We'll see each other again, right? ❁ ft. Sulin Morlan
Posté le Sam 12 Sep - 11:05
Leonis Albacus
I am the very model of a scientist salarian!
Profession : scientifique médico-légal pour les équipes du Nexus, médecin spécialisé dans les maladies orphelines et rares autant sur la station du Nexus qu'ailleurs, indépendant que tu es à cette échelle. Habitation : Sur le Nexus, la majorité du temps, même si on peut aisément te trouver ailleurs.
We’ll see each other again, right?
Sulin Morlan & Leonis Albacus
⋆The world's not perfect but it's not that bad. If we got each other and that's all we have. I will be your brother and I'll hold your hand. You should know I'll be there for you. When the world's not perfect, when the world's not kind. If we have each other then we'll both be fine. I will be your brother and I'll hold your hand. You should know I'll be there for you
Quelle heure était-il? Tu en avais absolument aucune idée. Et c’était rare, toi qui était si méticuleux dans tout ce que tu faisais, et qui avait la sacro-sainte habitude d’avoir ta journée particulièrement bien planifiée à l’avance parce que les imprévus t’effrayaient presque autant que la perspective de devoir parler devant une foule entière. Seulement, voilà, tu ne savais pas quelle heure il était quand tu émergeas enfin de ton bureau après plusieurs heures perchés sur un microscope et les dossiers que tu consultais si régulièrement. Ceux de tes patients, ceux dont tu t’occupais en parfaite indépendance avec l’Initiative et le Nexus. Tu ne pouvais pas toujours consulter tes patients et tes patients, eux, en pouvaient pas toujours attendre les résultats d’analyse que tu lançais en amont des rendez-vous. Alors, généralement, tu finissais toujours par t’en occuper lorsque tu les recevais, sans avoir la possibilité d’en parler directement avec le patient en question. Et en l’occurrence, depuis ton dernier check up avec Seth Harless, tu voulais essayer de changer quelque peu son traitement, et d’ajuster certaines doses afin de prévenir un peu plus ses crises de cataplexie. Seulement, tu ne pouvais que difficilement le contacter pour le faire revenir au Nexus afin de pouvoir changer son traitement directement et d’améliorer les choses, alors… Tu te contentais de faire des tests, encore et encore. Tu faisais tourner des simulations en silence dans ton laboratoire, tu ajustais les doses, tu faisais encore et encore des calculs. Tout seul, au milieu de bureaux vidés de toute présence vivante, parce que le calme te permettait de te concentrer bien plus facilement, et il n’y avait personne pour te déranger, personne pour te donner un énième dossier à consulter parce qu’on avait besoin de tes yeux pour voir les choses différemment, sous un angle légèrement différent. Et puis, enfoncé dans ton travail comme tu l’étais, tu n’avais pas à penser à toutes ses choses qui te rendaient anxieux, toutes ses petites choses qui parasitaient ton esprit quand tu n’étais pas occupé à t’atteler à ce que tu faisais de mieux, à ton travail. Dont, ton meilleur ami. Non pas qu’il était devenu une source de stress ou d’anxiété, bien au contraire. Mais… Tu étais tout de même inquiet. Tu avais eu vent de son petit voyage impromptu, il n’y a pas si longtemps, et tu en avais froncé tes plaques frontales, sachant très bien ce qui se cachait derrière ce « voyage improvisé en Elaaden ». Et ça ne te plaisait pas, ça ne te plaisait pas du tout, parce qu’encore une fois, tu imaginais qu’il était parti rejoindre le turien qui faisait battre si fort son cœur quand bien même il l’avait blessé au plus profond de son âme. Tu le savais, tu l’avais récupéré, à moitié vivant, à moitié mort, à peine vivant, à peine mort. Tu l’avais récupéré, le petit humain, en milles morceaux, en miettes même si tu pouvais te permettre l’expression. Tu avais vu le changement radical se faire, entre avant le moment où le Leviathan s’était amarré à bord du Nexus ce jour-là, et le moment où il était reparti, dans la même journée. Tu avais vu la mort dans l’âme, visiblement dans les yeux ô combien bleuté et cristallins du scientifique, tu avais vu la vie qui avait soudainement quitté tout son corps les jours qui suivirent, comme s’il marchait robotiquement. Et tu avais senti, surtout. Tu avais senti la détresse qui se dégageait de ses hormones sans qu’il ait aucun moyen de le contrôler, parce que c’était quelque chose de purement incontrôlable. Tu avais vu à quel point le turien l’avait fait souffrir, et il te l’avait dit, à demi-mots. Il t’avait expliqué ce qu’il s’était passé, à demi-mots, jamais avec ceux qui font souffrir parce qu’ils amènent à une réalisation dont il n’était peut-être pas capable à ce moment-là. Mais tu avais senti tout ce qui n’allait pas, sans le vouloir. Tu avais vu toute la grandeur du Sulin Morlan se briser depuis ce jour-là. Tu avais vu la splendeur de son cerveau devenir un diamant un peu fané, un peu passé de date, et tu avais vu qu’il avait du mal à travailler, à se concentrer sur les tâches les plus simples dans son laboratoire. Et ça t’inquiétait, fatalement. Tu étais là, pour le ramasser, pour l’aider à se relever, mais tu ne pouvais rien faire d’autre pour l’instant si ce n’est être cette présence pour l’aider, pour être là, pour être ce soutien dont il avait cruellement besoin sans avoir ne serait-ce que la nécessité de formuler la demande. Après tout, c’était fait pour ça, les amis. Mais en résultait une inquiétude mutine qui trépignait dans ta poitrine, entre le lierre qui entourait ton cœur et les orchidées qui caressaient tes côtes. Une inquiétude, et un énervement assez inhabituel pour le turien que tu avais pourtant vu comme quelqu’un de bon pour le scientifique. Du moins, jusqu’à l’exil de ton pair par ascendance. Mais c’était une histoire pour un autre moment, tu ne voulais pas revenir sur la débâcle que fut son exil et sur l’état dans lequel avait été ton meilleur ami. De même que tu ne voulais absolument pas revenir sur la proximité que tu avais constaté entre le scientifique et le pionnier humain que tu n’appréciais que peu, et encore, c’était un euphémisme. Tu ne le détestais pas, tu ne détestais personne au fond, mais ce pionnier-là, il ne valait pas mieux que la vermine des bas-fonds de Kadara, et tu te demandais sérieusement comment il avait bien pu obtenir ce poste, si ce n’est par l’appât de son nom de famille. Tu en discutais, parfois, avec Maelone, le pionnier galarien, avec des mots qui étaient toujours très sibyllins, parce que vous discutiez comme ça. Et tu savais que ta méfiance vis-à-vis de l’humain n’était pas seulement le fruit de ta paranoïa maladive et de ton anxiété chronique, elle était véritable et s’était transmise à ses propres pairs d’exercice.
