce que tu n’aies plus de contrôle sur elle. Tu aurais été humain, les larmes n’auraient probablement pas été loin vu la façon dont tes cordes vocales secondaires s’emballaient. Peut-être qu’il l’entendrait. Peut-être, tu n’en savais rien. Tu n’arrivais pas à te concentrer sur leur intensité, à te concentrer dessus, pas quand sa remarque t’indiquait une chose d’un côté, et l’inverse de l’autre. Tu baissas ton regard, tes mandibules toujours fermement collées à ton visage et ne s’étirant nullement en un sourire avant de faire un pas à l’intérieur du bureau, juste un seul, avant que tu ne t’adosses au mur. Sulin instaurait la distance, tu avais terriblement envie de la briser, mais tu savais mieux que le faire, même si ton cœur hurlait d’envie de le faire, de foutre tout ça en l’air et de le kidnapper pour qu’il parte avec toi. C’était si idiot. Tu te raclas doucement la gorge, à nouveau, accusant encore le coup de cette remarque que tu répétas, à voix basse. Yup, puisque je suis là, hein... Tu gardais les yeux rivés au sol, pendant quelques secondes, le temps que tes subharmoniques réussissent à se stabiliser, à se reconcentrer, à calmer. Que TU arrives à te calmer, finalement. Tu n’avais plus de contrôle sur toi-même, plus rien. Pourtant, tu relevas les yeux vers lui, et tes iris verts croisèrent le bleu des siens, et tu savais pourquoi tout ça était aussi froid, aseptisé. Tu le savais déjà auparavant, avant même de mettre un pied à l’intérieur de son bureau, mais tu le constatais juste. Tu le voyais à la trisse qui se lisait derrière ses pupilles, aux traits fatigués et aux cernes – tu n’étais pas sûr du terme – visibles sous ses yeux, tu le voyais à cette posture qui était aussi fragile que la tienne, à cette attitude qui camouflait simplement ce qui était logique et sensé de sa part : de la préservation, de la protection. Il se protégeait, de toi. Tes craintes, d’une certaine manière, se réalisaient. Parce qu’il agissait différemment vis-à-vis de toi, mais, et c’était la seule chose qui trouvait grâce à tes yeux et à ton pauvre cœur, ce n’était pas pour les raisons que tu avais crains au départ. Il t’aimait toujours, il ne te considérait pas comme le monstre que le conseil voulait que tout le monde voie en toi. Il était toujours là. Mais il se protégeait, et il avait raison. Après tout, tu étais un agent de la destruction, maintenant.
Tu avais du mal à soutenir son regard, soutenir l’intensité qui se dégageait ses pupilles – une intensité qui devait être égale dans les tiens, bien que plus passés, beaucoup trop fatigués par ces derniers mois, cette dernière année. Tu voulais soutenir son regard parce qu’il méritait à ce que tu essayes, un minimum, de ne pas t’effondrer, mais chaque seconde passée à le regarder rajoutait une pique de plus dans cet organe battant au fond de ta poitrine. Pendant une seconde, ton corps bouge, un pas, rien qu’un pas, avant que tu ne t’arrêtes, baissant les yeux, rompant tout contact pour revenir à ta place initiale. Cette distance t’assassine, mais tu te dois de la maintenir, pour son bien. Tu n’es pas sur ton territoire, ce n’est pas toi qui as les commandes ici. Tu es un intrus. Une de tes mains se pose doucement sur les deux anneaux qui ornent une de tes cornes à sa remarque qui, bien que froide, arrive à t’arracher un semblant de sourire derrière l’angoisse meurtrie qui continue de ronger tes os. Ton pouce glisse contre le métal, distraitement avant de se loger à l’arrière de ta nuque, là où tu sais qu’une autre cicatrice règne, une de celle que tu ne peux pas voir mais que tu sens à chaque fois que tu passes ta main sur ta peau de cuir. Et tu finis par laisser retomber ta main, mollement, pour croiser tes bras contre ton torse, pour garder un minimum de contrôle sur tes mouvements. Sans ça, tes mains n’arrêteraient probablement pas de trembler, de chercher un support, quelque chose pour te maintenir un minimum calme, un minimum fixe, stable. Tu ne l’étais plus, stable. Toute ta stabilité avait fondue comme neige au soleil dès que tu avais croisé son regard. Tes mandibules se repositionnent contre ton visage, fixes, stables, alors qu’il annonce apprécier ses piercings. Tu aurais probablement souris, peut-être même ris si les circonstances étaient différentes, s’il n’avait pas prononcé ses mots avec le ton glacial qu’il utilise depuis que tu avais ton entrée ici, avec ce que tu interprètes comme de l’indifférence, presque. Ce qui fait mal. Ce qui t’oblige à tourner ton regard pour observer le bureau, pour éviter son regard, pour éviter la glace. Eh bien.. Content que tu aimes. Tu souffles, ton timbre reprenant un poil de ton flirt habituel, bien que teinté de cette même tristesse et de cette angoisse qui empoisonne chacune de tes remarques, chacun de tes mouvements. Pas vraiment faits par choix, mais bon. Au fond, si. Tu as choisi de les faire. Ces sont les raisons quant à les faire qui ne sont pas véritablement de ton pouvoir. Tu ne les as pas faits par pur plaisir esthétique, mais bien pour éviter de ressembler à ce pauvre type jeté comme un malpropre par l’initiative. Tu les as faits pour que la cible sur ton dos finisse par rétrécir, rien qu’un peu. Tu ne sais même pas pourquoi tu as répliqué, tu ne sais pas à quoi ça sert, quelle utilité ça a à l’heure actuelle. Entretenir quelque chose qui est trivial, anecdotique ? Pourquoi ? Tu ne sais pas. Mais tu t’accroches, un peu, à ça. Probablement parce que ça signifie que tout n’est pas mort, tout n’est pas détruit, parce que vous êtes encore capable de vous parler de choses triviales, de choses qui ne sont pas importantes. Ces piercings ne sont pas importants, ils ne sont rien face à l’état de votre relation, celle que tu as toi-même rompue, et dont la rupture aujourd’hui te brise en mille morceaux. Mais là encore : tu étais le seul coupable de ton propre malheur.
