So, you're sulking over a bottle of whisky? ≠ ft. Ezra Monroe.
Posté le Ven 11 Sep - 1:42
Ezra Monroe
Begin your journey, join the Andromeda Initiative today.
Profession : Journaliste de l'Initiative Habitation : Sur le Nexus
So, you're sulking over a bottle of whisky?
Sylhas & EzraTell me somethin', girl. Are you happy in this modern world? Or do you need more? Is there somethin' else you're searchin' for? I'm falling. In all the good times I find myself longin' for change and in the bad times I fear myself. Tell me something, boy. Aren't you tired tryin' to fill that void? Or do you need more? Ain't it hard keeping it so hardcore?
Elle ne s'en était pas rendue compte, mais le temps passe aussi sur Kadara. L'étoile qui éclaire habituellement la planète abîmée s'est depuis longtemps fait la malle, il ne reste plus qu'eux et un début d'obscurité. Ezra se sent mieux comme ça, dissimulée. Elle a pourtant conscience de ce que ça signifie, même si elle se permet de rire une dernière fois en imaginant la mère de Sylhas les poursuivre jusqu'en enfer. C'est vrai qu'elle a un sacré caractère, cette turienne là. Autant de douceur que de détermination. Ezra l'aime beaucoup, elle qui n'a que peu de souvenirs de sa mère en a créé de nouveaux avec celle de Sylhas, d'une certaine manière. Pourtant, elle est persuadée que ni elle ni personne ne pourrait jamais compenser la perte d'un de ses fils et que le monde n'est sûrement pas prêt à recevoir son courroux si jamais une telle chose arrivait. Alors elle rigole Ezra, elle se marre bien mais garde à l'esprit qu'il y a quand même un fond de vérité dans tout ça. Et que ce fond de vérité là, vaut mieux pas trop en rire.
- Ah bah oui, j'suis bête.
Mais bon, déjà qu'ils ont plus vraiment fière allure, mieux vaut pas trop en rajouter en arborant un air sérieux en plus de ça. Pourtant, il se profile au loin cet air grave et ennuyeux, Ezra le voit qui avance vers eux. Mince alors, il faut parler de sujets importants pour mener une conversation avec un poil de substance, même bourré. Alors ils parlent du Bien, du Mal, du fait d'être quelqu'un de bien, ou quelqu'un de bon, de faire les bons choix et toutes ces conneries là. Ça la dépasse un peu Ezra, mais c'est elle qui a mis ça sur le tapis. Elle qui a commencé, alors elle qui doit terminer.
- Ouais.
Mais c'est vrai qu'elle n'est pas très motivée au début.
- Au fond... je sais pas si ça importe vraiment tout ça. Oui, c'est vrai que c'est moi qui ai dit ça, je sais, mais...
Elle perd ses mots, l'alcool embrouille ses pensées. C'est ce qu'elle voulait, elle voulait s'anesthésier. Maintenant que c'est fait, elle aimerait être capable de pouvoir aligner plus de trois mots sans être ridicule. Éternelle indécision.
- Je sais pas si c'est vraiment possible d'être quelqu'un de bien, tu vois ? Je pense qu'on essaie tous... de faire au mieux finalement.
Elle hausse les épaules, elle en tout cas elle fonce droit dans le mur. Elle en tout cas, elle est sûre de ne plus être quelqu'un de bien. Et pourtant, elle continue à se ruiner la santé, à vouloir tout contrôler, à retourner de vieilles choses dans sa tête, constamment, tout le temps, elle veut faire mieux. Mieux que ses parents, mieux que sa sœur, mieux que ses collègues, mieux que tout le monde. Elle voudrait mériter sa chance ici, trouver un peu de sens à tout ce qu'elle a entrepris mais c'est un peu comme hurler dans l'espace : ça ne marche pas très bien.
- Alors... c'est pas grave si t'es plus quelqu'un de bien. Je sais pas vraiment ce que ça veut dire de toute façon. Au moins, tu fais au mieux. Tu fais avec tes erreurs et tes pots cassés, et t'essaies de les réparer. Ça a encore du sens ce que je dis ou je t'ai complètement perdu ?
