So, you're sulking over a bottle of whisky? ≠ ft. Ezra Monroe.
Posté le Mar 14 Juil - 2:49
Ezra Monroe
Begin your journey, join the Andromeda Initiative today.
Profession : Journaliste de l'Initiative Habitation : Sur le Nexus
So, you're sulking over a bottle of whisky?
Sylhas & EzraTell me somethin', girl. Are you happy in this modern world? Or do you need more? Is there somethin' else you're searchin' for? I'm falling. In all the good times I find myself longin' for change and in the bad times I fear myself. Tell me something, boy. Aren't you tired tryin' to fill that void? Or do you need more? Ain't it hard keeping it so hardcore?
Sylhas s'amusait de sa remarque, mais elle savait. Presque aussi bien que lui. Déjà parce qu'elle était là, ensuite parce qu'elle savait reconnaitre quelqu'un qui avait souffert. Turien, humain, krogan, asari, peu importe l'espèce, peu importe le vécu. Ils avaient les mêmes marques, les marques invisibles de la souffrance, celles qui se nichent dans les cœur et empoisonnent les esprits. Elle pouvait presque les suivre du doigt, elle qui les connaissait si bien. Les siennes étaient néanmoins un peu différentes de celles de Sylhas, sa blessure était ancienne, bien plus ancienne que celle du turien. Elle n'était plus qu'une douleur fantôme désormais, elle n'en souffrait pas vraiment. Ce qui la torturait, c'était le doute. Le manque d'informations, le manque de réponses quand tout le monde semblait avoir une version différente. Elle s'était construite sur un mensonge et maintenant qu'elle s'en rendait compte, ne savait plus où aller.
- Oh non, ce serait bien indigne de toi en effet. Mais qu'est-ce qui m'a pris d'insinuer une telle chose ?
Elle s'en amuse néanmoins, parce qu'elle n'est certainement pas celle qui se plaindra d'un peu d'ironie. Elle se faisait que ça, ironiser. Sur sa situation, sur ce qu'elle ressentait, sur qui lui manquait. Alors elle n'allait pas blamer Syllabas de faire de même, au contraire. Elle sait que c'est plus facile comme ça, elle sait aussi que chouiner ruinerait son mascara et leur donnerait un air tout à fait pathétique. Personne ne veut être pathétique, personne.
- Alors ça va sûrement te paraître surprenant, mais...
La blonde se tourna à moitié vers son ami, un sourcil haussé et une moue joueuse. Fornax, hein.
- Non. Parce que je ne lis pas, Fornax. Contrairement à d'autres à ce je vois.
Elle lisait Fornax.
- Mais je ne juge pas, évidemment. Après tout, la solitude doit te peser, tout seul, sur ton grand vaisseau, avec ma sœur, ta chieuse de pilote et un krogan. T'as déjà pensé à te taper Rux d'ailleurs ? Non parce qu'il est canon, alors je comprendrais.
Elle l'emmerdait, parce que c'était encore une fois ce qu'elle faisait de mieux, mais elle pensait surtout à quelqu'un. Quelqu'un qui avait longtemps soupiré après le turien, quelqu'un qui avait son pauvre petit cœur brisé après son départ, quelqu'un qu'elle savait spécial.
- Comment va Sulin, d'ailleurs ?
Elle prit son verre pour boire un peu de son contenu avant de se rappeler qu'il avait déjà été absorbé. Mince, ça n'allait pas suffire pour faire taire ce qu'elle avait dans la tête. Quant à sa question, elle la posa mine de rien, presque innocemment. Ça n'avait pourtant rien d'innocent, et Sylhas le savait bien. Elle aurait aimé que leur histoire se termine bien. Elle aurait aimé qu'elle ne se termine pas, d'ailleurs. Et puis c'était toujours plus sympathique de parler de Sulin que de l'Initiative, mais le turien semblait déterminé.
- Je ne sais plus en quoi je crois, Sylhas.
Et c'est vrai, elle était tellement perdue, tellement incertaine de qui elle voulait suivre, de ce qu'elle voulait faire. Même Kyra n'était plus une source sûre à ses yeux. Même elle. Le turien jura copieusement lorsqu'elle lui avoua la vérité, la fit sourire sincèrement.
- J'aurais pas dit mieux.
Ses ongles pianotaient nerveusement sur le verre, seul signe apparemment de ce qu'il se passait dans sa tête. Une multitude de questions sans réponses, la plupart l'incluant elle-même.
- Syl, je t'assure que tu ne voudrais pour rien au monde être coincé avec Kennedy quelque part. Kadara parait des plus accueillante en comparaison de son bureau. D'ailleurs t'aurais pas une dernière place sur ton vaisseau ? Je pourrais faire le ménage ?
Elle jouait la carte de l'humour, encore, c'était plus facile. Mais le turien n'était pas et ne serait sans doute jamais aussi dupe que les autres, et il demandait des explications. Elle les lui devait, elle lui devait beaucoup de choses.
- J'ai... comment dire...
On se demande bien, en effet.
- Je suis partie avec un de leur vaisseau, et une de leur équipe, sur... Bakker. J'ai découvert grâce aux accès que tu m'as donné et à l'aide d'une drell qui a connue mes parents qu'ils menaient des expériences là-bas, ou du moins qu'ils avaient l'habitude de s'y rendre souvent. Résultat, des hors-la-loi nous sont tombés dessus et nous ont gardés avec eux un moment. Autant te dire que mon retour à l'Initiative n'a pas été glorieux.
Et c'était peu dire, on l'avait lynchée. Lynchée, puis humiliée en la plaçant sous la responsabilité d'une autre journaliste comme une gamine de 5 ans que l'on a peur de laisser toute seule. Elle tapa sur le bar quand Sylhas fit sa commande, plus qu'impatiente à l'idée de pouvoir de nouveau tremper ses lèvres dans un verre.
- T'as entendu le monsieur ? Plus vite que ça.
Dire qu'elle était de mauvaise humeur, c'était un sacré euphémisme.
Codage par Magma.
Posté le Mar 14 Juil - 10:24
Sylhas Astros
I'll relinquish one bullet. Where do you want it?
Profession : Ancien Spectre, désormais chasseur de primes et d'artefacts Habitation : Kadara, mais aussi beaucoup sur ton propre vaisseau, le LWSS Leviathan
So, you’re sulking over a bottle of whisky ?