Un malheur qui n’a de cesse de grandir, de marteler ton cœur et chacun de tes os encore en état de fonctionner, et surtout quand tu le vois mettre encore plus de distance entre vous pour se réfugier derrière une silhouette holographique. Et tu inspires, doucement, levant la tête, alors que tes épaules s’effondrent à sa question. Le masque se fracture, se brise, petit à petit, pour qu’il ne reste rien de plus que le turien qui a pris dix ans en pleine tronche en un an, le turien qui cauchemarde, qui se perd dans des balles perdues, le turien qui crève juste d’envie de le prendre dans ses bras et de faire tout ce qu’il a en son pouvoir pour recoller les morceaux, pour sauver cet amour. Parce que tu veux le sauver. Plus que tout. Mais tu as peur. Tu as peur de le faire souffrir, encore et encore. Tu as peur que finalement, cette relation ne soit qu’un poison pour lui, ne soit finalement rien de plus qu’une énième déception dans une liste que tu sais longue. Après tout, qu’est-ce que tu lui apportes ? Qu’est-ce que tu lui offres ? Pourquoi tu t’accroches ? Pourquoi tu ne le laisses pas vivre ? Pourquoi tu ne le laisses pas tranquille pour qu’il vive une magnifique vie avec le pionnier qui lui tourner autour ? Pourquoi tu ne peux juste pas laisser tomber et le laisser vivre ? Et il a raison, qu’est-ce que tu fais là ? Tu viens remuer le couteau dans la plaie? Tu viens lui faire du mal, encore et encore ? Tu viens en finir ? Tu viens essayer de recoller des morceaux potentiellement irréparables? Qu’est-ce que tu viens faire si ce n’est essayer de te soigner toi ? Tu ne sais pas. Tu sais que tu as agis sous l’instinct, comme tu fais toujours, mais soudainement, toutes tes justifications, tous les scénarios que tu as créés dans ta tête n’ont plus de valeur, plus de substance. Au final… Il ne reste plus que la cruelle vérité, celle que tu as peur d’admettre parce qu’elle n’est peut-être pas suffisante, elle n’est peut-être pas suffisante pour recoller les morceaux, elle n’est peut-être pas assez pour espérer quoi que ce soit qui semble déjà presque mort aux yeux de celui que tu aimes tant. Je… Je voulais te voir. Tu me manques. Tu souffles doucement, la voix tremblante, et le regard fuyant, fixé sur quelque chose dans le bureau, non loin de Sulin, mais pas sur lui. Tu n’y arrives pas. Tu laisses toute ta posture tombée, tes épaules perdant l’amas de courage que tu avais réunis pour traverser le Nexus jusqu’ici, tu laisses ta tête basculée très légèrement sur le côté, exposant une partie de ton cou, inconsciemment, et tes mains qui étaient sur tes biceps tombent pour s’emmêler entre elles. Il est perdu, le fier commandant. Il s’est noyé, le commandant d’un vaisseau incroyable. Il est enterré, le turien courageux. Qu’est-ce qu’il reste ? Un cadavre ambulant, probablement. Tu es revenu au point de départ, le même état – à peu de choses près – que lorsque vous vous êtes trouvés, lui et toi. Tu inspires doucement, fermant les yeux pendant que tes subharmoniques se calme à nouveau, espérant que les fréquences qui s’expatrient d’elles ne soient pas suffisamment puissantes pour qu’il les entende, pour qu’il n’ait pas à subir la détresse que tu déploies sans le vouloir. Mais.. Si tu veux que je m’en aille, parce que tu ne veux pas me voir, je m’en vais. Tu lèves enfin les yeux, laissant le vert cristallisé dévoilé la totalité de la détresse qui s’y découle et tout l’amour qui s’y cache. Cet amour encore fort, battant, puissant que tu maintiens comme un précieux trésor que tu ne veux pas lâcher. C’est peut-être ton bien le plus précieux, cet amour là, aujourd’hui. Et pour rien au monde tu ne le l’abandonneras. Pas aujourd’hui, pas demain, jamais. Mais la galaxie… Elle, elle veut que ça soit finit, elle veut qu’il ne reste rien de toi, de lui, de vous. Et peut-être est-ce une volonté divine ou tu ne sais quoi, mais tu refuses. Tu ne peux pas accepter cette issue, et en même temps… Tu ne veux pas le faire souffrir. Pas encore. Pas plus. Mais tu n’arrives pas à le dire. Tu n’arrives pas encore à expire ces paroles pourtant si sincères de vérité, si transparentes d’une volonté véritable dans tes actions. Tu n’as, au final, que toujours voulu son bonheur, même bien avant que les sentiments soient partagés et réels, avant qu’ils ne soient tangibles et sincères. Avant tout, tu veux son bonheur. Le sien. Uniquement. Le tien n'a au final que peu d'importance quand tu peux avoir la certitude que lui, il le trouvera, même si c'est chez quelqu'un d'autre que toi.