Il en demeurait que tu étais inquiet pour ton meilleur ami, autant à cause de cet exilé qui semblait jouer avec le cœur fragile de l’humain qu’à cause de ce pionnier qui ne cessait jamais ses avances pour rentrer dans le pantalon du scientifique au cœur brisé. Grâce au ciel, il n’avait pas été là ces derniers jours, car tu savais très bien que le Ryder en aurait largement profité, de cette détresse visible et palpable dans les mouvements du scientifique. Heureusement. Parce que si tu étais une créature pacifique par ton éducation et que tu ne voulais nullement faire de mal à qui que ce soit, tu ne te serais probablement pas gêné cette fois-ci pour le recadrer et l’envoyer batifoler plus loin avec quelqu’un dont le cœur n’était pas déjà pris. Car, au fond, même si tu n’appréciais guère l’ex-Spectre, tu respectais les sentiments qui les animait tous les deux, et tu l’avais apprécié pendant un temps, ça comptait pour quelque chose. Tu respectais les choix qui étaient pris par les deux partis, tu respectais tout ça, et tu n’allais pas laisser le pionnier Ryder se mettre entre eux d’eux, surtout pas quand il était aussi peu respectueux du reste du monde. C’était peut-être jugé paradoxal pour pas mal de gens, cette manière que tu avais de réfléchir et de penser, mais c’était là la tienne. Même toi, même si ton animosité vis-à-vis du turien était réel, tu ne mettrais pas entre deux, quand bien même tu étais désormais quelque peu persuadé que le scientifique méritait mieux qu’un turien qui lui brisait son cœur, encore une fois. Parce que ça t’avait fait mal de voir ton meilleur ami dans cet état, ça t’avait fait terriblement mal de le voir aussi bas, aussi fatigué, aussi las de sa propre existence, surtout quand il était une personne brillante et qu’il en avait vécu des épreuves avant ça. Alors, oui, tu étais anxieux. Tu étais anxieux parce que tu ne l’avais pas revu depuis, tu ne savais pas comment s’était passé son voyage, tu demeurais dans le flou et tu devais bien avouer que ça t’inquiétait. Oh, tu aurais pu lui envoyer un message pour en savoir plus, mais tu te doutais que s’il n’était pas venu directement vers toi, c’était pour une probable bonne raison. Tu n’avais pas changé tes habitudes, mais tu avais senti un léger changement de son côté, quelque chose qui faisait vibrer tes côtes d’un peu plus d’inquiétude, mais… Mais tu lui laissais le temps de venir t’en parler, parce qu’il viendrait, il venait toujours. Alors, tu avais continué de déposer une fleur sur son bureau, comme tu le faisais presque tous les jours, et tu avais laissé les choses se faire, tu avais laisser le temps au scientifique, ce temps dont il avait peut-être besoin. Jusqu’à ce soir. Tu avais reçu un message de la part de Sulin dans le début de soirée, un message succins, clair, comme à son habitude, qui te prévenait juste qu’il passerait te voir le lendemain matin, chez toi. Et pour une raison que tu n’arrivais pas à décrire ou à imaginer, ça t’avait inquiété. Et comme lorsque chaque chose t’inquiète, tu savais que tu n’aurais pu trouver le sommeil – de toute façon, tu n’en avais pas forcément besoin en ce moment, de sommeil – et donc, tu étais resté dans les labos pour profiter de l’absence de cas dans le service forensique pour pouvoir travailler sur les cas médicaux que tu avais entre tes mains.
Toutefois, maintenant que cela faisait plusieurs heures que tu étais recourbé sur ton bureau, tu en venais à te demander l’heure qu’il était, parce que les heures étaient probablement passées à une vitesse folle et que tu n’avais probablement pas fait attention. Alors, tu levas enfin le nez de tes statistiques pour aviser l’horloge digitale posée sur un coin de ton bureau. 07:42. Tu avais donc bel et bien passé la nuit dans le bureau, tu avais bel et bien passé la nuit sur des rapports, des calculs et d’autres ouvrages répertoriant médicaments et essais cliniques. Très bien. Tu ne savais pas vraiment à quelle heure ton meilleur ami voulait passer, mais tu savais que la matinée était déjà commencé et qu’en ce sens, tu ne pouvais pas rester ici. Et puis, tu commençais à sentir les aléas de ton excès de zèle nocturne dans tes muscles, dans ta jambe qui te demandait de te lever pour ne pas qu’elle s’affaiblisse davantage. Alors, tu fermas ton terminal, tu éteignis les diverses consoles que tu avais pu allumer durant la nuit, rangea les datapads dans les casiers qui leur étaient attribués, et tu nettoyas un peu ton bureau des quelques réminiscences d’un repas vers les heures sombres de deux heures du matin. Au bout d’un gros quart d’heure, tu éteignis finalement la lumière diaphane du bureau pour pouvoir te retrouver dans le couloir où tu entendais alors des voix. Oui, parce que les gens ne passaient généralement pas leurs nuits dans un bureau, et venaient travailler à cette heure-ci. Tu soupiras doucement en remontant légèrement la bandoulière de ton sac et en passant ta main sur tes plaques faciales dans un moyen de défroisser légèrement les ligaments qui maintenaient tout ça en place. Tu inspiras un grand coup avant de jeter un dernier coup d’œil à ton bureau, décidant qu’il était temps pour toi de filer. Tu passas devant l’une des salles d’examens de la morgue du service forensique et tu constatas la présence d’une de tes collègues. Une quarienne qui était toujours là au pied levé et qui commençait déjà à bricoler des gadgets à côté des frigos. Elle leva la tête quand tu tapotas doucement à la porte et tu sentis dans sa posture qu’elle était contente de te voir. « Bonjour, Leena. Désolé de te déranger, tu pourras prévenir le reste du service que je ne serais pas disponible aujourd’hui, s’il-te-plaît ? Si c’est une urgence, ils peuvent me contacter, mais si ça ne l’est pas, je prends ma journée. » Tu demandais, un léger sourire étirant tes mandibules alors que tu te tenais dans l’encadrement de la porte. Ce n’était pas dans tes habitudes de prendre des journées comme ça, un drôle de sentiment te faisait te dire que tu en aurais peut-être pour un moment avec Sulin. La quarienne hocha la tête doucement avant de te