Port-Kadara |
L’auto-dérision, une arme puissante pour qui savait s’en servir correctement, une arme puissante pour qui avait des démons à cacher, des fantômes à mettre dans un placard pour ne les ressortir que sous forme d’une blague. Toi, tu étais devenu presque maître de cette arme, de cette artillerie lourde parce que tu avais pris l’habitude de cacher ce qui te faisait peur, ce qui te faisait mal, ce qui te bousillait à petit feu. Et Ezra savait, malgré tout. Elle t’avait vue, à différents stades de ta vie, à différentes époques. Celles où tu brillais, comme un soleil, d’un bonheur et d’une fierté sans faille, celles où tu étais dans le doute, toujours en quête d’une justice invisible et d’une personne à sauver, droit dans tes bottes, droit dans ton éthique. Celles où tu t’étais noyé dans l’alcool jusqu’à plus soif et dans les positions charnelles les plus aventureuses, celles que tu essayais d’oublier jusqu’à leur simple existence, par ailleurs. Celles où ton chagrin était entendu par tous ceux qui avaient des oreilles et se trouvaient un peu trop à proximité. Celles où, désormais, tu n’étais plus que l’ombre de celui qui voulait voir la justice triomphée coûte que coûte, celles où, désormais là encore, tu n’hésitais qu’à peine plus que cela avant d’appuyer sur la gâchette pour tirer une balle, deux, trois, quatre peut-être. Elle voyait les blessures, physiques, qui rendaient ton col un peu plus irrégulier que celui d’un turien normal, mais elle connaissait surtout celles en filigranes sur ta peau, sur ton esprit. Celles que l’on pouvait effleurer du bout du doigt mais que l’on ne pouvait percevoir qu’en connaissant le passif que tu avais. Elle savait. Tout comme tu connaissais certaines des siennes. Tu pouvais ressentir les démons qui prenaient possession de ce qu’elle était, parfois, et tu l’avais vu, aussi, à différentes étapes de sa vie, à différents moments. Celles où elle rayonnait et celles qui, comme aujourd’hui, l’enfonçaient dans un trou sans fond où seul l’alcool permettait de s’en extraire pour quelques vagues minutes, quelques vagues instants à peine confondus dans l’espace du temps. Alors, toi comme elle, vous jouiez la carte de l’auto-dérision, de l’humour. L’humour pour panser les plaies les plus anciennes, les plus récentes, les plus douloureuses et les plus anodines. L’humour pour compenser une perte, un doute, un manque, une absence, parce que même si vous étiez là l’un pour l’autre, vous saviez très bien, l’un comme l’autre, que vous ne pouviez rien faire pour combler le manque de l’autre, pas comme l’alcool le faisait si bien. C’était du déni, comme toute chose se composant d’un trait d’humour. Du déni pur et simple, simple dans sa composition, brutal dans sa définition physique une fois qu’il explosait à la gueule de celui qui en usait. Alors, tu n’essayais même pas d’avoir l’air un quart sérieux sur cette histoire. Tu préférais esquisser un rire, lui offrir un sourire turien et un regard en coin. C’était plus simple. Je me le demande bien hein. Moi, ô grand ex-spectre, m’apitoyer sur mon sort et me noyer dans l’alcool, quelle image fantasque. Mais c’était du déni. Et tu le savais. Tu le savais et tu ne voulais toujours pas voir la réelle réalité.
Alors oui, l’auto-dérision, l’humour permettait d’égayer les conversations, de ne pas tomber dans l’humeur cassante et froide qui retenait tous vos problèmes. Les tiens, ceux d’Ezra, ils étaient différents, mais le même sentiment pathétique s’infiltrait chez vous deux, et il n’était pas question d’être pathétique au sein du Chant de Kralla. Si vous vouliez être pathétiques, vous pouviez très bien l’être, à l’abris des regards, chez toi. Alors tu préférais continuer sur cette lancée humoristique, ta voix s’égayant d’un ton amusé alors que tes mandibules s’étiraient en un sourire. Ah ouais ? C’est pas ce que ta sœur m’a soufflé. Tu rétorquas à sa remarque, non sans laisser un ronronnement teinté tes subharmoniques. Du déni ? Non, de l’auto-dérision, là encore. Encore et toujours. Parce qu’elle aussi était devenue maîtresse à ça. A l’omission aussi. On détournait l’attention avec un sujet plus léger pour ne pas avoir à être confronté aux réels problèmes qui demandaient pourtant réparation. C’était tellement plus simple, tellement plus légitime que de s’apitoyer sur son sort. Tu comprenais, ô que trop bien, ce choix. Le rire qui s’échappa de ta gorge fut le plus naturel qui soit à sa remarque suivante. Rux ? Tu sais qu’il a un jour cru que je le draguais sérieusement ? Il avait peur que je veuille coucher avec lui. Mais il ne glisse pas sur ce bord-là, figure-toi. Ceci dit, je peux lui passer un mot de ta part, si tu veux, il en sera ravi. Tu glissais, sournoisement, non sans un énième sourire adressé à la jeune femme, et seulement à elle. Ca paraissait presque comme un sourire intime, le genre de choses que tu adressais dans les confins d’une blague, comme admettre silencieusement la défaite, et la réalisation de ce qui était entrain de se jouer. Le déni. Toujours.
Ce n’était pas tant un manque de clairvoyance sur tes problèmes qu’un simple rejet de vouloir en affronter les démons à mains nues. Tu pourrais, très bien, te mettre à les affronter, faire table rase en prenant enfin le temps de les observer, de les scruter et d’enfin en finir. Mais tu étais fatigué. Tu avais trente-deux ans et tu étais épuisé comme si tu avais le double de ton âge. Le poids des erreurs, le poids des absences, le poids de la déception… ça rendait un homme fier plus fatigué qu’autre chose, ça rendait un homme juste injuste, ça lui donnait un pouvoir supplémentaire et une éthique devenue largement critiquable. Et cette fatigue, peut-être que tu ne l’avouerais à personne. Non pas parce que tu n’y croyais pas et tu étais dans le déni de sa seule existence, non. Tu ne l’avouais pas parce qu’il fallait ensuite faire face à tout le reste, et tu n’étais, peut-être, au final, pas prêt pour ça. Tu l’avais avoué à Sulin, la veille de ton départ, lorsque le flou post-coïtal s’était doucement échappé pour que le nuage des confessions nocturnes puisse s’installer doucement et que tes premières paroles furent sur tout ce merdier dans lequel tu étais entraîné. Tu lui avais soufflé à quel point tu étais épuisé de toute cette situation, de tout ce merdier qui avait commencé avec la mort d’Aranea. Que tu en avais marre de courir après des fantômes, que tu en avais marre d’être emprisonné par eux à tel point que tu avais parfois l’impression d’étouffer. Tu lui avais dit, aussi, à quel point c’était une bénédiction de ne plus jamais avoir à retourner dans ton appartement parce que tu y voyais une prison. Tu t’étais confié jusqu’aux confins de la nuit, jusqu’à ce que tes subharmoniques ne ressemblent à rien d’autre qu’à un mélange de pleurs et de basses tonalités de tristesse et de doute. Alors, quand elle aborda le sujet de Sulin, tu sentis que tu perdais encore une fois quelque chose. Quelque chose sur laquelle tu ne pouvais pas vraiment utiliser l’auto-dérision parce que lui te l’aurait refusé, refusait que tu en fasses usage. ‘Ça va finir par te tuer’, qu’il disait. Il n’avait peut-être pas tort. Je… Comme le reste des gens que j’ai laissé derrière moi, à ton exception, en sécurité sur le Nexus. Tu sais, ceux qui m’écoutent quand je parle et qui ne font pas n'importe quoi quand j'ai le dos tourné. Tu as vu, d'ailleurs, cette histoire de prisonnier qui se serait échappé de la prison du Nexus? Un criminel de délit mineur, mais quand même. Me voilà parti et tout tombe en ruine, même la sécurité! Tu