Sulin Morlan & Sylhas Astros I have wondered about you Where will you be when this is through? | |
| Posté le Mar 25 Aoû - 17:59 | I am the very model of a scientist salarian! Profession : Scientifique référent du Nexus Habitation : Sur le Nexus, encore et toujours | | Hey, I'm back, I'm back home I think I've seen this film before and I didn't like the ending. You're not my homeland anymore, so what am I defending now? You were my town, now I'm in exile, seein' you out ◊ ◊ ◊ Sulin n'avait pas pour habitude d'être égoïste. Il n'avait pas pour habitude de se protéger lui plutôt que les autres. Sulin, il avait même consacré sa vie aux autres, à la recherche, à la résolution de problèmes qui pour la plupart ne le concerneraient jamais. Alors se montrer égoïste là, devant lui, pour cette raison, c'était dur. Tellement dur qu'il ne tenait plus vraiment debout, qu'il se sentait un peu comme si on avait interdit à ses poumons de se soulever et à ses jambes de la porter. Il repensait encore à la façon dont sa journée avait commencée, sa journée grisâtre, sa journée qui était semblable à toutes les autres mais qui lui hurlait dans les oreilles le prénom de Sylhas. Peut-être qu'il aurait dû l'écouter, peut-être qu'il aurait eu le temps de se faire à l'idée qu'il allait revoir son visage aujourd'hui. Et pourtant, ce turien là était bien différent de celui qu'il avait laissé partir ici-même, sur ce maudit Nexus. Il était plus usé, plus abîmé, il avait davantage vécu, reçu à la figure. Il avait souffert, tout comme il souffrait actuellement à cause de lui. A cause de Sulin qui se refusait à lui donner ce qu'il était venu chercher. Un peu d'affection, un peu d'attention, la preuve qu'il l'aimait toujours un peu, qu'il tenait sa promesse. Mais le souvenir de cette solitude désarmante qu'il avait subi de plein fouet sur les quais de cette station était encore trop vif, trop pénible. Il se souvenait des nuits sans pouvoir dormir, à se demander où il était, ce qu'il faisait, s'il était toujours en vie. A se retenir de lui envoyer un message pour prendre de ses nouvelles, parce que c'était trop dur de savoir que sa réponse ne changerait de toute manière jamais rien. Il lui restait ce gout amer sous la langue quand il lui avait dit de l'emmener avec lui et qu'il avait refusé. Il avait refusé, parce qu'il avait peur, parce qu'il ne voulait pas risquer sa vie, revivre la même chose une deuxième fois. Et pourtant, c'était bien le gout du rejet qui avait fait danser ses papilles. Quand bien même il comprenait, il ne pouvait s'empêcher de se sentir toujours et éternellement rejeté. Le turien répéta ses mots trop bas pour qu'il puisse réellement les entendre, mais Sulin le connaissait trop bien pour ne pas les deviner. Ça lui faisait mal, là, juste là, sous la poitrine. Ça lui faisait mal de le faire souffrir pour des raisons aussi égoistes. Il ne répliqua pas, se contentant de serrer les poings en l'observant si étranger dans ce lieu qui était le sanctuaire du scientifique et qui avait auparavant accepté Sylhas comme l'un de ses protégés. Ça lui faisait mal, il souffrait en silence.
Sa deuxième réplique eut au moins le mérite de piquer la curiosité de l'humain. Ces fameux piercings qu'il reconnaissait apprécier, contre toutes attentes, n'auraient pas été faits par choix. Sulin s'imagina un instant les criminels de Kadara lui faire ça par la force et fronça le nez. Non, ce n'était pas très logique. Après avoir balayé toutes sortes de réponses possibles plus grotesques les unes que les autres, le scientifique en vint à la conclusion que ce devait être pour se fondre dans la masse. Que ce n'était qu'une façon de s'adapter comme une autre, tout comme lui avait fini par troquer ses éternels vêtements trop larges d'adolescent pour des tissus plus respectables aux yeux de la majorité quand il ne portait pas son éternel blouse blanche. Tout ça, ce n'était que du surplus, le résultat de ridicules conventions sociales. Ce qui importait vraiment, c'était peut-être la façon dont ses yeux ne brillaient plus comme avant. Avant, il l'aurait peut-être charrié sur tout ça. Il aurait peut-être plaisanté de ses piercings et de sa propre incapacité à comprendre la société et ses normes. Mais aujourd'hui, aujourd'hui c'était différent. Aujourd'hui il restait simplement silencieux, il laissait peser ce lourd silence autour d'eux, il le laissait les envelopper. Sa voix ne semblait pas vouloir se faire entendre, les mots restaient coincés au fond de sa gorge. Mais quand il répondit enfin à sa question tout aussi lourde de signification, il ne pouvait pas se contenter de rester muet. Sa remarque le piqua au vif, comme s'il lui avait enfoncé omnilame dans l'estomac.
- Tu ne peux pas me dire ça. Tu ne peux plus.
Tu as refusé de m'emmener avec toi, qu'il avait envie de rajouter. La glace s'était brisé d'un coup, n'avait pas résisté bien longtemps à la chaleur d'un Sylhas à proximité. Entendre ça, ça lui faisait autant de mal que de bien. C'était lui rappeler qu'il n'était pas le seul à espérer encore, qu'il n'était pas le seul à l'aimer toujours. Et pourtant, il savait que tout serait bien plus simple si les sentiments s'étaient évaporés comme de l'eau sur un sol bien chaud. Tellement plus simple.
- Je ne veux pas que tu partes.
Ça ressemblait presque à une supplique alors qu'il réalisait toute la contradiction de ses mots. Il n'en avait plus grand chose à faire, à vrai dire. Leur relation toute entière était une contradiction. Sulin laissa son regard se perdre à travers la lumière bleutée, il ferme les yeux. A quoi jouaient-ils finalement ? Qu'est-ce qu'il a bien pu leur arriver pour qu'ils en finissent là, à ne plus savoir comment communiquer, quoi dire, quoi faire ? Qu'est-ce qui a bien pu les détruire à ce point si ce n'est eux-mêmes et leurs rancœurs ? Parce que Sulin lui en voulait, malgré tout. Malgré tout ce qu'il pouvait bien se raconter, malgré tout ce qu'il avait bien pu dire au Conseil. Il lui en voulait pour avoir privilégier cette histoire passée à la leur, pour avoir préféré venger un fantôme plutôt que de construire quelque chose avec lui, lui qui était bien vivant. Il trouvait ça injuste, aussi injuste que la façon dont il avait été traité par ses supérieurs.
- Je ne sais pas ce que je veux, Sylhas. Et je m'excuse de ne pas avoir été là quand tu es revenu la première fois. Tu ne méritais pas ça, nous non plus.
Le Morlan passa lentement une main sur son front, puis dans ses cheveux qu'il tira un peu à la racine. Il se sentait d'un coup très fatigué, très lourd. Parce qu'il ne supportait pas cette immobilité et la distance qu'il avait lui-même instauré, il fit un geste vers un capteur qui ferma la porte. Pour leur donner un peu plus d'intimité peut-être, parce que c'était une façon comme une autre de l'empêcher de fuir, aussi. Sulin s'appuya sur la surface carrelée, les deux mains de part et d'autre. Il lui semblait que le poids du Nexus entier lui pesait sur les épaules.
- Tu tiens le coup ?