souhaiter une bonne journée. Et en l’espace de quelques minutes, tu t’étais échappé du secteur scientifique et tu avais rejoins le métro, encore vide de monde à cette heure-ci, et dans ce sens-là, surtout. Après tout, il était rare que des gens, à part les techniciens nocturne de maintenance, se retrouvent à rentrer chez eux à huit heures. C’était ton cas aujourd’hui. En quelques minutes supplémentaire, tu te retrouvas chez toi, au milieu des gerbes de plantes, des pots d’orchidées et de diplazium dizona, cette belle plante de Kadara. Tu rangeas rapidement tes affaires, avec la maniaquerie qui te correspondait, avant d’attraper l’arrosoir que tu utilisais régulièrement, et de commencer à prendre soin de tes plantes, sans prendre en compte les minutes qui défilaient. Là encore, tu savais qu’au milieu des plantes, tu te sentais bien, et tu n’avais besoin de rien d’autre, même si ton corps te faisait clairement sentir que si tu n’avais pas dormi, c’était bien, mais qu’il fallait quand même qu’à un moment ou un autre, tu te décides à te nourrir. Mais tu n’y pensais pas, non, tu ne pensais à rien, réfléchissant juste au soin des plantes et fleurs que tu aimais tant. Jusqu’à ce que la sonnette de ton appartement retentisse dans ce bruit que tu trouvais particulièrement désagréable. « Entre, c’est ouvert ! » Tu crias depuis un coin de ton salon en appuyant sur ton OmniTool pour déverrouiller la porte. Tu savais que c’était Suli, tu n’avais pas besoin d’aller vérifier. Personne ne venait chez toi à part lui. Oh, on pourrait très bien te dire « oui, mais fait attention, ça pourrait être un criminel ». Non. Tu étais bien trop insignifiant pour que quiconque ait sérieusement envie de te tuer, et oui, tu avais calculé les probabilités. Personne ne venait chez toi, que ce soit pour prendre le thé ou pour te tuer, à part Sulin. Et il t’avait prévenu qu’il viendrait, donc tu n’étais pas surpris de voir sa tête entre les longues feuilles de ton Sargania Fructanis posé à l’entrée de ton salon. Toutefois, tu posas ton arrosoir, avisant s’il restait des plantes dont il fallait que tu t’occupes, mais tu humas doucement, satisfait de voir que tu avais eu le temps de tout faire. Alors tu rangeas l’accessoire, avant de te tourner vers ton meilleur ami à qui tu offris un sourire mutin, doux, comme à ton habitude. « Bonjour, Sulin. » Toujours aussi poli que tu étais, même avec ton meilleur ami. C’était le genre d’habitudes qui ne changeait pas, même avec le temps. Tu étais toujours comme ça, c’était dans ta nature, et c’était le fruit de l’éducation galarienne que tu avais reçue. Tu aurais bien pu essayer de déconstruire ce point de ton éducation, mais tu n’en voyais tout simplement pas l’intérêt, alors tu restais ce petit garçon poli, qui avait bien du mal à être sociable, même avec ceux que tu connaissais bien, même si on te charriait là-dessus. Tu avais l’habitude d’être raillé pour pleins de choses différentes, et jusqu’ici, ça ne t’avait jamais poussé à changer. Tu lui fis signe de te suivre jusque dans la cuisine alors que tu massais doucement tes plaques fatiguées par l’excès de zèle nocturne, et tu mis en route ta machine à thé une fois à l’intérieur de la cuisine, te penchant pour attraper deux tasses. « Je te sers un thé ? » Tu demandais machinalement, parce que tu étais persuadé que tu n’avais pas besoin de demander, lui qui était un si fin amateur de thé et qui aimait tant ça. Et c’était un peu devenu une habitude. Après tout, comparé à son turien, tu savais faire du thé, et tu le préparais plutôt bien même. Tu ouvris une autre porte de placard, cette fois-ci pour en extraire les boîtes de cachets que tu prenais régulièrement pour tes implants et pour stabiliser la douleur quand elle se faisait sentir dans ta jambe. « Tu vas bien ? » Tu finis par demander, essayant de ne pas laisser l’inquiétude transmise par son message filtrer en dehors de ta voix alors que tu calculais exactement le dosage dont tu avais besoin pour tes médicaments. Tu étais encore plus agité que d’habitude, il allait être difficile de te faire t’asseoir sans rien faire. Effet secondaire d’une nuit sans sommeil à travailler. Tant pis.
Profession : Scientifique référent du Nexus Habitation : Sur le Nexus, encore et toujours
WE’LL SEE EACH OTHER AGAIN, RIGHT?
Soon it will all be over, and buried with our past. We used to play outside when we were young and full of life and full of love
◊ ◊ ◊
Ça faisait un moment maintenant que Sulin est revenu de Kadara. Ça fait un moment que le vide qui s'était refermé dans sa poitrine se creuse à nouveau. Ça fait un moment qu'une part de lui se trouve sur Kadara et une autre sur le Nexus. Ça fait un moment, trop longtemps finalement. Et plus les jours passent, plus il s'en rend compte, moins ça lui paraît fou. Il se dit que ça a rien d'impossible. Que tout ne dépend que de lui et que Sylhas ne le repoussera pas. Il se dit que finalement, c'est un mal pour un bien. Il se dit que finalement, ça ne compte même pas. C'est vrai, qu'est-ce qu'il a ici ? Quelques instruments de pointe, un environnement propice à la recherche, des dossiers stimulants. Autant de choses matérielles qu'il pourrait retrouver ailleurs, un ailleurs ou par exemple, l'autre part de lui serait là. Il en vient même à se demander ce qui le retient quand le manque devient trop présent. Quand il imagine Sylhas à nouveau seul dans cet appartement trop vite où il est venu lui laisser son odeur, sa présence, des images de lui partout, son fantôme. Il se trouve cruel d'hésiter, dans ces moments là. Alors un soir, parce qu'il n'arrive pas à dormir et qu'échanger de stupides messages sur un terminal ne suffit plus, il se décide. Il ira. Il ira sur Kadara et le Nexus, toutes ses règles et ses contradictions peuvent bien aller se faire voir. Il pensait qu'il changerait d'avis, il le pensait vraiment. Il s'était dit que cette décision n'était que les conséquences d'un soir d'insomnie, quand son esprit fatigué ne parvenait même plus à raisonner. Mais le lendemain, il était toujours aussi décidé. A vrai dire il était même... impatient.