faussas un espèce de rire, à moitié drôle, à moitié gêné, à moitié nerveux. Tu n’avais pas pu. Il avait fallu que l’humour prenne le pas alors que tes subharmoniques chantaient le doute, l’indécision, le manque. Tu soupiras, doucement, essayant de reprendre un peu de sérieux. Tu ne savais pas ce qui était le pire dans cette histoire : parler de l’Initiative et ces fils de pyjacks, ou parler de Sulin, qui détenait toujours ton cœur à des années lumières d’ici mais avec qui tu ne savais toujours pas où te tenir ? C’était tellement plus simple sur le Nexus. Tout était tellement plus simple. Plus sérieusement, je comptais te poser la question. Je n’ai… Pas eu de mail de sa part depuis quelques semaines, et il n’était pas là quand j’ai amarré au Nexus il y a de ça deux semaines pour une livraison d’artefacts. Arus ne m’a donné que quelques bribes d’informations par ci par là. Quelqu’un lui tournerait autour, apparemment. C’est… Bien. Il se reconstruit, j’imagine. Les mots étaient difficile à sortir, et quiconque te connaissant un minimum pouvait très bien le voir. Ce quelqu’un, tu le connaissais, mais tu n’arrivais pas à en parler, pas sans être outrageusement jaloux. Et tu n’avais pas le droit d’être jaloux, tu n’avais pas le droit d’être possessif. Pas quand tu avais déjà miné la carrière de celui que tu aimais, pas quand tu avais mis un point d’honneur à ce qu’il ne veuille pas te suivre, pas quand tu essayais de le protéger – lui et son cœur – en les gardant à distance, en sécurité. Tu ne pouvais pas le blâmer, tu ne pouvais pas être jaloux. Mais ça faisait mal quand même. Toi aussi tu avais le cœur brisé. Tu essayas de reprendre un minimum de constance quand un krogan tapota ton épaule avec un mot sur tes subharmoniques trop volubiles et qu’il s’éclipsa ailleurs. Tu toussas légèrement, avant de prendre une gorgée de ce qu’il restait de ton verre.
Pour peu, tu tournas un œil aveugle sur tes problèmes pour te concentrer sur ceux d’Ezra, sur ce désespoir que tu percevais dans sa voix, dans son langage corporel, dans ce qu’elle te disait et ne disait pas. Tu avais appris à la lire, à la comprendre au-delà de ce qu’elle disait. C’était ton travail, autrefois, d’être capable de lire les autres, ou du moins, essayer. De juger les odeurs qu’un corps pouvait émaner grâce aux hormones, de comprendre le langage corporel inconscient. Tu n’étais clairement pas passé maître dans l’art, mais l’avantage que tu avais ici, c’était que tu connaissais Ezra. Tu la connaissais, et c’était un avantage non négligeable dans cette situation. Tu voyais le doute et l’anxiété dans la façon dont ses ongles tapotaient contre le verre, la façon dont ses muscles se tendaient, très légèrement, sous la peau, d’une manière presque imperceptible. Et tu sentais l’hésitation dans sa voix. Tu esquissas un nouveau sourire à sa remarque. L’humour. Encore une fois. Tu ne pouvais pas la blâmer. Tu faisais la même chose. Vous faisiez tous deux usages des mêmes armes, des mêmes défenses, des mêmes boucliers, dans l’espoir que cela fasse passer les épreuves plus vite, que tout ce doute, cette absence, ce manque, cette douleur s’évaporent comme neige au soleil. Mais non. Ça ne faisait, au final, peut-être que ralentir le processus – le médecin que tu avais à bord du Leviathan t’avait dit ça. C’était comme une plaie ouverte. Mettre une fois du médigel dessus, ça permettait de calmer la douleur temporairement, de lancer la cicatrisation, de prévenir de l’infection. En mettre plusieurs fois, mais ne rien faire à côté – comme une chirurgie ou autre – ça ralentissait considérablement le processus de guérison. ‘L’esprit n’est pas si différent du corps, Sylhas.’ Qu’elle t’avait dit. Peut-être qu’elle avait raison. Je veux bien te croire. Après tout, du peu que j’ai vu de Kennedy, même sans lui avoir parlé, j’avais déjà envie de lui coller mon Carnifex entre les deux yeux. Tu pris une gorgée de ton verre, constatant sans mal qu’il était en train de descendre plus vite que tu ne l’aurais voulu, et ça te fit grogner, légèrement. Mais au moins, au Nexus, tu n’as pas une cible permanente sur le dos qui dit « je suis de l’Initiative, butez moi », et ça, c’est déjà une victoire en soi, tu sais. Tu esquissais un nouveau sourire avant de zieuter un peu l’assemblée de clients. Il y en avait quelques-uns qui vous scrutaient curieusement, se doutant qu’il y avait adhi sous rocher, mais tu t’en fichais. Qu’ils essayent de venir, ils tâteraient de tes capacités de combat au corps à corps et peut-être du canon de ton carnifex. Le ménage, Ezra ? Rien que l’idée de dépoussiérer un meuble te donne déjà envie de fuir, alors tu imagines nettoyer un vaisseau de la taille du Leviathan ? Tu répondis avec humour, un rire dans la voix. Tu ne disais pas non, ceci dit. Parce que tu ne pouvais pas dire non. Tu savais que si elle avait un jour besoin d’un refuge, le Leviathan serait le sien, toujours. C’était une vérité silencieuse, et elle était au courant, bien évidemment.
Toutefois, tu lâchas soudainement ton verre à l’entente de l’explication de la jeune femme, et tu tournas ton regard incrédule en sa direction, tes mandibules ne sachant nullement où se placer tant la surprise était grande. Tu as fait QUOI ? Un silence, léger, un peu pesant toutefois, se plaça dans la salle à l’entente de tes mots, et pour ceux ayant les oreilles suffisamment fines, la détresse pure qui coulait de tes subharmoniques, puis le son reprit, l’animation reprit, comme si rien ne s’était passé. Tu ne pouvais pas croire que de toutes les conneries qu’elle avait choisie de faire, c’était celle-ci qui avait retenu son attention. Tu passais une main sur ton visage avant de la reposer mollement contre la table alors que la jeune femme s’impatientait pour les verres que tu avais commandés. Verres qui ne tardèrent pas à arriver, d’ailleurs, remplaçant les deux vides qui étaient les vôtres. Oh Ezzie… Tu soufflas avant de faire claquer ton verre contre le sien. Tu ne pouvais pas la blâmer, ni la juger, tu savais que tu avais plus ou moins mis cette action entre ces mains le jour où tu lui avais donné tes accès. C’était plus ou moins ta faute, en somme. Pourquoi tu ne m’as pas contacté ? On y serait aller ensemble, tu n’aurais rien risquer, et tu aurais eu un backup suffisamment important pour que ces pyjacks vous tombent pas dessus. En plus d’un krogan. Et un turien. Clairement ce qu’il faut pour ce genre de mission. En plus d’un vaisseau dont la furtivité était le point fort, ce qui aurait permis de passer sous les radars de la planète. C’était la merde. C’était vraiment mal foutu comme situation, mais là encore… Tu ne savais pas si l’Initiative avait eu raison dans leur rétrogradation. Tu comprenais la gravité de la situation, mais tu étais également biaisé. Rassure-moi, ils ne t’ont pas fait de mal ? Tu savais que ta question incluait aussi la drell qu’elle avait mentionnée, mais elle n’était pas non plus la priorité à l’heure actuelle, et elle le savait. Et rassure moi, à nouveau, est-ce que ça a été utile ? est-ce que tu as trouvé quelque chose ? Une piste ? Tu demandais, conscient que c’était là aussi le cœur de tout ce débat. Si elle avait fait tout ça pour n’y trouver rien de plus que des questions supplémentaires, tu n’étais pas sûr qu’elle prendrait correctement la suite des événements sur le Nexus. Alors que si elle avait trouvé quelque chose… Peut-être que les choses seraient différentes. Dire que tu étais inquiet, dans tous les cas, c’était un euphémisme au même titre que la mauvaise humeur apparente de ton amie.