C'était une question banale mais la seule qu'il lui importait vraiment. Il ne pouvait pas lui dire de belles choses, pas pour le moment, pas maintenant alors qu'il avait la sensation d'avoir reçu un seau d'eau glacé au visage. Mais ça... ça c'était important. C'était aussi la preuve qu'il se souciait toujours de lui, d'eux. Les yeux cernés et le visage mangé par une barbe mal taillée, il observa sa plus grande histoire d'amour se tenir là, à quelque pas, les yeux débordant de quelque chose qu'il ne voulait pas voir, pas comprendre pour le moment. De son côté, il l'observait simplement tristement, comme on regarde une vieille photographie d'un temps meilleur et révolu, comme on écoute une histoire tragique et perdue.
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Dernière édition par Sulin Morlan le Mar 25 Aoû - 18:54, édité 1 fois |
| Posté le Mar 25 Aoû - 18:38 | I'll relinquish one bullet. Where do you want it? Profession : Ancien Spectre, désormais chasseur de primes et d'artefacts Habitation : Kadara, mais aussi beaucoup sur ton propre vaisseau, le LWSS Leviathan | | Hey, i'm back, i'm back home Nexus | Il y avait nombre de regrets qui obscurcissaient sans mal ton jugement et ton humeur ses derniers temps. Des regrets, des remords, de quoi rendre tes journées plus sombres qu'elles ne l'étaient déjà. Depuis ton départ forcé du Nexus, beaucoup de choses avaient perdues de leur saveur, beaucoup de ce qui était tes habitudes s'étaient teintées de cette couche grisâtre qui suivait tes pas, tes remarques, ton attitude dans l'ensemble. Et les regrets... Les regrets alimentaient sans mal cette nouvelle industrie qui fonctionnait dans ton propre crâne et qui rendait tout bien plus triste que ça ne l'était, avec moins de saveur et de la substance. Tes nuits étaient encore plus courtes qu'elles ne l'étaient déjà, ton espèce ayant besoin de moins d'heures de sommeil que d'autres, tes heures de sommeil étaient désormais ridicules. Envahies par des cauchemars alimentés par ses même regrets, des cauchemars où tu voyais ce qui te terrifiait le plus : la mort de Sulin, de la main d'un mercenaire un peu trop enragé parce que le regard du scientifique était trop froid. Une balle perdue, parfois, dans un combat où il n'aurait pas dû être. Un empoisonnement parce qu'il n'avait rien à faire là où il était et qu'il était plus simple d'éliminer un élément gênant provenant du Nexus. Parfois on l'utilisait contre toi, pour te faire ployer parce que tu avais fait une erreur, tu avais mal calculé une affaire ou un contrat, on l'utilisait pour que tu abandonnes tout et au moment où tu lâchais prise, l'omnilame passait sous son cou. Le suicide, aussi, était arrivé, dans tes cauchemars. Même si tu ne pensais pas Sulin être capable de tel acte, ton esprit alimenté par les craintes que tu couvais avait réussi à créer cette image. Celle de Sulin, triste comme une pierre, loin des laboratoires qu'il chérissait tant, et que ta présence, ton amour, tout ce que tu pouvais lui offrir ne suffisait tout simplement pas à le garder satisfait, à le garder heureux. Ce cauchemar-là t'avait hanté pendant des jours, des semaines même, et continuait d'alimenter, sans mal, la crainte d'un jour accordé sa requête à ton amant et d'accepter qu'il vienne avec toi. Tu avais tellement peur, une peur tenace, qui empoisonnait ton esprit bien plus que de raison, qui te laissait parfois pendant quelques jours sans même fermer l'œil de peur d'y voir encore ces cauchemars turbulents qui ne cessaient jamais d'alimenter la culpabilité que tu couvais, là aussi. Parce que tout ça était de ta faute et que tout ceci ne serait pas là si, pour une fois dans ta vie, tu avais fait le bon choix. Si tu avais accepté de laisser tomber, de ne pas courir après un fantôme qui aurait souhaité que tu continues de vivre. Mais tu avais pris le mauvais chemin, et ta tempérance n'avait tout simplement pas suffit à éclairer le reste de ton jugement, à te faire comprendre que tu n'en avais jamais eu besoin, pas quand tu avais un homme merveilleux à tes côtés, qu'il te suffisait bien plus que de raisons et qui te permettait de respirer sans mal. Non, il avait fallu que tu sabotes ton propre bonheur et le sien dans le processus, brisant des espoirs et des rêves d'une seule balle. Comme tu le faisais toujours. Tu avais tout foutu en l’air pour un foutu fantôme, et c’était l’un de tes plus grands regrets. Parce que tu n’en avais jamais eu besoin, jamais. Ton cerveau s’était convaincu lui-même de ce besoin, viscéral, d’apporter ta vengeance à celle qui avait été tienne pendant quelques années, d’apporter une pierre finale à un édifice déjà fini, sans être capable de voir que ce n’était pas nécessaire, que tu avais déjà commencé le long chemin pour arrêter d’y penser, arrêter de voir son fantôme derrière les murs de ton appartement, du bureau des Spectre. Et tu avais foncé, tête baissée, dans ce qui était un piège, dans quelque chose que tu savais plus gros que ta simple petite position. Tu n’avais pas fais attention, tu n’avais pas été attentif, tu avais juste foncé, tête baissée, comme un idiot, droit dans ta propre perte et celle de ton amant qui souffrait probablement davantage que toi.