Impatient de construire une nouvelle vie, impatient de découvrir de nouvelles choses, de relever de nouveaux défis. Et puis de le retrouver lui, surtout de le retrouver lui. N'était-ce pas pour ça qu'il partait, en vérité ? Il avait hâte de pouvoir vivre cette histoire qu'on leur avait pris, qu'on leur avait refusé. Il avait hâte, tout simplement. A vrai dire, ce qui le retenait de prendre le premier vaisseau pour la planète exilée, c'était sans doute ses amis. Tamia, et puis Leo aussi. Le deuxième turien de sa vie, à croire qu'il avait définitivement des affinités avec les natifs de Palaven. Pour le scientifique, Leonis est ce qui se rapproche le plus d'un petit frère. Une sorte d'âme jumelle sur laquelle il a eu la présence d'esprit de poser les yeux et le privilège de se reconnaître en elle. Il a déjà dit au revoir à Tamia, et elle le savait à vrai dire. Il devrait dire au revoir à sa mère, mais il n'en a pas envie. Alors Leo, Leo lui paraît être un excellent entre-deux. Leo saurait lui dire ce qu'il pense, saurait le conseiller. Il ignorait un peu ce qu'il cherchait Sulin, son assentiment ou un refus catégorique de le voir partir. L'un ou l'autre lui irait, l'un ou l'autre lui serait utile. Peut-être même que finalement, il cherchait un peu d'opposition. Peut-être que finalement, il cherchait à défendre sa cause face à quelqu'un. Peut-être qu'il voulait se convaincre lui-même qu'il était prêt à se battre pour ça. Quoi qu'il en soit, il devait le dire à Leo, il devait dire au revoir à Leo. Il devait le voir et c'était bien loin d'être une corvée. Il ne peut s'empêcher d'y penser, d'imaginer la réaction du turien quand il lui dirait vouloir l'abandonner comme tant l'ont déjà fait.
- Notez, troisième jour d'observation : la luminescence ne faiblit pas. J'attends vos interprétations.
Et à vrai dire, ça se ressent. Ça se ressent dans sa manière de bouger, de s'exprimer, de détacher les mots comme s'il ne les comprenait pas vraiment, ne les entendait pas. Il est ailleurs Morlan, et ce depuis un moment. Pourtant, tout le monde n'a pu que remarquer son changement radical d'humeur depuis sa visite sur Elaaden. Bien sûr, tout le monde s'est aperçu qu'il avait repris des couleurs, un peu de vie. Au fond, tout le monde a déjà compris. Mais quand il s'éclipse ce jour là, ce n'est pas pour une pseudo mission scientifique sur Elaaden. C'est pour aller voir Leo, et c'est avec lui que ses pensées se trouvaient depuis la première heure de la journée.
- Bonjour.
Très vite, il est submergés par l'atmosphère du lieu, par les nombreuses plantes qui donnent à la pièce une dimension organique tout à fait fascinante. Il entend presque les végétaux respirer.
- Avec plaisir.
Il s'est toujours senti curieusement bien en sa compagnie. Si le contact de Sylhas avait pour effet de l’électriser complètement, être avec Leo c'était retrouver la quiétude d'un paisible jardin. C'était reposant, incroyablement apaisant.
- Je vais bien, je te remercie.
Le scientifique prend place prudemment dans l'appartement de son ami, il ne veut pas risquer de faire tomber une de ses précieuses protégées en faisant un geste trop brusque. Il va bien, oui, mieux en tout cas depuis qu'il sait où aller.
- Et toi, comment vas-tu ?
Mais ce n'est pas pareil pourtant, il le ressent. Léo s'attend à ce qu'il lui dise la vérité et tourner autour du pot ne lui ressemble pas. Ça crée des tensions, sorte de fluctuation, de perturbations dans leur petite dimension à eux. Il sait que son message était énigmatique, il ne se voyait pas lui dire comme ça. Il attend pourtant avant de continuer, avant de briser la glace. Il attend, parce que la réponse à sa question lui importe réellement.
- J'ai revu Sylhas, sur Kadara.
Il l'affirme comme un fait incontestable, de même qu'il aurait dit "le Nexus est une station spatiale" et "toi mon ami, tu es un turien", parce que c'en est un. Si Leo avait des objections à faire, bien que le scientifique en doutait un peu, il était trop tard. Sulin avait pris sa décision seul, dans un accès de désespoir, comme un drogué en manque. S'il se doutait bien que son ami l'avait déjà compris, il tenait à lui confirmer. Il tenait à ne rien lui cacher.
- J'ai décidé...
Et là, ça coince. Il hésite un peu, les mains croisés sur la table. Il se demande comment le formuler, parce que ça, ce n'est pas encore tout à fait acté.
- Je pense que je vais le rejoindre, Leo.
Et voilà, les dés sont jetés.
(c) oxymort
Posté le Mer 23 Sep - 17:44
Leonis Albacus
I am the very model of a scientist salarian!
Profession : scientifique médico-légal pour les équipes du Nexus, médecin spécialisé dans les maladies orphelines et rares autant sur la station du Nexus qu'ailleurs, indépendant que tu es à cette échelle. Habitation : Sur le Nexus, la majorité du temps, même si on peut aisément te trouver ailleurs.
We’ll see each other again, right?