Ezra Monroe & Sylhas Astros
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Le verre qu'elle a brutalement commandé rebondit sur le comptoir comme son cœur dans sa poitrine, elle le saisit avec flegme en écoutant les dernières réactions du turien, l'oreille faussement distraite. Malgré leurs piètres tentatives d'humour, les sujets abordés sont sérieux et remuent aussi bien le palpitant que l'estomac de la blonde. Sa sœur au début, et ce qu'elle a potentiellement dit au turien.
- Emma raconterait n'importe quoi pour obtenir tes faveurs, n'importe quoi.
Puis elle trempe les lèvres dans l'alcool, grimaçant légèrement en constatant que ce verre là était encore plus fort que le précédent, plus vieux sûrement. Sa résistance à l'alcool frôlait le miracle pour une humaine, elle voyait ça comme un don en quelque sorte. Mais sa sœur, sa sœur était toujours un sujet sensible quand bien même elle aurait préféré être jetée dans l'espace plutôt que de l'avouer. Elle l'avait abandonnée quand il ne lui restait plus qu'elle, ça l'avait blessé, indéniablement.
- Oh, tu ferais ça pour moi ?
Mais le spectacle doit continuer, encore et encore. Peu importe le prix à payer, peu importe comment elle se sent, ce dont elle a envie. Kyra lui a appris à sourire peu importe les occasions, elle lui a appris à mentir comme personne, elle le fait désormais sans même y penser. Quand elle se regarde dans la glace aujourd'hui, elle ne sait même plus qui se trouve devant elle. Mais elle continue, elle lance un regard complice au turien quand il parle de son pilote et du potentiel béguin de la journaliste pour lui. Tout ça n'a que peu d'importance, ils le font pour la forme, pour survivre et ça fonctionne. Le sujet suivant est d'un autre genre, si bien qu'Ezra reste sérieuse suffisamment longtemps pour écouter et considérer les propos de son ami. Sulin. Bien sûr que quelqu'un lui tournait autour, en tant que journaliste elle ne peut manquer ce genre de choses, surtout quand ça concerne le pionnier Ryder. Elle entendait encore cette foutue Kennedy cancaner à ce sujet.
- Il est triste comme une pierre, Sylhas.
Elle claque brutalement sa gnôle contre le comptoir, presque sévère, presque furieuse.
- Quelqu'un lui tourne autour, ouais, mais tu penses vraiment qu'il se reconstruit ? Il pense qu'à toi Syl, ça se lit sur son front.
Et ça la gonfle Ezra de voir toujours les mêmes scénarios se reproduire encore et encore, les mêmes personnes séparées, les mêmes familles brisées au nom d'on ne sait quelles lois arbitraires et restrictives à bien des égards. Ça l'énerve et elle le fait sentir.
- Faut pas que tu désespères, faut que tu te battes si tu l'aimes. Tu l'aimes non ?
Elle cherche son regard, peut-être trop brutale dans sa façon d'obtenir des réponses. Mais elle n'a plus envie de jouer Ezra, elle fait trop dans le subtil trop souvent, elle joue un rôle trop souvent. Elle ne veut pas que cette histoire soit comme les autres, alors elle le fait entendre, elle tape du poing sur la table quitte à ébranler le cœur du turien.
- Quant à Kennedy...
Oui, Kennedy lui tapait sur les nerfs, c'est vrai. Et le fait d'avoir été rétrogradée puis placée sous tutelle comme une petite fille faisait souffrir son ego, mais ce n'était pas si grave finalement, pas vraiment. Pas autant que sa sœur ou Sulin, pas autant que toutes ces choses là qui martelaient leurs âmes jour après jour de petits coups fantômes que personne ne voyaient mais qui creusaient un trou peu à peu.
- Ouais, Kennedy est chiante. Mais comme tu dis, c'est finalement peu cher payé pour la sécurité, j'imagine.
Elle le disait sans conviction parce qu'elle n'y croyait plus tout à fait, elle commençait presque à s'en moquer de la sécurité. À se dire que finalement, ce n'était pas aussi important qu'elle le pensait, pas si ça signifiait vivre dans le mensonge. Elle ricana quand Sylhas tourna sa proposition à la dérision, c'est vrai qu'elle n'était pas faite pour le ménage. Ezra, c'est une journaliste, ça coule dans ses veines, ça transpire de ses pores. Elle avait la conviction qu'elle n'était que ça, Ezra. Qu'elle ne pouvait être rien d'autre, et peut-être qu'elle n'a pas tout à fait tort.
- Tu marques un point. Peut-être même deux.
Au moins trois, et ça continuait avec le détail de ses bêtises et elle qui s'enfonçait dans son siège peu à peu. Elle n'en était pas fière, elle ne pouvait pas dire autre chose. Elle n'en avait pas honte non plus, pas tout à fait.
- Je sais, je sais...
Elle avait merdé, gravement.
- J'ai paniqué Syl, j'en pouvais plus, j'avais l'impression d'étouffer là-bas. J'avais l'impression d'être enfouie sous un gros tas de mensonges. Je devais trouver des réponses, j'ai pas réfléchi.
Ah ça non elle n'avait pas réfléchi, elle s'en mordait les doigts parfois. D'autres fois, elle s'en félicitait. Ses humeurs variaient beaucoup d'un jour à l'autre, ses envies aussi. Quant à sa question, la blonde se contenta d'hausser les épaules, le regard dans le vague. La chaleur du Sidewinter sur sa tempe et la certitude que l'angara qui le pointait allait faire feu ne la quittait pas. La faim l'avait marqué, les violences et la peur aussi. Ça l'empêchait de dormir ça aussi, mais elle n'en parlait pas.
- Ça peut aller, j'imagine.