Tu le voyais, à ses traits, à sa posture, à son attitude, toute la souffrance que tu lui infligeais en étant là, et celle que tu lui avais infligé quand tu avais refusé qu’il vienne avec toi, quand tu l’avais laissé là, seul, sur les quais du Nexus alors que le moteur du Leviathan ronronnait pour partir au-delà des espoirs, t’emportant toi et vos désirs mutuels de vivre réellement. Vos désirs de fonder quelque chose de normal, une histoire d’amour comme plein d’autre, d’avoir quelque chose de réel en mettant de côté tout ce qui avait pu parasiter ta vie par le passé. Tu le voyais dans la distance qu’il mettait avec ta personne, ce besoin de se protéger de toi parce que tu étais pestilentiel d’une certaine manière. Tu le savais et pourtant tu étais là. Tu étais là et tu le faisais souffrir parce que même si, désormais, tu pouvais plus aisément te rendre sur le Nexus, rien ne serait plus pareil. Et tu ne pouvais pas lui demander que tout soit pareil, non. Tu ne pouvais pas non plus lui demander de tenir cette promesse. Mieux, tu devrais même lui demander de lâcher prise, pour son propre bien, pour qu’il puisse dépasser le fantôme que tu étais devenu, le fantôme de toi-même. Celui qui était tombé de haut, bien trop haut, et qui avait fini, bon nombre de fois lors des premiers jours, ivre dans un appartement trop grand pour toi tout seul, les basses fréquences de tes subharmoniques résonnant comme la triste contemplation que tu étais bel et bien seul. Tu n’étais toutefois pas capable de cette abnégation, pas après tous les mots partagés avec Ezra sur le sujet, quand elle t’avait demandé si sereinement de prendre soin de toi alors que tu t’en savais incapable. Tu en étais incapable parce que ton cœur était devant toi, dans les mains d’un homme qui souffrait autant que toi si ce n’est plus, dans les mains d’un homme que tu avais abandonné pour une histoire qui était déjà réduite en cendres, enterrée six pieds sous terre et tellement loin derrière toi. Il t’avait fallu tellement de temps pour te rendre compte de ta bêtise, de la stupidité de ton acte. Il t’avait fallu un tribunal et des regards accusateurs, il t’avait fallu l’annonce froide que tout ton exercice n’avait servit à rien si ce n’est te mettre face à l’unique erreur que tu avais pu faire sur la totalité de ta carrière. On ne t’avait pas jugé en faveur de la totalité de ta carrière, pas comme on te l’avait promis, on t’avait jugé comme un civil, comme n’importe qui d’autre, qui avait effectué un meurtre et une potentielle faute diplomatique qui pouvait coûter cher à bien plus que toi. Alors, tu avais payé pour tout le monde. Tu payais pour une diplomatie foutue en l’air et des bureaucrates à qui il fallait lécher les bottes en permanence. Tu payais pour tout, et ton amant, l’homme que tu aimais avec tant d’ardeur, il en payait les frais aussi. Et ça te faisait terriblement mal, de l’avouer, de l’admettre, et de le voir. Parce que si tes yeux avaient perdu de leur éclat pour n’être au final que deux iris verts passés, tu n’avais pas perdu ta vision. Tu le voyais, à quel point ton départ l’avait affecté, et tu l’avais entendu, dans les murmures qui étaient arrivés à tes oreilles, à quel point ses humeurs étaient devenues aussi changeantes que les tiennes et que certains jours, il paraissait plus difficile à supporter. Tu t’en voulais de l’avoir transformé ainsi, de lui avoir fait perdre son éclat, de lui avoir fait tout perdre pour ta stupidité, pour un fantôme. Tu n’arriverais probablement jamais à te pardonner pour ça, même si vous réussissiez à vous retrouver, tu serais bien incapable de te pardonner pour les torts et le mal que tu lui avais infligé, inconsciemment, sans le vouloir, parce que ta bêtise t’avait poussé aux mêmes torts que ton paternel avait infligé à ta mère, même si tu ne connaissais pas les détails de sa propre stupidité. Tu ne voulais pas le savoir, par ailleurs, par peur de te rendre compte qu’au final, tu étais exactement comme lui, tu étais exactement comme celui que tu détestais tant, celui pour lequel tu étais capable de tirer une seule et unique balle, la dernière honorable de ton barillet. Toutes les autres ayant disparues avec ton départ du Nexus, ce départ qui t’avait précipité dans ce trou duquel tu ne trouvais plus d’issue. Ni cordes ni attaches, tu ne pouvais que constater la lumière en levant les yeux, tu ne pouvais qu’effleurer du bout des doigts ce qu’il te manquait si cruellement aujourd’hui et que tu t’étais toi-même privé en fonçant dans un piège en oubliant tous les acquis que l’on avait mis dans ton crâne. Ton mentor se retournerait probablement dans sa tombe en te voyant aujourd’hui, aussi bas, considéré comme un renégat, un moins que rien. Et finalement, pour tout le monde que tu faisais à la personne qui t’étais le plus cher, peut-être que tu n’étais rien de plus qu’un moins que rien et que tu méritais le traitement glacial qu’il t’infligeait, la souffrance qu’il te rendait coup pour coup. Tu étais bien incapable de lui en vouloir pour ça, même si ça faisait mal, même si ça te brûlait les côtes et faisait ressortir des fréquences plus hautes de tes subharmoniques, parce qu’il avait raison de te traiter de cette façon.
Et toi ? Toi, tu n’avais plus aucun droit. Plus aucun. Tu avais perdu tous tes droits quand tu l’avais laissé là, quand tu l’avais abandonné avec un cœur lourd et des pas bien trop amers. Tu avais perdu tous tes droits quand tu avais rallié Kadara, et que sans t’en rendre compte, tu avais aménagé ton appartement en pensant à ton amant, en ayant en tête les endroits où tu le prendrais dans tes bras et où tu cajolerais cet homme que tu aimais tant, où il pourrait travailler en silence et dans le calme, sans être perturbé par ta présence ou celle de tes compagnons, où il se positionnerait pour lire un énième ouvrage sur la discipline qui le passionnait sur le moment, où serait rangé ses vêtements par rapport aux tiens, où serait son chat et où il s’allongerait par rapport à ton propre chien, là où il s’installerait pour constater la vue de la planète – après tout, tu avais choisi cet appartement pour la vue –, où votre vie se ferait, tout simplement. Cet aménagement ne t’avait frappé que lorsque ta courtière t’avait fait remarquer la présence d’un bureau, immaculé de tes affaires, ainsi que d’une portion d’un placard, complètement vide non pas par manque d’affaires mais simplement parce que tu avais laissé, inconsciemment, cette