Sans doute qu'elle l'a perdu, elle s'est un peu perdue elle-même en chemin faut dire. C'est trop fort ce qu'elle boit, elle sait même pas d'où ça vient d'ailleurs. Sûrement un truc de krogan, sûrement quelque chose d'illégal sur le Nexus. En tout cas, Ezra elle se marre bien quand Sylhas fait de son mieux pour lui rendre sa petite marque d'affection maladroite. C'est pas ce qu'il y a de plus simple compte tenu de la carrure imposante des turiens, mais il ne s'en sort pas si mal. Et elle se sent mieux d'un coup, comme si son cœur s'entourait d'une couverture très moelleuse. Elle se mieux ici, au milieu du chaos, parce qu'elle a retrouvé un ami et qu'elle en manque terriblement sur le Nexus. Elle ne cesse d'acquiescer quand vient le sujet ô combien glissant de sa pseudo rébellion, lève même son verre vide pour encourager leurs inepties. C'est un peu bête, mais c'est vrai qu'elle en rêve de renverser deux trois systèmes bien établis.
- Ouais, à la vérité et au changement !
Elle aurait aimé y mettre plus de cœur, mais c'est un peu trop lui demander en ce début de soirée. Elle fait au moins l'effort de rire quand Sylhas évoque de nouveau sa sœur et répond à sa pique. Oui, peut-être qu'ils ont encore quelques années. Peut-être qu'Emma se plait ici, peut-être qu'elle s'épanouit davantage que n'importe où ailleurs. Et Ezra, ça la mine un peu. C'est pas bien, mais ça lui fait mal de savoir qu'elle s'en sort mieux sans elle. Très mal.
- Je repars ce soir. J'étais venue pour... pour voir Emma en fait mais elle a pas l'air motivée. Hum. Tu lui passeras le bonjour de ma part ?
Pathétique, qu'elle se dit en déglutissant. Incroyablement pathétique. Mais voilà on se refait pas, et veiller sur sa sœur a toujours été une part d'elle, quelque chose d'important à ses yeux. On l'avait amputé de cette part là, brutalement. Et elle, elle ne peut pas s'empêcher de continuer à lui courir après.
- Enfin, je vais pas tarder d'ailleurs.
Elle pianote rapidement sur son OmniTool pour contacter un de ses rares sympathisants sur le Nexus pour qu'il vienne la chercher.
- T'inquiète pas pour moi, je vais m'incruster sur le vaisseau de quelqu'un pour rentrer. Quelqu'un de riche de préférence, je monte pas dans le vaisseau de n'importe qui.
Maladroitement, Ezra fait coulisser son derche de son tabouret et se retrouve sur ses jambes. Un peu brutal dis donc, elle manque de s'étaler. C'est toujours la même chanson on dirait. Toujours les mêmes erreurs, et puis le même dégoût de soi le lendemain.
- Eh, prends soin de toi d'accord ?
Parce que ça ferait trop mal de te perdre, toi aussi.
- Je suis contente de t'avoir revu Syl, vraiment contente.
Alors elle s'éloigne à reculons, toujours un peu chancelante et les pensées toujours en vrac. Mais mieux, d'une certaine manière. Heureuse d'avoir vidé son sac et de constater que finalement, certaines choses ne changent jamais.
Codage par Magma.
Posté le Ven 11 Sep - 10:50
Sylhas Astros
I'll relinquish one bullet. Where do you want it?
Profession : Ancien Spectre, désormais chasseur de primes et d'artefacts Habitation : Kadara, mais aussi beaucoup sur ton propre vaisseau, le LWSS Leviathan
So, you’re sulking over a bottle of whisky ?