Ça aurait pu être pire, elle se le disait constamment mais ça n'arrangeait rien. Quant aux résultats de sa petite expédition...
- Pas grand chose, si ce n'est la certitude que Kyra me ment et les restes d'un laboratoire là-bas que je n'ai pas pu fouiller. La drell disait sûrement vrai, même si elle est louche elle aussi. Ils cachent tous des choses Sylhas, tous. À croire que le Nexus n'est rien d'autre qu'un foutu nid devipères.
À peine aigre, un poil dépassée, elle repose son verre à moitié plein sur le comptoir. Ça a brûlé sa trachée, pas ses doutes.
Codage par Magma.
Posté le Dim 26 Juil - 2:40
Sylhas Astros
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So, you’re sulking over a bottle of whisky ?
Port-Kadara |
L’humour n’était pas ton point fort. Il ne l’avait jamais été, comme ta subtilité. Tu n’étais pas quelqu’un de subtile ou quelqu’un avec un sens de l’humour particulièrement développé – probablement parce que nombre de blagues se perdaient dans la traduction également – et ta subtilité se perdait dans tes minces tentatives d’éviter des sujets trop épineux. Parce que finalement, tu n’étais pas aussi courageux que tu aimais à le faire paraître. Oh oui, tu étais courageux sur le terrain, quand tu empoignais ton arme et que tu étais capable de placer le canon contre les tempes de quelqu’un sans flancher d’un seul centimètre, que tu étais capable de tirer sans avoir peur des éclaboussures. Tu étais courageux sur le terrain, quand ton viseur te donnait tes cibles et que tu appuyais sur la gâchette sans même estomper ton souffle, sans que ta poigne ne vacille d’un millimètre. Oui, là, tu étais courageux, là, tu portais ton tempérament et tes maigres estampes de courage. Dans le privé, dans la réalité, là où les choses réelles se déroulaient et là où tu pouvais finir blesser sur d’autres plans, tout ce courage disparaissait au profit d’une lâcheté sans faille. Tu ne pouvais aborder les sujets qui te faisaient mal sans avoir l’impression de déchirer ton âme en deux, une part pressée d’en parler, d’ouvrir ce sac qui était contenu et fermé depuis bien trop longtemps, et cette autre moitié qui refusait de te rendre vulnérable, qui refusait d’accepter cette vulnérabilité qui pouvait te rendre faible, d’accepter les sentiments et les émotions pour ce qu’elles étaient. Dans le privé, dans l’intimité, tu étais bien plus faible, bien plus vulnérable. Le grand commandant du Leviathan qui descendait généralement la rampe de son vaisseau avec le sourire et l’allure fière s’estompait pour ne laisser qu’un turien qui était devenu incapable de parler de ses propres problèmes avec le sérieux nécessaire, qui les esquivait comme la peste. Ce commandant était loin quand les portes se fermaient et qu’il était confronté à la dure réalité de ce qu’il ne pouvait avouer. Même avec toute la légèreté de ta conversation avec Ezra, il y avait bien plus en jeu qu’une simple partie de Skyllian-Five Poker. Il y avait tellement plus en jeu, et tu le savais, c’était pour ça que tu essayais de garder un minimum de légèreté à un sujet qui pouvait être dix fois plus épineux. Non pas pour toi cette fois-ci, mais pour Ezra. Mais tu la connaissais suffisamment pour savoir que vous utilisiez tous deux les mêmes armes quand un sujet devenait trop anxiogène, quand il devenait trop compliqué à aborder. Et tu suivais, parce que tu n’avais pas d’autres armes, tu étais sans défense, surtout face à Ezra, curieusement. Comme si elle avait besoin de mes faveurs, tiens. Tu rétorquais, un léger rire dans la voix alors que tu vrillais ton regard vers elle, lourd et chargé de pleins d’émotions contenues, conscrites derrière tes iris verdoyantes. C’était si difficile de parler de tout ça, même pour toi. Tu savais que la sœur de la jeune femme en face de toi était un sujet épineux, plus qu’épineux même, il était littéralement un chemin miné, presque pire que pour Kyra. Mais tu savais aussi très bien que la jeune femme avait besoin d’avoir de ses nouvelles même si elle était en colère contre elle, et à raison. Mais c’était difficile même pour toi, parce que tu ne voulais pas faire de faux-pas et mettre les pieds dans le plat, enfoncer un clou qui était déjà bien là. Tu ne voulais pas la faire souffrir davantage. Cette situation était déjà bien trop pesante pour elle, tu ne pouvais tout simplement pas l’enfoncer davantage là-dedans. Tout ce que tu voulais, curieusement, c’était son bien. Qu’elle aille bien, et si tu pouvais la soulager un peu en prenant soin de sa jeune sœur, tu le faisais, de bon cœur. Elle n’était pas si terrible Emma. Elle réussissait à casser des choses dont tu ignorais jusqu’à l’existence sur ton vaisseau, elle cassait ta boîte mail et elle avait réussi – une fois – à casser le verrou de tes appartements, mais elle n’était pas terrible pour autant, et tu la supportais avec bon cœur. D’une certaine manière, elle complétait sans mal ton équipage déjà désorganisé et sans le semblant de cohérence. Prendre soin d’elle, c’était prendre soin d’Ezra, d’une certaine manière, et tu ne demandais guère plus de choses – enfin si, tu demanderais peut-être à la galaxie de te laisser être heureux plus d’une année, peut-être, mais c’était probablement trop demander, tu imaginais.
Alors, à défaut de garder ton sérieux ad vitam aeternam – comme disait souvent ton ancienne compagne – tu apportais de la légèreté en parlant de Rux, ce vieux krogan aux penchants douteux – et c’était toi qui disait ça ? – et à l’humour parfois macabre. Mais tu savais qu’il avait une légère affection pour la blondinette en face de toi, et qu’il faisait autant attention que toi à la jeune sœur de la journaliste, simplement parce que vous saviez tous les deux ce que cela représentait. A quel point tout ceci était important. Bien sûr que je ferai ça pour toi. Une occasion en or de mettre mal à l’aise un krogan de je sais pas combien d’années mon aîné et l’occasion de mettre un sourire sur ton visage ? Franchement, ça se loupe pas. Tu souffles non sans une pointe d’humour, une pointe de légèreté parmi tout le sérieux qui allait se profiler et qui allait probablement étirer tes mandibules dans des rictus bien moins joyeux. Tu profitais, alors, de ses derniers instants de légèreté, qui vous font survivre, qui te gardent à flot quand visiblement tout le reste veut te voir noyé sous la pression, sous le chagrin, sous tellement de choses que tu en oublies la majorité. Ces moments volés, tu les chéris, doucement, parce qu’ils sont précieux, parce qu’ils ne sont pas encore teintés de la souillure de vos problèmes respectifs, parce qu’ils les gardent un peu plus loin, parce que tu peux respirer, parce que tu peux vivre avant de retourner dans l’ombre projeté par tes problèmes que tu refuses d’affronter par fatigue. On t’a appris à être comme un rocher. Dur, infaillible, qui ne tremble pas, qui ne pleure pas, qui ne se fatigue pas, qui ne se plaint pas, qui ne se meurt pas. Et pourtant, il était loin ce combattant, il était loin le fier soldat qui savait se tenir sur ses deux jambes sans fléchir devant un visage qu’il n’aimait que trop, il était loin ce soldat qui savait garder ses émotions sous contrôle. Tu savais toujours le faire, mais il y avait des personnalités auxquelles tu ne pouvais rien cacher. Ezra était l’une d’entre elle. Malgré le déni, malgré l’auto-dérision, l’humour, et tout ce que tu portais sur ton dos dans l’espoir de cacher la misère qui se tapissait sous ta peau et sous ta carapace. Et elle te parlait de ce qui était devenu ton point faible. Une personne chère à ton cœur à tel point que chaque mention de lui sans sa présence était un crève-cœur qui manquait de te faire faillir. Combien de balles étaient parties dans la mauvaise direction parce que tu avais pensé à lui au moment d’appuyer sur la détente ? Combien de nuits avais-tu passé sans sommeil parce que tes cauchemars commençaient par des rêves et finissaient avec une balle entre les deux yeux ? Combien de minutes avais-tu perdu à fixer l’horizon d’une pouponnière d’étoiles en espérant trouver une solution à un problème où tu ne trouvais que des impasses, toutes aussi hautes les unes que les autres ? Combien de fois t’étais-tu amusé à espérer le voir à ton arrivée à Kadara alors que ta conscience te hurlait que s’il était là, tu revivrais le cauchemar de la première heure.