place à ton amant, au-delà des étoiles. Et ça t’avait véritablement frappé quand tu étais finalement seul face à l’immensité de ton appartement, au silence imperturbable qui s’en échappait, et à l’absence, là encore, de la vie qui était pourtant demandé par chaque meuble, mais que tu ne pouvais satisfaire. Tu avais accordé à tes compagnons de voyage un congé à terre de quelques jours, à ce moment-là, parce que tu avais besoin de respirer, et que tu n’étais pas sûr de pouvoir tenir un pistolet entre tes mains tant tout ton corps était bouleversé par la triste réalisation que même à des lieux de là où était ton amant, que même en ayant refusé catégoriquement qu’il te suive, tu avais créé un cocon pour vous deux à Kadara. Un cocon que tu n’avais nullement retouché, parce que quelque part, tu avais l’espoir qu’un jour, ça le devienne vraiment. Qu’un jour, tout ça fonctionne, et que les rêves succins puissent se réaliser, que les choses s’arrangent enfin. Cette organisation, cet aménagement, te servait aussi à te rappeler ta faute, mais aussi l’amour que tu portais dans cette personne, et tout ce que cela impliquait. Cet appartement n’était pas devenu un piège comme celui que tu avais eu sur le Nexus, que tu avais été plus que ravi de rendre, au final – et puis de toute façon, tu passais bien plus de temps chez Sulin que chez toi, à ce moment-là, il aurait bien fallu que tu finisses par ne plus y foutre les pieds. Cet appartement était un rêve, la personnification de quelque chose que tu espérais pouvoir concrétiser et réaliser un jour, quand tes peurs se seront taries, un peu, ou quand tu finiras par péter un câble, par craquer parce que les coups auraient été trop durs, parce que tu ne pouvais plus respirer sans sa présence. Quand la spirale t’avalera et qu’il n’y aura rien d’autre qui comptera plus que ça. C’était déjà plus ou moins le cas, au fond, mais tu étais juste incapable d’accepter cette idée pour l’instant, tu n’y arrivais pas, et personne, encore, n’avait réussi à taire tes peurs, à taire tes craintes et la sale idée qu’il ne méritait pas d’avoir une vie comme la tienne quand il était installé et heureux dans sa profession ici. Tu pouvais entendre les paroles de ta mère, te soufflant qu’un métier, ça se reconstruisait, qu’une profession, des contacts, une vie professionnelle, ce n’était pas toujours fixe et que tu te cherchais encore des raisons pour te refuser un bonheur auquel tu avais droit. Elle n’avait pas tort. Tu te refusais ce bonheur là parce que tu l’avais déjà fait trop souffrir et que tu ne voulais pas lui en incomber plus, et peut-être que tu te cherchais des raisons, c’était probable, mais… Tu avais juste peur. Et personne ne semblait le comprendre, véritablement. Personne ne pouvait comprendre les cauchemars qui empoisonnaient ton esprit et qui rendaient impossible l’idée de l’accepter avec toi. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui manquait.
Mais maintenant, même si tu avais un revirement de cœur et que le cœur prévalait sur ta raison, est-ce qu’il viendrait ? Est-ce qu’il accepterait de te suivre ? Est-ce qu’il accepterait vraiment de remettre sur pied cette relation alors que tout semblait déjà perdu ? Est-ce qu’il t’accepterait toi, seulement ? Plus le temps passait, et plus tu en doutais. Plus le temps passait, et plus la promesse soufflée sur le bord des quais semblait si lointaine et brisée, depuis longtemps. Tu ne voulais pas que le jaloux de ta personne ressorte, mais tu savais pour Ashton et c’était suffisant pour te rappeler que toi tu n’étais pas là et que tu n’avais aucun droit de regard sur ce qu’il pouvait se passer dans sa vie. Tout comme tu n’avais pas le droit de lui dire tes sentiments, tu n’en avais plus le droit, comme il le disait si bien. Un coup qui brisa une nouvelle côte, qui te brisa encore un peu plus, qui enleva l’air de tes poumons si bien que tu eus, très soudainement, l’impression d’étouffer, et si tu avais eu des yeux humains, les larmes auraient probablement coulées, naturellement. Tu levas les yeux, expirant doucement, tes mandibules tremblant doucement contre ton visage, une énième preuve de toute la détresse émotionnelle que tu essayais en vain de contenir. Tu savais ce que ses mots voulaient dire, tu savais toute la profondeur qu’elle renfermait, tu savais ce qu’il te reprochait derrière tout ça, et c’était un coup bas. Mais c’était un coup que tu méritais. Tous les coups qu’il pouvait te mettre étaient mérités. Je suis désolé, Sulin. Tu soufflais, le timbre de ta voix complètement inégale – et pour peu, une chose que le traducteur ne pouvait pas modifier – alors que tu posais tes iris sur lui, alors que tu essayais de garder le peu de sang-froid qu’il te restait, le peu de calme qui demeurait sous ta peau de cuir. Tes excuses pouvaient paraître froides, sans substance, sans réelle volonté et pourtant… Tu savais que tu ne t’excuserais jamais assez pour tout ce que tu avais fait, qu’il n’y aura jamais assez d’excuses pour tous les torts que tu avais causé, et que tu ne méritais absolument pas ton pardon. Et si ses excuses là était adressées aux sentiments avoués qui n’étaient pas voulu, dans le sous-ton de tes paroles, il y avait une excuse dissimulée pour tout le reste, pour tout ce que tu ne pouvais pas aborder tout de suite. Pour tout ce que tu n’arrivais pas à dire. Pour tout ce qui était coincé dans ta gorge et que tu n’arrivais pas à avouer et pourtant… Il méritait toutes les excuses du monde, pour tout ce que tu avais fait. Des choses qui étaient si minuscules pour certains, mais que tu savais être atroces pour lui. Parce que tu avais été atroce envers lui, injuste. Et tu avais beau craché sur le Conseil autant que tu voulais, tu savais que leur décision était bien moins injuste que celle que tu avais prise de venger un fantôme, de la privilégier à lui. Ta pire erreur, ton plus grand regret. Ce pour quoi tu culpabilisais autant, et ce pour quoi tu étais persuadé de ne pas mérité d’être ici. Tu ne méritais pas de te tenir face à lui, les yeux tremblants devant les siens aussi cruels de vérité et de la tristesse que tu lui avais incombé. Tu voulais terriblement palier à cette tristesse, tu voulais tellement combler le trou béant que tu avais creusé dans sa poitrine, mais tu ne savais pas s’il y avait un moyen de le savoir, tu ne savais même s’il voudrait encore de toi. Après tout… Qui voudrait encore de quelqu’un qui faisait autant de mal sur son passage ?