Sulin Morlan & Leonis Albacus
⋆The world's not perfect but it's not that bad. If we got each other and that's all we have. I will be your brother and I'll hold your hand. You should know I'll be there for you. When the world's not perfect, when the world's not kind. If we have each other then we'll both be fine. I will be your brother and I'll hold your hand. You should know I'll be there for you
Il y avait des petites peurs irrationnelles que l’on cultivait parfois aisément en plein cœur, ces petites peurs là qui ne semblaient jamais prêtes à partir véritablement, qui continuaient de grandir et de grandir encore et encore jusqu’à ce que cela devienne un véritable carrefour de ronces autour d’un cœur qui semblait prêt à se protéger de tout comme de rien. Et toi, pauvre petit turien de ton état, ayant vécu si loin de ta culture originelle, tu étais bien loin des doutes qui pouvaient concerner les autres créatures de ton ascendance. Tu devais, probablement, avoir des questionnements et des peurs similaires, celles qui étaient communes à ton état naturel, à ce que tu étais physiquement et biologiquement parlant, mais tout ce qui concernait ta culture propre, tu avais comme un creux gigantesque que tu ne pouvais pas véritablement remplir par manque de connaissances. Tu avais essayé de te renseigner, de comprendre un peu plus de cette culture qui te semblait si lointaine, si différente, si intrinsèquement lointaine et si curieusement étrangère. Tu en avais compris quelques ressors, quelques images, quelques véritables fragments naturels et pourtant, certaines choses te semblaient toujours, éternellement impossibles à véritablement composer. Parce que tu n’avais pas été éduqué, tu n’avais pas grandi dans le berceau de cette vie, on te l’avait arraché. Même si, aujourd’hui, tu avais pu te renseigner, et tu ne pouvais pas être plus heureux que l’on t’ait éduqué comme on l’avait fait, parce que toute cette différence culturelle amenée dans ta jeunesse te permettait de voir les choses d’une manière toute particulière et suffisante à ce que tu aimes ta vie comme ça. Cette diversité t’avait permis de rencontrer des personnalités géniales, éclectiques et intéressantes comme jamais, que tu n’aurais jamais rencontrer si tu n’avais pas eu cette éducation. Que ce soit l’angara qui t’enseigna pour la première fois ce qu’était la science dit forensique, ou que ce soit cette douce asari qui te montra que les plantes étaient, au-delà de leur importance dans l’écosystème, des êtres vivants qui méritaient autant de douceur que les autres êtres vivants. Tu avais appris à grandir au milieu de races différentes, au milieu de tout ce qui était fatalement différent de ce que tu étais toi, de ce que tu avais pu connaître, à l’orphelinat, à Eos. Tu avais grandi ainsi, avec une multitude d’images devant les yeux et de nouvelles perspectives à jamais marquées dans ton esprit. C’était quelque chose que tu ne pouvais décemment oublier et des choses qui avaient permis à ce que tu t’épanouisses naturellement. Bien sûr, ce milieu pluriculturel avait également amené son lot de problèmes et d’inconvénients, mais tu avais bien du mal à les voir, fondamentalement, quand tu avais terriblement gagné à vivre au milieu d’espèces inconnues et différentes de la tienne, quand tu avais terriblement gagné à comprendre et interpréter toutes ses différences et les voir autant comme tel que comme des points supplémentaires que tu agrémentais à un tableau imaginaire de compétences, de possibilités et d’opportunités que tu ne pouvais t’empêcher de saisir. Tu n’étais certes pas la personnalité la plus ouverte et la plus à même à jouer sur le plan instinctif, mais tu savais saisir les opportunités que l’on t’offrait.
Mais ce que tu remerciais sincèrement dans cette éducation toute particulièrement, c’était certainement les rencontres faites en chemin. Certaines avaient disparues avec le temps, d’autres avaient évoluées, tout aussi naturellement, et puis, certaines étaient encore là, forgeaient ton futur, forgeaient encore ton présent et permettaient à ton quotidien une certaine douceur. Et Sulin, il était un artefact mémoriel de ton passé, mais également de ton présent. Une personnalité constante dans ta périphérie, une personnalité sur laquelle tu pouvais compter et qui comptait terriblement. Tu ne voyais pas vraiment ton futur sans qu’il soit quelque part, parce que d’une certaine manière, il faisait parti de ta famille. Une famille quelque peu désunie, terriblement différente du schéma classique que tu avais pu connaître chez les autres, mais une famille tout de même. Sulin était le parfait exemple du grand-frère que tu n’avais jamais pu avoir pour différentes raisons, et tu avais besoin de lui, même si tu n’arriverais probablement jamais à l’exprimer avec perfection. C’est pour ça que ce message, aussi sibyllin soit-il, réussi à t’angoisser déjà bien plus que de nature, parce que tu as peur de ce que cela peut bien dire même si, au fond de toi, tu sais. Ou du moins, tu as des doutes, tu as des hypothèses et elles t’inquiètent. Tu as peur qu’il parte, qu’il quitte le Nexus pour retrouver ce turien qui a laissé son cœur en miettes, qui l’a laissé là, à moitié mort sur le Nexus à deux reprises, et tu n’aimes pas cette perspective. Tu ne l’aimes pas du tout. Même si tu n’étais pas légitime à lui dire de rester ici, que tu n’étais pas légitime de l’empêcher de prendre une décision, ça n’empêchait pas que tu n’aimais pas cette décision, tu n’aimais pas cette idée. Et même lorsqu’il arrive chez toi, lorsqu’il se retrouve au milieu de tes plantes, tu ne peux empêcher cette légère anxiété qui glisse sous tes pores, quand bien même rien que le voir suffit à apaiser quelques brûlures qui ne cessent de ronger le lierre autour de ton cœur. On t’a abandonné trop de fois, et tu as peur, fatalement, que ça arrive à nouveau. Parce que tu n’es jamais véritablement assez pour que les gens restent, ou tu ne fais pas assez, tu ne sais pas. C’est triste, mais tu as pris l’habitude que ce soit le cas. Au fond, tu t’en fiches de ce que ça peut impacter sur toi, tu ne veux surtout pas qu’il prenne une décision qu’il finira par regretter. Alors tu lui souris, avec ce mouvement de tes mandibules si caractéristique de ce qui est un sourire, une marque de plaisir. Tu