Entendre Ezra dire qu’il était triste comme une pierre, c’était rajouter un poids supplémentaire sur quelque chose qui te laissait déjà sans voix bien trop facilement. Le bruit de sa bouteille résonnant trop facilement avec la brutalité avec laquelle ses mots avaient frappé ton être, ta tête s’inclinant très légèrement, les piercings tintant, te rappelant trop bien que tu n’étais plus de là-bas, mais que tu étais un être d’ici-bas. Qu’il valait mieux pour lui que tu sois loin, aussi loin que possible, quitte à ce que ton cœur finisse en miettes, écrasés par les pieds des mercenaires qui te crachaient à la gueule sans aucune vergogne. Tu essayes d’inspirer, de respirer, de trouver du souffle alors qu’elle confirme la crainte que tu as souligné, celle qu’il voit quelqu’un. Quelque chose qui te fend le cœur, qui te pousse dans tes derniers retranchements, fait renaître des instincts que tu pensais morts avec ta compagne. Alors tu déglutis, tu essayes d’avaler ce nœud qui enserre ta gorge comme des ronces qui s’enfoncent dans ta chair, qui obstrue tout passage entre tes cordes vocales et le reste de ton œsophage. Pour quelques fugaces secondes, tu as l’impression d’être de nouveau dans cet appartement funeste. Il en aurait bien le droit, en tout cas. C’est la seule chose que tu peux répondre. Tu essayes d’être honnête, tu essayes que cette pensée soit honnête, parce qu’il mérite d’être heureux, de pouvoir se reconstruire, de pouvoir vivre, aimer, et être aimé en retour, vraiment. Il ne mérite pas qu’un turien lui gâche la vie et tous ses espoirs en étant le boulet que tu es. Un traitre, une vermine, un monstre, un renégat, une racaille. Rien de plus qu’une vermine que l’on écrase avec le talon d’une chaussure dans l’espoir qu’elle ne laisse aucune marque. Tu ne lui fais finalement peut-être que trop de mal. Il a le droit de se reconstruire, de vivre sans toi, tu… Tu as mal. Tu as terriblement mal, et les mots suivants d’Ezra frappe de la même manière que si son poing s’était retrouvé entre tes côtes pour te retirer tout espoir de souffle. Ton souffle est coupé, et tu ne peux autoriser son regard à rejoindre le tiens, tu ne peux, pour une fois, pas autoriser qu’elle y voit tout ce qu’il y a à y voir. Parce qu’il y a bien trop, un trop-plein que tu ne peux gérer, que tu ne sais plus comment contenir, comme si tu avais perdu tous tes enseignements. Il n’y a plus rien. Rien de plus qu’un cœur brisé, à nouveau, et l’espoir, mince, de ne pas avoir tout foutu en l’air. Mais tu es fatigué, las, mordu par le temps, et le chagrin. Tu n’es, au final, plus que l’ombre du soldat, fier, qui descendait de son vaisseau pour embrasser celui qu’il aimait sans un souci du monde, enfin rétabli, enfin prêt à affronter la suite, sans savoir que cette suite serait probablement sans lui, serait loin de tout ça. Ce fier commandant, il était là, au bar, les yeux perdus dans une boisson qui n’avait guère de goût maintenant si ce n’est celui de ton propre chagrin. Bien sûr que je l’aime. Je l’aime probablement plus que j’ai aimé Aranea, et tu sais ce que ça veut dire. Tu souffles, la voix rauque – même si cet aspect se perd probablement avec les traducteurs – et tu tournes ton regard vers elle, lui laissant pour quelques secondes la possibilité de voir le tumulte derrière tes iris. Mais qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Que je l’emprisonne sur mon vaisseau où il sera malheureux comme une pierre de ne plus pouvoir faire ce qu’il a toujours aimé faire ? Que je l’amène dans une ville où il aura pire qu’une cible sur le dos, pour qu’il craigne pour sa vie quand il ira acheter du lait ? Ezra, c’est un combat perdu, et tu le sais. Et pourtant, tu étais prêt à te battre, elle le savait. Elle savait à quel point tu étais désespéré à l’idée de le retrouver, de faire en sorte que ça marche. Mais tu étais juste las de tourner une question sans réponse dans ta tête, une question qu’elle te foutait en pleine tronche comme si tu n’y avais pas déjà réfléchi. C’était sans fin. Et tu étais triste. Tu avais mal. Tu voulais dormir. Et elle ne te laissait pas l’occasion, maintenant, de t’échapper ou de te camoufler derrière de faux-semblants et de l’auto-dérision.