Port-Kadara |
La bêtise, quelque chose de particulièrement subjectif, dont la définition était propre à chacun finalement, très loin de notions préconçues. Il y avait des chemins, des pistes, des clefs pour comprendre ce qu’était fatalement la bêtise, mais les limites de celles-ci étaient propre à chacun. Ce qui pour quelqu’un était quelque chose d’idiot ne l’était pas forcément pour quelqu’un d’autre et inversement. Tout était question de perspective, tout était question de point de vue, et finalement, c’était le cas pour toute chose ou presque, dans ce monde. Tout n’était finalement qu’une simple question de comment on regardait les choses, comment on se permettait de voir tel ou tel incident, et avec les connaissances annexes qui s’accumulaient avec le temps, on pouvait déterminer certaines choses. Mais c’était toujours très subjectif. Par exemple, ce que disait Ezra, comme quoi elle était bête, et tu imaginais que c’était par rapport au fait de ne pas avoir pensé que ta mère ne la tuerait pas mais viendrait te chercher toi pour te finir, tu ne jugeais pas ça comme de la bêtise. Bien au contraire. Le comportement de ta mère était parfois imprévisible, et ce que tu disais n’était même pas sûr au fond. Après tout, c’était ta mère. Oui, elle viendrait probablement pour te foutre la plus grande rouste de ton existence, mais tu n’étais pas sûr du reste. Et puis, dans toutes ces questions de perspectives, il y avait aussi la notion, très concrète et très banale, de la différence culturelle. Non seulement la notion de stupidité était altérée par ce paramètre très concret, mais parfois, aussi, tu n’étais pas sûr de l’humour des gens à ce sujet, ce qui te rendait particulièrement innocent à nombre de blagues et de railleries qui passaient au dessus de ton crâne et que tu prenais alors au premier degré de la chose. Un attrait qui finissait toujours par faire rire les gens autour de toi pour diverses raisons, dont celle que tu étais particulièrement inconscient du propre caractère comique d’une remarque et que ton premier degré finissait naturellement par sortir et te donner les répliques correctes selon tes propres critères. Alors, tu souriais doucement à la remarque de la blondinette, tes mandibules bougeant doucement pour s’aligner sur le sourire que tu voulais donner et offrir à la jeune humaine. Elle n’était pas bête, et puis, la situation se prêtait à un brainstorming d’idées sur comment ta mère pourrait bien réagir à ta perte dans l’espace. Bien évidemment, comme toute mère – ou du moins presque – sa rage et sa tristesse seraient inconditionnelles. Tu savais après tout que même si ta mère était forte et puissante sur bien des points, la perte d’un enfant était quelque chose d’aussi fatal que de perdre un compagnon, de perdre l’amour d’une vie, que de perdre tout ce qui semblait compter avec autant d’envergure. Tu le savais, tu le comprenais d’une certaine manière, et c’était pour cette raison qu’au fond, sa réaction et ses agissements en suite ne pourraient qu’être plus imprévisibles. Le chagrin faisait ça. Le chagrin rendait les actions irréversibles et généralement bien différentes d’une action provenant d’un état normal. Mais nan, mais nan, t’es pas bête. Tu soufflas, manquant probablement le comique de sa remarque. Toi qui étais pourtant passé maître de l’auto-dérision, tu avais bien du mal encore à le discerner clairement chez les autres, de même que le caractère humoristique. C’était comme ça. Une perte comme une autre dans une barrière culturelle qui était toujours plus grande. Quand bien même tu avais toujours vécu au contact d’autres espèces de part ton enfance faite sur le Nexus, il y avait des choses que tu n’arrivais pas encore à complètement saisir, et ça… c’était l’une d’elle. Pouvait-on te blâmer pour ça ? Peut-être, peut-être pas. Tu ne cherchais pas plus que ça à te trouver des excuses pour cette naïveté apparente, et ce manquement éventuel, mais c’était comme ça. Tu savais que ça pouvait provoquer l’hilarité, et tu y étais habitué depuis.