Cette confession, toutefois, réussie à t’insuffler un peu d’oxygène, un peu d’espoir que tout n’était pas mort, que tout n’était pas détruit et réduit en ruines du passé. Mais ce n’était que peu. C’était tellement peu, mais tellement suffisant à te redonner un peu d’espoir, un peu de courage, un peu d’éclat. Je ne veux pas partir non plus. Tu soufflais. Un murmure, à peine. C’était une évidence, quelque chose de terriblement vrai et de terriblement cruel parce que tu savais qu’au bout, tu devrais encore le laisser sur cette baie d’amarrage, seul. Tu savais qu’encore une fois, on t’arracherait à lui, on l’arracherait à toi et les cendres continueraient de flotter autour de votre propre ruine. Et à ce moment précis, ton envie de le prendre dans tes bras et de profiter du temps que vous aviez était encore plus forte, faisant frémir tes doigts de façon incontrôlable, pour quelques infimes secondes, te poussant à fermer les yeux parce que ça non plus, tu n’en avais pas le droit. Et tu ne t’octroierais pas ce droit comme tu le faisais par le passé, tu ne le pouvais pas. Et de la même manière, tu voulais te demander comment vous en étiez arrivé là, avec autant de tristesse entre vous ? Mais tu savais très bien la réponse, tu n’avais pas besoin de la retourner encore et encore dans ton crâne. Tu savais très bien que si une chance t’était donnée de changer les choses, tu le ferais sans hésiter. Tu refuserais les informations d’Ezra, tu refuserais cette proposition sotte d’arranger quelque chose qui était déjà fini. Après tout, rien ne la ramènerait, et tu avais fais ton deuil. Elle n’était plus là. Lui, il était là. Lui, tu l’aimais infiniment, bien plus qu’elle, comme tu l’avais soufflé à Ezra du bout des lèvres. Et pourtant, il t’avait fallu cette erreur stupide pour te rendre compte de tout ça. Il avait fallu que tu te plantes pour te rendre compte que tu l’aimais bien plus qu’elle, pour te rendre compte que tu n’avais jamais eu besoin d’autre chose que de lui. Et pourtant, tu avais sacrifié votre relation en pensant faire quelque chose de bien, également, pas seulement pour toi mais pour d’autres aussi. Et maintenant… Tu avais l’impression que vous étiez tellement brisé qu’il n’y avait peut-être plus rien à sauver, quand bien même tu étais prêt à déterrer tout ce qu’il y avait à excaver pour pouvoir récupérer cette flamme qui animait votre relation, pour l’entretenir à nouveau, pour lui faire honneur et justice, pour lui donner l’éclat qu’il méritait. Tu voulais être capable de lui donner tout le bonheur sans concession, parce qu’il le méritait, mais tu ne savais même plus si tu avais le droit d’être l’auteur de tel désir. Quels étaient encore tes droits, aujourd’hui ? Maintenant que l’on t’avait dénudé de tout sur cette station, que l’on te privait de cet amour qui te rendait pourtant si heureux, est-ce qu’il te restait des droits vis-à-vis de lui ? Probablement que non. Et pourtant, ça ne tuait pas tes espoirs. Ça ne tuait pas ton amour inconditionnel pour cet homme, ça ne tuait pas ton espoir de pouvoir le prendre dans tes bras et de lui dire les mêmes choses que ce que tu soufflais dans l’intimité de sa chambre, ça ne tuait pas ta volonté de reconstruire, de faire au mieux, pour lui. Mais là encore, tu savais que s’il te demandait de sortir de ta vie… Peut-être que tu finirais par le faire, véritablement. Peut-être que tu lâcherais les armes, pour son bien.
Et encore, n’étais-tu pas simplement égoïste, prompt à un certain mensonge et lâche dans cette histoire ? Tu disais et tu te persuadais vouloir son bien mais depuis la naissance de cette erreur, tu n’avais fait que le précipiter dans le gouffre dans lequel il était. Tu avais foncé dans cette mission futile qui t’avait rapporté une gigantesque cicatrice sur le col de ta carapace, tu t’étais perdu dans un exil, et tu avais refusé la SEULE et unique chose qu’il te demandait à ce moment-là, par peur, par lâcheté. Pour ne pas avoir la crainte de revivre ce qui t’avait déjà brisé une première fois, alors que rien n’était moins sûr. Après tout, Kadara était certes un affreux monde pour ceux qui venaient du Nexus, mais les choses s’étaient stabilisées, ce n’était pas si horrible, mais ça n’empêchait pas tes craintes, loin de là. Alors quand tes oreilles trouvèrent ses excuses, tu relevas les yeux dans sa direction et tu essayas, encore une fois, de te maîtriser pour ne pas briser cette distance instaurée par ton amant. Tu fermas ta main en un poing, soufflant doucement pour contrôler les pulsions instaurées par ton corps qui hurlait de retrouver celui pour lequel il y avait un magnétisme évident. Ne t’excuses pas. Je le méritais. Cela faisait bien du mal à dire, à avouer, mais c’était la cruelle vérité. Tu t’étais énervé à l’idée de voir que tu étais évité comme la peste elle-même par la seule personne qui comptait tant que ça à tes yeux. Tu avais été furieusement blessé de te voir ignorer de la sorte et abandonné à ton propre sort dans un lieu où tout le monde te voulait loin, te voulait terriblement loin de tout. Tu avais mérité de te retrouver dans cette position, de te retrouver soudainement seul et abandonné. C’était mérité. Je le mérite largement puisque c’est ma faute. On mérite pas ce qu’il se passe, on mérite pas tout ça… Mais à la fin de la journée, c’est toujours moi qui ai tout foutu en l’air. Et pour ça… Je ne saurais même pas te dire à quel point je suis désolé. Ce n’était pas la première fois que tu l’avouais à voix haute, mais c’était la première fois que tu l’avouais à Sulin, cette part de culpabilité, cette prise de conscience que tu avais eu ces derniers mois quand tu étais seul, à ruminer dans cet appartement trop grand pour toi. Tu aurais voulu sourire à cette remarque, sourire à la tristesse de la situation, mais tes mandibules refusaient d’en esquisser un peu et tu n’avais pas le cœur à te forcer, tu n’y arrivais pas, pas quand il y avait tant en jeu. Tu sursautas, légèrement, lorsque la porte se ferma et tu l’observas pendant quelques secondes. Curieusement, tu ne te sentais pas piégé, tu savais très bien que si les choses dégénéraient, tu pourrais bien partir, mais… L’annonce était claire, limpide, même pour toi qui avait encore bien du mal avec certains codes humains : il n’était pas question que tu fuis la discussion qui pourrait bien survenir et être mise sur le tapis. Tu ne comptais pas fuir, de toute façon. Tu avais bien trop souvent essayer de t’échapper de situations compliquées, mais là.. Là, c’était différent. C’était Sulin. Et même si votre temps devait se finir en disputes pour x ou y raisons, tu allais en profiter. Tu étais là pour lui, que ça lui plaise ou non, tu étais venu pour lui, et uniquement pour lui. Ton rendez-vous avec ton avocat pouvait être aisément décalé ou réglé par le biais d’une vidéo conférence, tu pouvais très bien voir ta mère au détour de Neo-Palaven où tu avais encore des droits de voyage puisque tu étais dans les bonnes grâces du conseiller Turien, et ton frère naviguait suffisamment pour ses clients pour te retrouver ailleurs également. Sulin… Il était le seul que tu ne pouvais voir qu’ici, et pour ça, c’était terriblement important, et tu étais prêt à jeter tout ce que tu avais à faire pendant ce temps sur le Nexus si tu pouvais le passer avec lui. A sa question, toutefois, tu portas tes yeux sur lui, prenant quelques secondes pour l’observer vraiment, pour constater la froideur de la tristesse qui se lisait dans ses yeux, dans son regard, celle qui t’était adressée.