Et tu n’allais pas laisser Ezra échappé au sérieux, non plus. Pas après les confessions qu’elle venait de te faire. Il n’y avait aucune raison pour que tu passes sous son scanner et pas elle sous le tien. S’il était question de mettre cartes sur table, ça allait être fait, et expressément, tu ne comptais pas la laisser filer et la laisser s’échapper comme ça. Tu savais que rediriger sa peine sur le fait que ce n’était pas « pire que de se faire expulser », c’était amoindrir un problème qui était pourtant fatal pour la jeune femme. Tu le savais, tu la connaissais. C’était faire un pied de nez à la totalité de tout ce qu’elle avait bâtit jusqu’ici, c’était foutre en l’air des années de travail, c’était amoindrir tout ce courage et la détermination qu’elle avait eu au fil des années, et tu t’en excusais par avance de le faire. Mentalement, certes, parce que tu savais que tu avais raison d’une certaine manière aussi. Ca reste déplorable. Je voulais pas amoindrir ça, tu le sais. Mais.. Au moins tu n’es pas là, et tu ne risques pas ta vie rien qu’en mettant un pied dehors, et je sais que c’est peu, mais c’est déjà ça, c’est un maigre lot de consolation.. Et j’en suis désolé, Ezra. Tu soufflais. Tu aurais vraiment aimé que les choses se passent différemment, et tu aurais probablement pu aider à ce que ça se passe différemment si tu n’étais pas estampillé vermine sur tous les papiers du Nexus désormais. Tout comme tu savais qu’Ezra était estampillée différemment maintenant à cause de cette erreur, à cause de tout ça. Et ça, ça t’énervais au plus haut point, tout comme quand le Nexus avait perdu sa confiance en Sulin. C’était une chose de te toucher toi, tu pouvais encaisser, mais que ce genre de choses arrivent aux personnes que tu aimais, que ce soit par ta faute ou non ? Tu ne pouvais juste pas le concevoir, et c’était encore une énième preuve que quelque chose fonctionnait définitivement mal au sein du Nexus, au sein de ce lieu de haut pouvoir où la corruption coulait bien plus en profondeur qu’on ne l’imaginait de prime abord. Tu étais bien conscient que la jeune femme avait merdé en premier lieu, qu’elle avait commis le premier mauvais pas, et que sa punition était bien moins sévère qu’on ne l’imaginait l’être, mais c’était tout de même dégradant vu tout le travail qu’elle avait pu accomplir jusqu’ici, pour arriver au statut qu’elle avait aujourd’hui, ou du moins… Qu’elle avait. Et tu savais qu’Ezra était une journaliste incroyable – tu avais déjà lu certains de ses papiers après tout. Tu savais ce que valait son travail, et la voir reléguer à un tel plan, sous le commandant de quelqu’un d’ignare et désagréable que Kennedy, c’était probablement l’une des pires choses qui pouvait arriver à la jeune blonde. Mais tu l’écoutais, sans jugement, même si tes premières paroles furent plus qu’agrémentées d’un sous-ton de jugement – quoique, c’était plus de l’incrédulité qu’elle ait réussie à faire telle chose qu’autre chose au final – tu ne pouvais juste pas la plomber d’un peu plus de jugement alors qu’elle devait déjà être regardée de travers dans les couloirs de son lieu de travail. Tu pris un souffle, une inspiration, quelque chose pour calmer tes nerfs qui s’entrelaçaient doucement, cette histoire attaquant bien trop proche de chez toi, mine de rien. Bien trop proche pour être confortable, et tu devais soudainement retrouver ton souffle avant de poser tes yeux sur elle. Je comprends, vraiment. Le… Le Nexus cache tellement de choses, les gens cachent tellement de choses. Ceux qu’on pensait connaître ne sont finalement que des ombres, et ce qu’il reste derrière, c’est le débris d’actions qu’on pensait sans conséquences, et qui finalement, en ont bien plus qu’on ne l’imaginait. Je dis pas que c’était une bonne idée que tu y ailles… Tu pris une légère pause, tes doigts tapotant nerveusement contre ton verre. Mais si ça t’a permis d’échapper à l’asphyxie, qui suis-je pour juger, hein ? Si ça t’a semblé bon sur le moment, c’est ce qui importe dans une certaine mesure, même si les conséquences sont lourdes. Tu savais très bien de quoi tu parlais, pour une fois. Après tout, tu l’avais vécu il n’y a pas si longtemps. On fait quelque chose sur un coup de tête en pensant que ça va nous délivrer du mal qui nous habite, de l’asphyxie qui nous aspire, et finalement, tout ce qu’il reste, c’est les dégâts, les dommages collatéraux, les conséquences qui sont parfois trop lourdes pour être portées seuls. Cette chose, c’est parfois stupide, parfois nécessaire, parfois réfléchi, parfois impulsif. Parfois ça fait du bien sur le moment, et du mal par la suite. Il n’y avait jamais de réponses universelles à ce genre de problème, jamais de réalité toute pensée et tout trouvée pour des problèmes pareils. Personne n’a pensé pour ce genre de choses. Non. Ce genre de choses laissent ceux qui sont pris au piège dans une tourmente sans fin et une paranoïa qui n’en finit jamais. Toutefois, si tu t’inquiétais de comment elle allait survivre à tout ça sur le long terme, tu t’intéressais aussi aux cicatrices invisibles que ce genre de choses pouvaient laisser, et elle ne semblait pas ouverte à en discuter. Si bien que tu ne pouvais empêcher le soupir de franchir tes lèvres. Vraiment, Ezra ? Si elle te répondait à nouveau que ça allait, tu n’insisterais pas. Mais tu te devais d’insister au moins une fois avant de l’écouter, l’oreille attentive et la tête complètement tournée dans sa direction. Tu expiras doucement à sa remarque, un rire amer au bord des lèvres. C’est un nid de vipères. Après tout, ça faisait un an que tu menais une enquête sur les spectres corrompus du Nexus. S’il y avait des spectres corrompus, il devait y avoir bien d’autres éléments corrompus plus haut, plus bas, qu’importe où dans l’espace de cette hiérarchie à la stature presque modèle. Tu vas confronter Kyra ? Tu demandas, même si tu savais le sujet épineux et tatillon, et comme pour te reprendre, pour lui donner une issue si elle ne voulait pas répondre, si elle ne souhait pas affronter ça, tu enchaînas. Est-ce que tu veux que j’aille fouiller ce laboratoire et ce qu’il en reste ? Après tout, tu n’avais guère à craindre du Nexus à ce niveau. Alors une connerie de plus, une connerie de moins, quelle différence quand il te menottait déjà à ton arrivée ?
Ezra Monroe & Sylhas Astros
We play these games, so who's to blame? We never change, just stay the same |
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Profession : Journaliste de l'Initiative Habitation : Sur le Nexus
So, you're sulking over a bottle of whisky?
Sylhas & EzraTell me somethin', girl. Are you happy in this modern world? Or do you need more? Is there somethin' else you're searchin' for? I'm falling. In all the good times I find myself longin' for change and in the bad times I fear myself. Tell me something, boy. Aren't you tired tryin' to fill that void? Or do you need more? Ain't it hard keeping it so hardcore?
La discussion reste légère encore un peu, encore un moment, un bref moment. Ils en font l'effort, peut-être parce qu'ils en ont besoin ou sont trop fiers pour faire autrement. C'est le cas d'Ezra du moins, qui ne peut pas se résoudre à lâcher ce masque qu'elle s'acharne à porter en permanence. Si elle en laisse parfois tomber un bout, elle garde le reste à la main et fait de son mieux pour qu'il ne s’abîme pas trop. Question d'habitude et résultat d'un bourrage de crâne dans les règles de l'art, sévérité que celle qu'elle considère comme une deuxième mère lui a injectée dans les os, qu'elle se plait souvent à laisser de côté mais qui reste là, tangible. Un besoin de cacher, constant. Il nécessite une certaine force qu'Ezra ne possède pas toujours autant qu'elle le voudrait.