hoches doucement la tête à sa confirmation, avant de glisser le thé dans la machine pour qu’elle fasse le travail correctement, comme toujours, avec les bons réglages. Tu attrapes également deux tasses, que tu remplis une par une avant d’ingérer tes médicaments pour soulager les légères douleurs que tu peux ressentir dans tes jambes ou dans tes hanches. Effets secondaires de tout ce que tu as pu vivre. Encore, et encore. Mais ce n’est pas grave, c’est ainsi. Il y a des choses comme ça contre lesquelles tu ne peux rien, et d’autres sur lesquelles tu ne peux que sourire, notamment quand Sulin t’annonce qu’il va mieux. Et tu prends quelques secondes pour l’observer, vraiment, pour le regarder vraiment, et tu vois que c’est vrai. Tu vois à quel point c’est vrai. Et même si ça t’ennuie parce que tu te doutes que ça a à voir avec ce turien de malheur, tu es heureux de toi ton ami aller bien mieux, tu aimes à le voir reprendre des couleurs et des forces, du bonheur et de la douceur. « Je constate. Tu as une bien meilleure mine, Sulin. » Tu rétorques doucement, avec un sourire de ton cru et une voix douce, posée, calme, alors que tu retires la première tasse pour présenter la seconde à la machine, laissant le liquide retomber dans l’objet. Tu lui présentes alors sa tasse avec un énième sourire alors que tu te retournes sur la machine qui fait lentement couler le liquide au sein de la tasse. Tu sens encore tes nerfs qui se tournent et se retournent, se mêlent et se démêlent dans un méli-mélo que tu as bien du mal à comprendre et à sincèrement interpréter. Tu as vraiment du mal à imaginer qu’il puisse partir et pourtant, tu le sens. Tu sens que ça finira par arriver, à un moment ou un autre, que ça finira fatalement par arriver, parce que même si tu désapprouves quelque peu cette relation parce qu’elle lui fait du tort, tu sais aussi à quel point ils sont comme deux aimants qui ne peuvent s’empêcher de se retrouver. Des âmes-sœurs que disent les livres, peut-être. Dans tous les cas, tu préfères autant qu’il soit là plutôt qu’avec Ashton. « Je vais bien, merci. » Tu réponds, naturellement. Parce qu’il s’agit là de la vérité. Tu vas bien, si on exclut l’habituelle douleur qui peut survenir dans tes jambes et tes hanches, cette factuelle conséquence d’une bêtise idiote. Tu retires toutefois la tasse de la machine, laissant tes doigts pianoter sur le panneau de contrôle pour l’éteindre avant de soupirer quand la première révélation est faite. Ça, tu le savais, tu étais au courant, tu t’en étais douté. « Je m’en suis douté. Quelque peu étrange que tu ailles deux fois à Elaaden. » Tu souffles avec un regard en biais, quelque peu complice, pour ne pas laisser le froid et l’angoisse s’installer complètement. Tu aurais aimé qu’il t’en parle avant, et non pas après, quand la chose était déjà établie. Tu ne sais pas si tu aurais réussi quoi que ce soit pour l’en dissuader, ni même si tu aurais essayé, mais tu aurais aimé être au courant, tu aurais aimé savoir avant d’être mis au pied du mur. Mais c’était quelque peu trop tard pour avoir des regrets, des remords ou de la rancœur pour quelque chose qui est déjà arrivée, pour quelque chose qui a déjà des conséquences. Tu stoppes toutefois tout mouvement, laissant ta tasse se reposer contre le bar aux remarques suivantes qui percent le silence et qui laissent un froid glacial s’emparer de tes membres. Tu baisses le regard sur ce liquide chaud dont la vapeur s’échappe doucement autour de vous et tu échappes un soupir, un long soupir que tu semblais garder depuis trop longtemps, que tu ne voulais pas échapper, pour être parfaitement honnête. « Tu sais ce que je pense de Sylhas, Suli. » Tu soupires doucement, tes doigts tapotant doucement contre le verre de ta tasse alors que tu balances doucement ta tête de droite à gauche, mal à l’aise. Tu n’aimes pas ce genre de situations où tu es fatalement confronté à quelque chose qui pourrait faire du tort à ton ami, mais tu ne peux décemment pas lui mentir en lui disant ‘cool, rapporte-moi une carte postale et vos photos de vacances’, parce que ça ne marche pas comme ça. « Après ce qu’il s’est passé, tu es sûr que c’est une bonne idée ? » Tu demandes alors, en relevant enfin les yeux en sa direction, tes doigts soudainement plus fermes autour de ta tasse alors que tu surenchérit. « Tu es sûr que c’est ce que tu veux ? Que tu ne vas pas regretter de tout laisser ici pour lui, pour une vie bien différente ? » Tu sais que tu n’as aucun poids sur sa décision, sur la décision finale qui sera prise par le scientifique, mais tu veux être sûr qu’il a toutes les options en main, et qu’il sait exactement dans quoi il se lance. Tu as peur pour lui, surtout. Tu as peur que la désillusion soit grande, vraiment grande, et qu’il ne s’en relève pas. Tu connais l’amour que le scientifique a pour le turien, et même si tu n’aimes pas ce dernier, tu sais que cet amour est réciproque, mais tu ne peux t’empêcher d’émettre tes réserves.
Profession : Scientifique référent du Nexus Habitation : Sur le Nexus, encore et toujours
WE’LL SEE EACH OTHER AGAIN, RIGHT?
Soon it will all be over, and buried with our past. We used to play outside when we were young and full of life and full of love
◊ ◊ ◊
Le scientifique esquisse un début de sourire quand Leo lui dit qu'il a l'air d'aller mieux, qu'il a meilleur mine. Il le sait, il le sait. Dans sa chair, dans ses os. Un peu comme si le remède à tous les maux dont il souffrait, c'était Sylhas. Et ça le fait sourire de voir que son ami le voit, que ça se voit autant, que l'impact qu'il a sur lui est si fort.
- Oui, je crois. Je crois que je vais vraiment mieux.
Mais il sait que ça ne durera pas. Il sait que bientôt le manque se fera sentir et que ça recommencera. Peut-être en moins dur, parce qu'ils feront en sorte de maintenir le contact, parce que la séparation n'a pas été aussi nette, aussi brutale que la dernière fois. Mais il sait que ça ne suffira pas, qu'il est voué à retrouver ses doutes, ses ombres qui planent au dessus de lui. Il observe Leo prendre ses médicaments et lui dire qu'il va bien. L'un et l'autre ne sont pas incompatibles, il le sait bien. Il sait aussi que ces comprimés doivent être pris continuellement et que ça ne changera pas. Ça ne l’empêche pas de s’inquiéter, au moins un peu.