Tu raclas doucement ta gorge avant de croiser à nouveau tes bras contre ton torse, tes ergots s’enfonçant à nouveau très légèrement dans ta peau. Je.. Tu commenças avant d’avoir un sursaut de rire. Un rire amer, un rire triste, un rire comme un souffle mutin teinté de cette tristesse qui ne te quittait plus. Non, je ne tiens pas le coup Sulin. Parce que j’ai aménagé un appartement pour nous deux sans le savoir et qu’à chaque fois que j’y reviens, je constate juste le fait que tu n’es pas là et que c’est ma faute. Chaque jour, ça me tue un peu plus, ton absence me tue un peu plus et pourtant, on sait tous les deux que c’est ma faute, là encore. Parce que toute cette merde, c’est ma faute et que je m’en veux d’être si con, et que tu mérites mieux. Et ça me tue de savoir que tu te rapproches d’Ashton, mais en même temps, j’ai rien le droit de dire, parce que je suis pas là, parce que je te fais souffrir, et ça aussi, tu sais, ça me tue. Chaque jour je m’en veux d’être parti sur cette mission à la con, d’avoir tout foutu en l’air quand tu étais la seule chose dont j’avais besoin, la seule personne qui comptait vraiment, et que j’étais pas foutu de le voir. Et chaque jour tu me manques un peu plus, et je t’aime un peu plus, chaque jour. C’est ce que tu aurais voulu dire, vraiment, mais c’était aussi ce qui ne sortait pas, ce qui n’arrivait pas à sortir. Je sais pas, sincèrement, Kadara n’est pas.. si horrible que ça, maintenant que j’ai de quoi me fondre dans la foule et que je ressemble de plus en plus aux mercenaires fatigués qui y habitent, mais... Je sais pas. Je sais pas si je tiens le coup ou si je suis pas déjà sur la corde raide. Ce n’était pas un mensonge, juste une vérité légèrement édulcorée. Tu ne savais pas mentir aux personnes qui comptaient pour toi, tu ne savais pas créer un mensonge si bien ficelé qu’on y méprendrait pour la réalité. C’était au-delà de tes cordes. Pourtant, tu savais si bien mentir à tes proies, à tes cibles, mais quand tes yeux étaient posés sur ton amant, tu ne pouvais tout simplement pas mentir, mais tu n’arrivais pas non plus à exprimer la cruelle vérité qui passait par tes subharmoniques et qui ne voulait pas s’exprimer par la langue commune parce que tu avais peur. Lâche que tu étais. Tu avais peur de sa réaction, tu avais peur de lui incomber encore quelque chose qu’il ne voulait pas, parce que c’était tes sentiments et qu’il t’avait fait comprendre, aussi, que tu n’avais plus le droit. Alors, tu restais à la base. Tu restais à une certaine réalité qui était toute aussi vraie que l’autre, qui était juste purement édulcorée pour lui, améliorée pour qu’il ne voit pas la misère émotionnelle dans laquelle tu te traînais. Comme si vous étiez de retour aux premiers jours. Au point de départ. Et toi ? C’était une question tellement stupide quand son état se voyait sur son visage, sur les rides creusées et les yeux cernés de bleu, dans la posture raide et fatiguée qu’il adoptait, dans la façon dont sa mâchoire était crispée, dans la perte d’éclat de ses yeux, dans cette barbe mal taillée ou dans ses cheveux en bataille. Est-ce que la question méritait vraiment d’être posée ? Oui. Parce que tu voulais savoir, au fond. Tu voulais savoir, même si tu savais que profondément, ça allait te briser encore un peu plus, que ça allait peut-être même t’achever, que ça allait peut-être te laisser sans souffle, sans oxygène. Et puis, tu t’enfonças toi-même un pieu entre les côtes lorsque ta remarque suivante passa la barrière de tes lèvres sans que tu t’en rendes compte quelques instants plus tard. J’ai appris que tu t’étais rapproché d’Ashton Ryder. Tu regrettas instantanément cette remarque, parce que même prononcée sur un timbre hésitant et clairement couvert d’un soupçon d'amertume tu n’avais pas le droit de l’aborder, tu n’avais pas le droit de souffler et d’insinuer qu’il se reconstruisait, qu’il t’oubliait, qu’il te laissait de côté. Tu étais si con, si stupide, et tu savais que tu venais de tout foutre en l’air. Une seule remarque, et tu attendais, les yeux clos par ta propre bêtise, les répercussions suivantes de telle remarque. Tu étais si con. Tu ne pouvais tout simplement pas garder ta sale gueule fermée, il fallait absolument que l'aspect le plus territorial, jaloux et possessif de ta personnalité ressorte, et dans les pires moments.
Sulin Morlan & Sylhas Astros I have wondered about you Where will you be when this is through? | |
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