- Au moins ta protection en tout cas, boulet qu'elle est.
Et ça, ce n'est même pas tout à fait vrai, juste un moyen d'extérioriser. Si Emma n'est pas encore la jeune femme indépendante qu'elle dit être, Ezra sait sa sœur débrouillarde. Elle sait qu'elle ne réclamerait jamais la protection de qui que ce soit et ne mentirait certainement pas pour l'obtenir. Elle aussi, sa fierté l'étouffe. Mais se moquer gentiment d'elle, c'est aussi une façon de dire "regarde comme elle m'a blessé, regarde comme j'ai mal désormais" et ça la soulage un peu.
- Moh, j'en serai presque touchée si je savais que la première et principale raison à cette initiative, c'est que tu aimes emmerder Rux.
Ça aurait pu continuer ainsi mais comme d'habitude, Ezra met les pieds dans le plat et éclabousse tout le monde. Elle s'en sentait coupable en voyant à quel point cela semblait affecter le turien, à quel point il semblait en souffrir. Elle aurait aimé compatir, mais n'avait jamais ressenti une telle chose. Pour personne. Elle n'avait jamais ressenti cet amour viscérale, ce besoin d'être près de l'autre, ne s'était jamais réellement impliquée dans une relation, avait vécu pour l'Initiative si longtemps. Elle ne comprenait pas, ne pouvait qu'à peine le toucher du doigt. Son cœur demeurait un désert infertile et froid, sans histoire malgré les poignards qui y demeuraient pourtant. Ils étaient différents de ceux plantés dans le cœur de Sylhas, très différents.
- Sûrement, mais il ne le fera pas.
Et ça, elle pouvait l'affirmer. Elle n'y connaissait peut-être pas grand chose à l'amour, mais Ezra savait lire à travers la plupart des gens malgré ses difficultés à se comprendre elle-même. Elle savait très bien que Sulin était toujours attaché au turien, malgré la distance record entre eux. Elle savait qu'il n'était pas prêt à recommencer quoi que ce soit, peut-être ne le serait-il jamais malgré les insistances de leur pionnier. Elle avait l'impression de l'observer becter sur les restes d'un cadavres chaque fois qu'il rôdait près de Sulin, ça la dégoûtait. Ezra baissa la tête lorsque Sylhas admit l'aimer encore plus que son ancienne compagne, elle ne releva pas la tête avant qu'il eut fini de parler. Voir cette extrême détresse dans les yeux du turien pourtant si différents des siens l'aurait sans doute amenée à se maudire mille fois pour son indiscrétion. Bad habits die hard, comme on dit.
- Je ne sais pas Sylhas, et tu sais à quel point je trouve tout ça injuste. Je ne sais pas mais je sais que la situation ne peut pas durer, que vous ne pouvez pas éternellement rester sans nouvelle, sans réponse à vos questions. Et je sais que ça ne me regarde pas, mais...
Parce qu'il y avait toujours un mais avec Ezra. Toujours. Malheureusement.
- Mais tu devrais le laisser prendre ses propres décisions. C'est un homme intelligent, il se ferait sûrement sa place ici.
A savoir s'il serait heureux, c'est une autre histoire. Mais les scientifiques avaient malgré tout une importance capitale pour Kadara et parvenaient généralement à s'y installer durablement s'ils étaient suffisamment malins. Ezra ne connaissait que peu le scientifique, mais il lui paraissait de taille.
- Mais je sais de quoi tu as peur, Syl. Je sais. C'est louable, mais ça te tue. Et je ne peux pas te laisser faire sans rien dire.
Puisque finalement, quitte à remuer les blessures encore à vif de sa lame rouillée, autant que ça serve à quelque chose. Or pousser l'ancien spectre à reconsidérer ses positions était sûrement peine perdue mais sans aucun doute une bonne cause. Quant à ce qui lui était arrivé à elle, Ezra écouta longuement les remarques du turien qui se montrait plus que compatissant pour un problème qui paraissait moindre comparé aux siens. Mais pas pour Ezra.
- Le fait est que... j'ai littéralement vécu pour ce nid de vipères. Longtemps.
Plus la conversation avançait, plus la jeune femme semblait se recroqueviller sur elle. Ça pesait sur ses épaules, si bien qu'elle n'arrivait plus tout à fait à tout porter.
- J'ai fait tout ce qu'ils ont voulu, j'ai été une citoyenne modèle, j'ai suivi leurs règles si longtemps. J'ai vécu pour d'autres, pour eux, pour ma sœur, pour Kyra, pour qu'elles aient leur réponse et moi mon foyer. Mais je continue à payer pour les erreurs de mes parents. Ils continuent à traîner mon nom dans la boue.
Elle termina son verre lentement avant de reprendre, un peu parce que les pauses théâtrales apportaient grandement à toutes conversations, beaucoup parce que l'émotion tordait sa voix de manière peu flatteuse.
- La sécurité qu'ils m'apportent sent désormais tout aussi faux que le reste de leurs mensonges, et j'en suis fatiguée. Mais je te remercie de te montrer aussi compréhensif au sujet de mes états d'âme de jeune femme privilégiée et de mes coups de sang. Ça fait plaisir de parler à quelqu'un qui ne me traite pas comme un robot infaillible.
Elle a conscience de faire preuve d'un peu de mauvaise foi, pourtant. Après tout c'est son erreur qui l'a amenée là. Mais c'est leur silence qui l'ont poussée à de tels extrêmes, elle le sait. Quant à sa santé mentale après sa séquestration, elle avait pour l'instant posé un voile dessus. Elle refusait de mettre des mots dessus, elle attendait d'exploser peut-être ou de pouvoir le faire. Quoi qu'il en soit, elle releva doucement les yeux vers le turien et le regarda de la manière la plus honnête possible. Puis elle secoua la tête, juste pour dire que non, ça ne va pas. Non, elle ne parvient pas à oublier. Non, elle ne sait pas comment elle a pu en arriver là, ni comment une telle barbarie peut-elle subsister à leur ère. Elle ne dit rien pourtant, si ce n'est :
- Mais je fais avec.
Parce que c'est vrai, pour l'instant en tout cas. Quant à ses deux questions suivantes, elle secoua de nouveau la tête pour y répondre mais de manière beaucoup plus vive, un peu moins sincère aussi.
- Non. Elle ne me dira rien, je la connais. Elle m'enverra dans ma chambre comme si j'avais toujours douze ans. Et c'est absolument hors de question que tu y ailles Sylhas, absolument hors de question.
Elle ne pouvait pas lui demander une telle chose, quand bien même il s'en sortirait sûrement mieux qu'elle. Elle ne voulait plus impliquer personne dans cette affaire, sûrement pas l'ancien spectre qui avait déjà souffert de ses frasques. Elle ne savait même pas ce qu'il restait de ce fameux laboratoire depuis son départ mais savait que le tout ne valait pas de risquer la vie de plusieurs personnes pour le découvrir.
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So, you're sulking over a bottle of whisky? ≠ ft. Ezra Monroe.