Et à l’image de la bêtise ou de la stupidité, la notion de bien et de mal était particulièrement différente selon les perspectives et selon les gens, tout naturellement. Qu’Ezra te considère encore comme quelqu’un de bien, ça te faisait sourire. Mais pas de ce sourire si naturellement doux que tu lui portais encore et encore, non. Ce sourire-là, il était quelque peu fané, quelque peu passé, un peu plus jaune, un peu plus triste, un peu moins vrai, un peu plus forcé. C’était la conséquence directe de tes actes passés, du chagrin que tu avais laissé derrière toi mais qui te suivait encore comme une ombre saccharine, un chagrin qui continuait de peindre tes plaques avec cet rapidité de ta vieillesse qui se faisait de plus en plus visible. Quand, il y a quelques mois, tu portais fièrement la fleur du début de la trentaine, aujourd’hui, c’était comme si tu avais pris dix années de plus. Ce n’était pas forcément visible à l’œil de tous, surtout pour ceux qui n’étaient pas des spécialistes de la physionomie de ton ascendance, mais toi tu le voyais. Tu le voyais si bien que le reflet dans le miroir était parfois assez curieusement difficile à constater et à observer parce que tu pouvais voir toutes les fractures dans cette image aspartame que tu avais construit au fil des ans. Tu pouvais voir toutes les failles de cette personne qu’elle jugeait encore bonne mais que tu voyais bien loin de cette simple idée. Tu n’étais plus quelqu’un de bien. Tu t’étais perdu, noyé au milieu d’une tornade dont l’œil t’avalait tout entier sans te laisser le moindre échappatoire. Tu t’étais fourvoyé et désormais, tu gravitais dans un univers où la honte de ce que tu faisais était reine, où la violence était impératrice et où ton chagrin régnait en dieu sur le domaine éthéré de ton esprit. Mais quand bien même tu n’approuves pas ses propres à ton sujet, tu l’écoutes, délicatement, d’une oreille toujours attentive malgré les prémices de l’alcool qui commencent à ronger ta conscience. Ce n’est pas assez pour te faire perdre ta lucidité tant chérie, mais c’est assez pour te permettre de prendre un peu de recul, un peu de légèreté, et de perdre un peu de ce chagrin que tu traînes comme un boulet à ta cheville, comme si tu étais un prisonnier. Oh, mais tu l’étais peut-être finalement. Prisonnier d’un jugement aléatoirement inadéquat, prisonnier de la nouvelle vie que tu t’étais choisi à défaut de pouvoir faire mieux. Parce que tu ne savais pas faire mieux, tu n’étais bon qu’à une chose, et c’était ce que tu faisais aujourd’hui, en dépit de toute bonne conscience et de toute bonne résolution vis-à-vis de ta vie. Terrible, n’est-ce pas? Probablement. Ta vie était en bordel, et tu ne pouvais t’en vouloir qu’à toi-même. Mais tu souris, doucement. De ce sourire-là, le vrai, le doux, le délicat malgré ta carapace puissante et ta morphologie meurtrière. Tu souris, à ses mots. Tu fais encore sens, t’inquiète pas. Ou du moins, tu comprenais ce qu’elle disait, et même si tu n’approuvais pas vraiment ces propos quand ils étaient dirigés à ton sujet, tu pouvais comprendre pourquoi elle trouvait ça à dire, et pourquoi elle le disait. Tu comprenais, et tu approuvais, dans un sens, le fond de ses propos. C’était juste que les appliquer à toi te semblait terriblement inadéquat. Toi aussi, tu fais au mieux, tu sais. Même si ça marche pas, même si c’est pas le meilleur des chemins que tu prends, tu cherches à faire au mieux, et c’est ça qui compte, hein. Tu finis par souffler, levant les yeux de ton verre pour observer au-delà d’elle les étoiles qui commencent à tapisser le ciel de Kadara. Le crépuscule éternel de la journée désormais loin tandis que les lunes de la planète s’affichent au milieu du voile nocturne qui obscurcit la planète. Le temps passe, file et se défile, et tu ne t’en rends pas toujours compte, tu le constates maintenant que tout semble s’obscurcir et que la ville, à contrario, s’allume toujours un peu plus de panneaux signalétiques colorés et lumineux. C’est dans ses rares moments-là où tu cherches toujours quelque chose quand tu regardes les étoiles. Un signe ? Un vaisseau particulier ? Un visage ? Tu ne sais pas. Mais c’est dans ses premières lueurs nocturnes que tu cherches en vain quelque chose qui est hors de ta portée, soit par ton propre fait soit par celui d’un autre. Tu t’es longtemps plains de ton père – et tu le fais toujours – qui était parti en quête d’une chimère irréelle, mais peut-être que tu faisais finalement la même chose alors que tes yeux se levaient vers les étoiles que tu aimais avec révérence. Peut-être. Et là maintenant, tout de suite, tu voulais simplement remettre le pied sur ton vaisseau pour pouvoir partir, pour pouvoir retrouver celui qui te manquait cruellement, pour pouvoir faire justice pour Ezra et remettre de l’ordre aussi de ce côté-là, tu… Tu avais envie de pleins de choses, mais les liens qui te tenaient au sol étaient toujours plus forts que toute la détermination que tu pouvais compulser.