- Les douleurs n’empirent pas ?
Il ne demande pas si elles sont supportables, il le sait. Il sait aussi que Leo a déjà enduré bien pire que ça, de bien des manières. Que le souvenir de ce qui les a causé est bien plus pénible que n’importe quel grincement, craquement, os qui se brise ou qui ploie. Le turien lui avoue naturellement qu’il se doutait bien qu’il avait été rendre visite à Sylhas, ce qui ne surprend pas vraiment Sulin. Après tout, n’importe qui le connaissant un peu, n’importe qui prêtant un peu attention à ses agissements comprendrait. Heureusement pour lui, ces personnes se comptent sur les doigts d’une main.
- Je n’ai pas trouvé mieux que ça. Je sais. Mon manque d’imagination causera ma perte.
Il tente un peu d’humour pour alléger l’atmosphère mais ça ne marche pas vraiment. C’est de l’humour triste, de l’humour d’adieu. Une nouvelle fois, Sulin maudit l’univers pour lui demander de choisir entre ses amis, sa passion et l’amour de sa vie. Et ça ne tarde pas à devenir beaucoup moins drôle quand Leo lui rappelle ce qu’il pense de son turien, se montre justement inquiet. Sulin reste un instant à regarder la surface de l’eau qui remue dans sa tasse, sans trop savoir quoi dire. Il n’hésite pas, il réfléchit. Leo mérite une réponse honnête et l’honnêteté demande de la réflexion.
- Non, je ne suis sûr de rien.
Il hausse les épaules, sourit tristement en laissant son regard se perdre sur quelques unes des pensionnaires de Leo. Être une plante verte, ça doit être pratique parfois.
- Je sais seulement que je l’aime trop fort pour rester loin de lui. Mais je sais aussi que j’aime ma vie ici, auprès de toi, de Tamia et même de ma mère. Que j’aime mes étudiants, j’aime leur apprendre des choses.
Il soupire, la liste qu’il a fait pour prendre sa décision ne ressemblait à rien. Un pour, des milliers de contre. Mais les listes ont un défaut majeur, elle ne prennent pas en compte le poids des arguments.
- Mais je sais aussi que je l’aime si fort qu’abandonner tout ça ne parait pas insurmontable.
Et puis il se rend compte d’à quel point ça peut paraître blessant. À quel point ça peut paraitre égoïste de faire passer leur amitié en second plan après tout ce qu’ils ont pu partager depuis aussi longtemps.
- Et je sais que c’est cruel pour vous mais Leo… je crois que je ne peux pas faire autrement.
Et il en est le premier désolé et il sait que c'est risqué. Et malgré tout il y pense, sérieusement. Il y pense mais il vient aussi chercher une sorte d'assentiment chez son meilleur ami, une sorte de garantie qui le rassurerait. La promesse qu'il ne fout pas tout en l'air entre eux et qu'il sera toujours là si jamais ça ne marche pas finalement. Si jamais Sylhas et lui finissent par se consumer et se crament petit bout par petit bout. Et ça aussi, il sait que c'est égoïste.
(c) oxymort
Dernière édition par Sulin Morlan le Dim 15 Nov - 1:49, édité 1 fois
Posté le Ven 16 Oct - 23:17
Leonis Albacus
I am the very model of a scientist salarian!
Profession : scientifique médico-légal pour les équipes du Nexus, médecin spécialisé dans les maladies orphelines et rares autant sur la station du Nexus qu'ailleurs, indépendant que tu es à cette échelle. Habitation : Sur le Nexus, la majorité du temps, même si on peut aisément te trouver ailleurs.
We’ll see each other again, right?
Sulin Morlan & Leonis Albacus
⋆The world's not perfect but it's not that bad. If we got each other and that's all we have. I will be your brother and I'll hold your hand. You should know I'll be there for you. When the world's not perfect, when the world's not kind. If we have each other then we'll both be fine. I will be your brother and I'll hold your hand. You should know I'll be there for you
Le scientifique va mieux. Ça se voit, et tu peux le sentir, à son odeur, à l’aura qui rayonne de son être comme si c’était une certitude, comme si c’était factuellement inné et naturel qu’il aille mieux. D’un côté, toi, tu es tiraillé. D’une manière inconditionnelle et purement naturelle, tu es véritablement heureux de savoir que ton ami va mieux, qu’il se sent bien et qu’il rayonne à nouveau avec toute la grâce qui exulte de son être. De l’autre, tu es toutefois plus mécontent que ce soit grâce à ce turien de pacotille qui lui sert d’amant. Ton meilleur ami mériterait mieux qu’un spectre décharné, qu’un spectre qui s’est perdu dans le tumulte de sa propre vie, qui n’est devenu rien de plus que l’ombre de lui-même et qui cause bien plus de torts que de bien être à ce scientifique qui est devant toi. Toutefois, tu ne peux souffler ces certitudes et ces remarques là ton meilleur ami, tu ne le peux pas, et tu ne peux que faire taire la réalité de ce qui tiraille tes entrailles. Tu ne peux que lui adresser un sourire de ton propre cru, toujours léger et discret à sa remarque. « Je suis ravi de l’entendre. » Ce n’est pas complètement un mensonge, mais pas totalement une vérité non plus. Tu es sincèrement heureux de savoir que le jeune homme va mieux, qu’il se sent mieux, qu’il est un peu plus heureux que la dernière fois que vous vous êtes croisés, mais il y a cette ombre, celle de Sylhas qui plane et qui, pour peu, réussirait à te faire grincer des dents aussi naturellement que possible. Tu essayes véritablement de ne pas le laisser paraître alors que tu avales tes habituels médicaments. Quelque chose qui est devenu une routine à laquelle tu te laisses bien prendre, à laquelle tu conviens sans rechigner. C’était ta bêtise, c’est ton fardeau. Et aujourd’hui, les minces douleurs dans tes hanches ne sont certainement pas centrales. Non, ce qui est central, c’est ce pour quoi ton meilleur ami est venu te voir. Mais quand bien même, tu souris encore une fois doucement à sa sollicitation douce et agréable, à son habituel inquiétude quant à tes douleurs. « Pas en ce moment. Il faut que je retournes voir mon prothésiste sur Aya pour vérifier que mes implants ne bougent pas parce qu’ils sont un peu plus pénibles ces derniers temps, mais les douleurs n’empirent pas, donc tout va bien. » Tu aurais pu te contenter du minima dans ta réponse, mais tu savais aussi très bien que le scientifique aurait peut-être demandé des informations supplémentaires, alors, comme à ton habitude, et visant l’optimisation parfaite, cette manie maniaque héritée de ton paternel adoptif, tu lui donnes toutes les informations dès le début afin qu’il soit parfaitement conscient de la réalité dans laquelle tu baignes. Et puis, c’est assez vrai aussi. Tu sais qu’il faut que tu contactes ta prothésiste sur Aya pour pouvoir gérer tout ce bazar, mais comme à ton habitude, tu ne prends pas véritablement le temps de le faire. Il faut que tu le fasses, ceci dit, c’est pour le mieux.
Toutefois, ton sourire revient en force avec la remarque de ton meilleur ami qui confirme la réalité dans laquelle tu étais déjà persuadé d’être. Ce mensonge qui n’était véritablement rien d’autre qu’un fallacieux prétexte pour rejoindre son compagnon, et même si cette idée réussit à faire gratter tes plaques, tu ne peux échapper au sourire de la remarque qui s’échappe de ton meilleur ami. « Ton manque d’imagination ? Non, je pense pas, mais tu devrais être plus méticuleux la prochaine fois, s’il y en a une. » parce que tu sens, au fond, qu’il n’y en aura pas d’autre, et c’est largement confirmé par les paroles suivantes du scientifique. Des paroles qui te laissent quelque peu titubant, un peu tremblant et curieusement bien plus émotif que tu ne le laisses savoir. Tu sais que, pour peu, tes subharmoniques pourraient bien rapidement partir en bazar et être volubiles, une chose que tu n’as pas appris à contrôler en ayant un paternel si lointain de ta propre race. Et puis, c’est aussi parce que tu sens que cette légèreté ne l’est pas vraiment, tu sens tout ce qu’elle implique et ce qui te terrifie malgré toi. Tu sens la froideur de la réalité, celle selon laquelle il pourrait bien partir. Parce que c’est ce que tout ça sent : le triste froid du départ, de l’adieu, de l’au revoir, et tu as peur, encore une fois, de voir quelqu’un partir. Et tu sens ton sourire qui se fane peu à peu, comme les dernières pensionnaires que tu as vu mourir parce qu’elles atteignaient leur âge final. Ces mêmes plantes que tu regardes désormais, parce qu’il est plus simple de les observer que de regarder ton meilleur ami. Tu l’écoutes, silencieusement, religieusement, avant de rejoindre quelques unes de tes plantes pour verser un peu d’eau dans leur pot, écoutant toujours ce que ton meilleur ami essaye d’exulter, et tu aimerais être en colère, lui dire qu’il fait une grave erreur, mais le poids de ces arguments, tu sais que tu ne pourras jamais les contrer, et que l’amour qu’il voue pour ce turien de malheur, c’est un argument que personne sur cette station ne pourrait contrer. Et même si tu ne l’aimes pas, ce turien, tu es bien plus prêt à protéger l’amour de ton meilleur ami, à le protéger lui, même si ça veut dire protéger l’autre. Tu soupires doucement, finalement, en revenant à ta position initiale. « C’est un peu cruel, en effet. » Tu rétorques, la voix douce, et en levant les yeux vers l’humain qui se place devant toi, avec un léger sourire qui articule tes mandibules. « Mais tout égoïsme nécessaire au bien-être de quiconque est cruel pour ceux qui sont autour, c’est naturel. » Tu réponds finalement, avec un sourire un peu plus léger, un peu plus grand. Après tout, c’est naturel, effectivement. C’est la réalité des choses. Tout égoïsme amène à une cruauté pour les autres, amène à une déception parfois amère, parfois froide pour ceux qui restent dans le sillage arrière, mais tu sais aussi que ton meilleur ami a besoin de ce quelque chose qui le fera vivre réellement, et qu’il n’y a eu rien de pire que de le voir mourir à petit feu ces derniers mois. Et s’il y a bien une chose que tu peux donner à ce turien de malheur, c’est qu’il a réussi à redonner le sourire à ton meilleur ami, et ça ne tu ne peux pas le lui retirer. C’est quelque chose que tu chéris malgré toi. « Tu es sûr que c’est insurmontable ? On parle d’une planète bien différente de celle que tu as pu visiter, j’y suis déjà allé, je pourrais t’en parler en long, en large et en travers, et je sais à quel point c’est différent et difficile là-bas. J’ai peur pour toi, Sulin. J’ai peur que tu ne t’y plaises pas, et que finalement, tu te retrouves dans la même boucle qu’ici, mais à l’effet inverse. » Tu finis par répondre, énonçant une crainte qui n’est pas infondée et que tu sais même très réelle dans les conditions actuelles de vos vies respectives, et de sa vie à lui, tourné autour de la science qui est sa maîtresse principale. « Tu es sûr que ce turien est suffisant à ton bonheur ? » Tu demandes finalement. Question qui n’est pas sans conséquence, d’autant que l’on peut sentir le léger assentiment que tu portes pour le dit turien dans sa mention, mais tu fais en sorte de le taire un minimum. Sulin n’a pas besoin de ta légère acide sur cette personne à l’heure actuelle. Il a probablement bien plus besoin de quelqu’un capable de le guider, de l’épauler, et de peut-être le rassurer, chose que tu t’empresses finalement de faire, ayant oublier que ce point était majeur. « Je ne t’empêcherai pas d’y aller, bien évidemment, je veux juste que tu sois sûr de ton choix. Et je serai toujours là, qu’importe ta décision. Contrairement à toi, je peux aisément rejoindre Kadara sans avoir à inventer une excuse. Je serai toujours là. » Tu finis par souffler avec le plus éclatant des sourires que tu as dans ton répertoire. Parce qu’il le mérite bien, ce sourire là, il mérite d’être rassuré au maximum, parce que tu sais, tu es conscient, et tu le sens, à quel point toute cette situation le rend anxieux. Et à raison.