Mais tu sais que le temps file, toujours trop rapidement, toujours à une vitesse folle, et ce n’est qu’une fois les moments finis et absous de leur propre notion et leur propre carcan que tu te rends compte qu’à quel point ils étaient fugaces. Comme celui-ci, avec Ezra. Un instant volé dans un merdier qui ne semblait pas prompt à se finir. Un instant fugace dans une vie qui ne cesse d’être mise sans dessus dessous. Et tu te rends compte, cruellement, à quel point la jeune femme te manque quand tu lui demandes quand elle repart, parce que tu sais qu’elle repart. Tu sais qu’elle n’est pas là indéfiniment. Et heureusement pour elle, par ailleurs. Mais toi ? Toi, ça te fait mal. Parce qu’à Kadara, tu n’as que les gens avec qui tu travailles et même s’ils sont devenus bien plus que ça, tu manques de tes amis. Ils te manquent, et Ezra… Ezra, ouais, elle te manque aussi. Et ça pique, malgré tout. Ça pique de te dire que tu as tout foutu en l’air, et que tout ça, ces instants fugaces et volés, c’est tout ce qu’il te reste. Les miettes d’un gâteau, finalement. Les miettes et les derniers filaments de quelque chose. Et pour l’heure, il n’y a rien que tu puisses faire pour améliorer tout ça. Bien évidemment, tu peux compter sur moi. Tu réponds avec une promesse sous tes paroles, celle de lui donner de ses nouvelles, celle de lui donner des nouvelles de sa sœur, de maintenir cette promesse de faire attention à la plus jeune des Monroe, de faire de ton mieux pour elle, pour elles deux, au final. Tu as envie de lui demander de prendre soin de Sulin, de loin, qu’elle te donne des nouvelles parce que vous ne vous en donnez pas, mais ta bouche demeure éternellement fermée sur ce sujet, et tu constates simplement ton verre, où l’alcool git encore comme dernier étendard de ce que vous avez accompli ce soir. Tu ne peux tout simplement pas lui demander, pas quand la réalisation qu’elle va partir commence doucement à s’imprimer dans tes molécules. C’est trop tôt, tu penses, mais c’est toujours trop tôt. Il n’y a jamais de bon moment pour quitter quelqu’un, pour le laisser de l’autre côté du rivage, il n’y a jamais de bon moment pour laisser un ami derrière, pour dire au revoir. Il n’y en a jamais, et c’est toujours trop tôt. Tu esquisses un léger rire, bien moins communicatif et jovial que ceux que tu as pu échapper ce soir. Celui-là a un goût légèrement amer, un peu triste, un peu comme toi finalement. Bien évidemment. Le meilleur pour mademoiselle Monroe. Tu souffles alors que tu constates son état d’ébriété quand elle descend du tabouret, et que tu songes sérieusement à te lever pour la ramener. Mais non. Tu sais qu’elle ne l’autorisera pas, par fierté, par dignité, tu n’en sais rien, mais tu ne le fais pas. Tu l’observes juste, sans une once de jugement dans tes yeux. Ce serait mal avisé de ta part de le faire, quand, il n’y a pas si longtemps que ça, tu étais probablement pire, à ramper sur le sol pour trouver les dernières miettes de ton cœur, à écumer les barres pour faire disparaître le toucher fantomatique que tu sentais parfois sur ta carapace. Tu n’étais pas mieux. Alors, tu te taisais, tu ne bougeais pas de ton siège. Prends soin de toi aussi, Ezra. Parce qu’elle comptait énormément, malgré tout, et que tu ne voulais pas recevoir une note comme quoi il lui était arrivé quelque chose. C’était presque impensable, et rien que la pensée pouvait réveiller tes subharmoniques curieusement silencieuses depuis quelques minutes. C’était bien moins fort que pour Sulin, mais tu savais que perdre Ezra équivaudrait à perdre un pilier de ton univers, parce qu’elle était là depuis longtemps, et qu’elle était devenue terriblement importante. Et tu ne voulais tout simplement pas la perdre. Tu tournas ta tête pour l’observer partir à reculons, tes piercing brillant doucement par la lumière qui finissait par filtrer pour se refléter sur le métal doré. Tu levas doucement ce qu’il te restait de verre en sa direction. Content de t’avoir revu aussi Ezra, vraiment. A bientôt, peut-être. Tu soufflais avant de voir sa figure disparaître dans les méandres du reste de Port-Kadara, fermant les yeux pour éviter à la peur de prendre le contrôle, et la crainte de venir empoisonner tes pores. Elle pouvait s’en sortir. Elle savait s’en sortir. C’était Ezra. Une force de la nature, et ça, c’était quelque chose qui ne changerait pas. Alors tu finis ton verre d’une traite, observa le paysage nocturne qui se dévoilait, et tu finis par quitter le bar également, après avoir réglé vos dettes. Il y avait des choses qui ne changeaient pas, et pourtant, tu sentais tout bouger autour de toi. La question était : qu’est-ce que tu allais faire ?
Et la réponse : tu n’en avais aucune foutue idée.
Ezra Monroe & Sylhas Astros
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